La Légende de Kiine

Le Destin du Kesjare XIV

Kiine bondit de son Fenrir en prenant garde à l'équilibre de Nikaia, et saisit la bride de la Louve couleur crème pour la guider au travers des jardins magnifiques qui bordaient la plage et ornaient les alentour du grand temple. Elle fut tentée d'aller voir ce qu'il y avait à l'intérieur, mais se rappela qu'elle devait éviter de faire ce genre de chose dans un lieu sacré - du moins tant qu'elle ne savait pas si c'était insultant ou non. Elle se dirigea donc naturellement vers l'est, vers le Golfe du Pont, où une longue plage sur laquelle étaient alignés une myriade de bateaux de pêche l'attendait. Ses yeux pétillèrent en voyant le reflet des du soleil sur le vagues, en entendant le doux bruit du ressac sur la grève, et en sentant le léger vent qui couvrit sa peau luisante de sueur d'embruns rafraichissants. Elle fit glisser Nikaia au sol, et cette dernière la remercia maladroitement avant de s'effondrer, à nouveau endormie, sur le sable chaud. Puis, Kiine laissa libre court à sa joie. Elle se débarrassa de sa tunique en cuir renforcé pour se dévêtir presque intégralement, ne gardant qu'un bout de tissu pour son intimité, et celui de Lefko entouré autour de sa poitrine comme l'avait fait son amie lorsqu'elle s'étaient quittées. Puis, elle retira la selle du dos d'Annsvir, et se mit à courir vers l'eau en riant, accompagnée de la grosse louve qui jappait bruyamment. La plage était peu peuplée à cette heure de l'après midi où le soleil est à son zenith, et Kiine et la louve accueillir donc la fraicheur de l'eau avec des soupirs de satisfaction. Elles jouèrent comme des enfants dans les vagues, Kiine éclatant de rire à chaque fois que sa monture s'ébrouait, la recouvrant de l'eau accrochée à son pelage clair. Elle s'amusa également à lancer des pierres dans l'eau, et l'animal tentait alors d'attraper les ronds qui se créaient à la surface de l'eau avant que les vagues ne s'en occupent. Finalement, elles nagèrent aussi loin de la côte que leur corps fatigué de leur permirent, avant de rebrousser chemin avec difficulté, la Dragonicide avalant à plusieurs reprises l'eau atrocement salée de la mer. Elles ressortirent de l'eau pour venir se coucher auprès de leurs affaires et du corps endormi de Nikaia. Là, se trouvait quelqu'un qui n'était pas là auparavant, et qui observait Kiine avec un oeil amusé.

C'était une magnifique jeune femme qui devait aller sur la fin de sa vingtaine. Sa peau claire laissait supposer qu'elle provenait d'une région moins ensoleillée, peut être les Baronnies ou les Mines, mais elle semblait trop frêle pour être une Nordique. Ses yeux couleur noisette étaient profonds et mélancoliques, et sa chevelure avait une magnifique couleur violette, couleur s'accordant à la perfection avec la délicieuse odeur qui émanait d'elle.

-Hmm... tu sens délicieusement bon, étrangère. Fit remarquer Kiine en s'effondrant sur le sable entre elle et Nikaia.

La concernée ne répondit pas, ce qui n'avait rien d'étonnant: elle ne devait pas parler un mot de Nordique. Kiine rit de sa propre bêtise, mais continua tout de même à parler.

-Tu as de la chance d'habiter dans un endroit comme ça. C'est tellement beau, il fait tellement chaud, et vous avez la mer pour vous toute l'année. S'il n'y avait pas toutes ces guerres et ces répressions, ce serait le paradis sur terre.

L'inconnue sourit en l'écoutant parler. Elle regardait l'horizon, au loin, comme si elle souhaitait s'échapper malgré tous les avantages que venait d'énoncer la jeune guerrière. Kiine se releva pour s'asseoir à côté d'elle.

-Tu n'as pas l'air heureuse, pourtant... j'aimerai tant savoir ce qui te tracasse à ce point. Est-ce la guerre? Les répressions? Ou peut être plus simplement... tu t'es disputée avec ton compagnon? Ça m'arrive, moi aussi. Elle est très têtue, mais il faut savoir faire des concessions. Ou peut être que ce n'est pas ça... Ta mère est peut être très malade? Dans ce cas, chéris chaque instant que tu passes avec elle. Sinon,elle sera partie sans que tu ai pu lui dire un vrai au revoir. Ce n'est pas ça non plus? Que pourrait-il donc...