-N'es tu pas satisfaite des services de Sylgia, Dragonicide? Demanda la cheffe Barida, alors que le premier campement au sein de la Taiga d'Odin était enfin achevé, à quelques kilomètres à l'est d'Arga.
Kiine releva distraitement les yeux de son léger paquetage, qui ne contenait guère d'autres biens que quelques habits, une petite bouteille de parfum à l'odeur mentholée, et, bien évidemment, les Reliques qu'elle ne quittait désormais plus jamais des yeux.
-Je vois que le conseil n'a pas tardé à réagir. Répondit-elle simplement en continuant son rangement.
-Tu ne réponds pas à ma question.
-Ai-je une raison de le faire?
-Oui.
-Laquelle?
-Tu le sais parfaitement, Dragonicide.
La concernée soupira avant de se relever et plonger son regard glacial dans celui de la cheffe. Bien qu'âgée d'une vingtaine d'années de plus qu'elle, Barida faisait à peu près la même taille que Kiine. Cependant, la ressemblance s'arrêtait là; la cheffe était large comme un boeuf, portait de longs cheveux bruns tressés en deux nattes descendant sur son imposante poitrine. Ses deux yeux était enfoncés dans son visage, son nez légèrement retroussé semblable à un groin surmontait ses grosses joues, et ses lèvres épaisses paraissaient capable de broyer des pierres à la seule force de leur muscles. Face à cette force de la nature, Kiine semblait bien frêle, malgré les muscles qui saillaient sous la peau de ses épaules et de ses bras, mais se présence était bien plus écrasante que celle de son interlocutrice.
-Vous avez peur. Conclut Kiine. Vous craignez qu'une fois que j'aurais vaincu Orgnar, je me saisisse de son trône et me retourne contre vous. Vous savez que l'influence que j'ai acquis sur vos troupes est dangereuse pour vous - pour votre pouvoir. Alors, vous gardez dans mes environnement une agent capable de... « s'occuper » de mon cas si je deviens trop ambitieuse. Voilà votre raison. Et la mienne.
Barida fixa Kiine un long moment, immobile. Puis, un léger sourire fendit son visage.
-Tu sais, je t'aime bien, Dragonicide. Tu n'as pas ta langue dans ta poche, tu préfère le combat aux intrigues politiques, et tu es une bonne cheffe - et puis, tu tiens tête à cette imbécile de Suriana, et rien ne me fait plus plaisir. En ce qui me concerne, tu peux choisir l'aide de camp qui te convient, mais ce n'est pas le cas du conseil des doyennes, ou des autres « grandes décideuses » d'Hel. Ce sont elles qui te tracent, te surveillent, et...
-T'envoient me parler.
-Exactement. Conclut la cheffe aux longues nattes.
Un rictus sarcastique vint déformer l'expression de marbre de Kiine.
-Amusant... elles me craignent autant qu'elles ont besoin de moi. Avant mon arrivée, elles étaient prêtes à se jeter les unes à la gorge des autres. Elle se servaient de Yuriana ou de leur idéologie pour acquérir toujours plus de pouvoir. Je vais te révéler une chose, cheffe Barida, une chose qui ne plairait sans doute pas à ces gentes cheffes: l'Empire a beaucoup de défauts, mais il a l'avantage d'étouffer l'ego mal placé de la plupart des chefs Odiniens.
-Je te crois. Répondit Barida. Ils nous ont infligé suffisamment de défaites pour qu'il devienne évident que leur unité ne faillira pas, contrairement à la notre, qui est si fragile. Tu es la seule à avoir réussi à mener tes troupes aussi loin.
Kiine balaya le compliment d'un mouvement de la main.
-Les armées impériales étaient simplement plus faibles sur mon chemin, et ma célébrité nous a permis de grossir nos rangs malgré les pertes. Les autres armées n'ont pas eu ces chances.
VOUS LISEZ
La Légende de Kiine
FantasyUn mal ancien rode. Alors que les Nordiques, pour deuxième fois de leur histoire, ont soumis toutes les tribus et le monde connu sous leur bannière, des signes inquiétant viennent troubler Orgnar, demi frère de l'Empereur, ainsi que Kynareth, guerri...