Kynareth glissa lentement ses doigts dans les cheveux blond de sa fille. Le soleil avait glissé sous l'horizon depuis longtemps déjà, et la jeune fille, après avoir été longuement prise en charge par les prêtres, se reposait et se remettait lentement de ses blessures et sa fatigue. La mère laissa sa main courir librement sur la tête de sa fille endormie, pour finalement glisser le long de sa nuque jusqu'à son cou, sous sa mâchoire... une longue cicatrice courait désormais de sa clavicule jusqu'au milieu de sa joue droite, béante et incurable, bien qu'elle ne mette plus en danger les jours de la petite blonde.
-L'oeuvre du mal est difficile à soigner... lui avait expliqué un chaman. Mais nous remettons sont âme aux dieux et allons prier pour sa guérison.
C'est ainsi que Kynareth compris qu'une grande partie des chants et rites des chamans étaient grandement liés au mantra, et qu'ils étaient sans doute presque les seuls manipulateur de la réalité dans toute la Taiga d'Odin. Une nouvelle, elle se demanda pourquoi ses pairs étaient si frileux vis à vis de tout ce qu'ils considéraient comme de la magie... cela aurait pu coûter la vie de fille si les chamans n'avaient été là, ou si Yuriana, une Helienne, n'avait pas été là. La simple idée d'imaginer Kiine seule, perdue au milieu d'un forêt emplie de monstres suffit à faire trembler Kynareth... cependant, Kiine n'était pas une enfant comme les autres, la cheffe en avait conscience. Peu nombreux étaient les guerriers pouvant se vanter d'avoir survécu à un ursa, encore moins à en avoir tué un. Kynareth elle même ne s'était jamais frottée à ces bêtes au court de sa vie pleine de batailles et de chasses multiples. Kiine possédait en elle la capacité de réaliser cet exploit inconsciemment... ce pouvoir était si dangereux qu'elle devait absolument apprendre à le contrôler, mais Actée avait bien précisé qu'elle ne pourrait être d'aucune aide à ce sujet.
-Maman...
Kynareth sursauta en s'attendant à voir les lèvres de Kiine bouger, mais la jeune fille dormait à points fermés. Son regard se tourna alors vers l'entrée de la tente.
-Elpa! Par tous les Dieux où était tu passée! Ne disparais pas ainsi, alors que...
-Oui Maman, je suis désolée. Coupa la jeune fille sur un ton morne et vide. Je vais me coucher.
Et sans ajouter un mot, les yeux fixant le sol, elle se rendit jusqu'à sa couchette de fortune qu'elle avait pourtant déserté la nuit précédente, pour s'y enfoncer profondément et ne plus bouger.
-Elpa... qu'est ce qui t'arrive, ma puce. Demanda Kynareth avec douceur, en s'approchant d'elle.
-Rien du tout... laisse moi dormir.
-Voyons, ma chérie... tu sais que tu peux tout me dire.
Elpa ne répondit pas, mais une voix grave s'éleva tout de même de l'entrée de la tente.
-Cheffe Kynareth! Le Kesjare Balta vous convoque immédiatement sous sa tente, veuillez nous suivre.
Un peu surprise par une convocation de l'Empereur en personne, Kynareth décida de rester sur ses gardes et glissa rapidement sa hache de guerre à sa ceinture, avant de jeter un regard circulaire à la recherche de son amante afin de lui donner la charge de ses deux filles.
-Si vous cherchez votre servante, elle se trouve déjà sous la tente du Kesjare. Maintenant, veuillez nous suivre.
-Je refuse de laisser mes filles seules. Répondit fermement Kynareth.
-Alors laisse moi m'en occuper. Fit une voix que Kynareth n'avait plus entendue depuis bien longtemps.
-Orgnar...
Ce dernier entra dans la tente sans attendre plus d'autorisation, mais se figea tout de même dès qu'il aperçut la chevelure rousse de Kynareth. Leur regard se bloquèrent l'un dans l'autre, et un torrent d'émotions et de sentiments contradictoires sembla s'y écouler pendant de longues minutes, que les guerriers venus chercher la cheffe n'osèrent pas interrompre. Finalement, Kynareth ferma les yeux pour mettre fin à cet échange silencieux.
-Très bien. J'imagine que quelques heures en compagnie de tes filles ne leur feront pas de mal après une vie entière privées de ta présence. Lança-t-elle avec animosité.
Elle sortit de la tente en le bousculent de l'épaule, et intima au duo de guerriers de la mener jusqu'à la tente de l'Empereur, laissant Orgnar seul avec une fille endormie et une autre refusant de parler.
« Il va comprendre ce que ça fait de se sentir abandonné, je l'espère » pensa Kynareth, avec tout de même un petit pincement au coeur.
Ses pensées se tournèrent vers Actée, mais pour la première fois depuis des années, son amour pour elle était également tâché de doute. Penser que le simple fait d'avoir revu Orgnar quelques instants avait suffit à remettre en doute des années d'amour fidèle et profond avec la Nymphe l'énerva autant que cela l'emplit de désespoir.
La tente de Balta était sans doute la plus grande, montée juste au pied des longs escaliers montant au sanctuaire. Couverte de multiples symboles et bannières, elle éait un étrange patchwork coloré au milieu de toutes ces toiles unies. Kynareth souleva la tenture sans hésitation, et se trouva ainsi face à Balta, assis comme à son habitude sur sa grande chaise en bois sculpté faisant office de trône. Il était encadré de deux guerriers, un homme à l'allure revêche avec ses cheveux noirs en bataille et une longue cicatrice lui fermant l'oeil droit, et une femme, belle et voluptueuse, dont les longs cheveux d'une blancheur immaculée encadraient un visage rieur. Vêtus de manière identique, les deux guerriers semblaient être des sortes de gardes du corps de l'empereur, mais Kynareth ignorait même qu'il en avait - il n'en avait pas quand il était plus jeune, tout du moins, de cela il en était sûr.
À gauche, assise sur une petite chaise, toute droite, et encadrée de deux guerriers, se trouvait Actée. La Nymphe semblait tendue, même si la vue de Kynareth la détendit tellement que personne ne l'ignorât. Enfin, dans la partie droite de la tente, une délégation de guerrières à l'air revêche était assises, et, au centre d'elles, se tenait une Yuriana visiblement elle aussi mal à l'aise, mais également agacée.
-Ah, te voilà, cheffe Kynareth, nous allons donc pouvoir commencer.
-Commencer quoi, Kesjare Balta? Lança une des femmes. Dites nous quelle folie vous à poussé à croire que les tribus de la Taiga d'Hel voulaient discuter avec vous?
-Pour une raison très simple que voici: j'ai l'intime conviction que les draconiques sont encore là, et attendent pour attaquer. Et sans maîtres du mantra, nous allons droit dans le mur.
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La Légende de Kiine
FantasyUn mal ancien rode. Alors que les Nordiques, pour deuxième fois de leur histoire, ont soumis toutes les tribus et le monde connu sous leur bannière, des signes inquiétant viennent troubler Orgnar, demi frère de l'Empereur, ainsi que Kynareth, guerri...