Covid Time |All BTS| ★

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_ Appartement 5B _

Jimin est le premier levé. Jungkook dort encore au fond de son lit, il le sait, il a ouvert sa porte. Impossible en revanche de savoir ce qu'il en est pour les deux autres. Les deux hommes se sont enfermés dans la chambre de Jin et malgré la matinée qui avance, ils n'en sont toujours pas sortis. Jimin a donc joué avec le chat, lequel s'est vite lassé et, une fois nourri, a préféré disparaître quelque part sur les toits. Jimin l'a traité d'ingrat mais il l'aime bien, alors il l'a déjà pardonné. Au final, après avoir mangé des cookies maison que Jin laisse toujours dans une boite isotherme au-dessus de l'évier, Jimin s'est allongé sur son tapis et a décidé de regarder les Winx en lisant ses mails de la faculté. Après, ce n'est pas vraiment de sa faute, mais Jimin a le temps de concentration d'un écureuil dopé à l'acide, au bout de trois secondes il chante le générique des totally spies, passe deux épisodes, relit son cours, prend une note, relit un autre cours, ne prend pas de note, change d'épisode, bat des jambes, regarde sa montre : quinze minutes d'écoulées. Jimin s'ennuie.

Quand la bouille enfarinée de Jungkook paraît dans l'embrasure de sa porte, Jimin se sent revivre. Il saute sur ses pieds, enlace le petit brun endormi et l'entraine fissa vers la cuisine. Ensemble ils déjeunent –une seconde fois pour certains- puis s'en vont prendre une douche en musique. Dans sa chambre Jin lit un livre, Hoseok calé contre son épaule, un ouvrage également à la main. La fenêtre est ouverte et l'air frais de novembre vient emporter les effluves de la nuit. Ce n'est pas calme, rien n'est calme, ni la façon qu'à Jin de relire deux fois chaque phrase, ni cette manie de Jimin de s'ennuyer, tout est plein d'un drôle de sentiment, une anxiété de groupe, une fatigue commune. Jin secoue la tête, Jimin mange un biscuit, Jungkook dort plus longtemps. Ils font mine que le monde tourne comme si de rien n'était.

« On fait quoi aujourd'hui ? »

Jungkook observe l'eau de son bain, elle est d'un rouge délavé mordoré par endroits avec son savon soluble à la rose. Jimin s'est installé à sa droite sur un tabouret de tissu bariolé, il a revêtu un simple t-shirt de sport et son sous-vêtement gris disparaît sous ce dernier.

« Ce soir on a la fête avec les voisins », rappelle le petit brun.

« c'est vrai... Donc j'imagine qu'on devrait travailler ?

- Ouais. Le minimum syndical pour avoir notre année quoi ».

Jungkook fait des bulles dans l'eau, Jimin l'observe. La lumière crue de la salle de bain écrase leurs corps et en souligne les imperfections. Elle se reflète dans les faïences blanches et s'étale grossièrement sur leurs visages. Leurs sourcils désordonnés, leurs nez à l'arête épatée, leurs bouches gonflées par les frottements des draps et leurs yeux bouffis. Elle souligne les rougeurs en bas des joues, les quelques plaques granuleuses qui perdurent sous une peau tendue de jeunesse. D'un point de vue parfaitement pratique, il n'y a rien à redire au sujet de cette lumière, elle montre ce qu'il faut voir pour savoir où l'on va. En des termes plus artistiques elle ne laisse aucune place à l'imaginaire, elle noie tout dans la clarté et confond ce qui est beau dans une réalité de dissection ou de bloc opératoire. Heureusement cela fait longtemps que Jimin sait observer Jungkook et l'apprécier quel que soit son apparence.

« Tu penses qu'on va bientôt finir ?

- De quoi ? », Jungkook enfonce son visage dans l'eau, « la pandémie, nos cours, notre relation à quatre ?

- Un peu de tout...

- Alors peut-être parce qu'on ne peut pas continuer de s'autodétruire en tant que société, à priori non si on veut un travail plus tard, sûrement surtout si on rajoute les voisins, plus on est nombreux, plus ça se délitera vite. »