Ugly Ronney T1 : mafia romance [Français]

Chapitre 3-6

Le reste de la journée fila à toute vitesse. Timothy et moi étions assis par terre, noyés au milieu des cartons d'invitations qui attendaient d'être mis sous enveloppe.

— La famille Wilson ?

Je pris une seconde pour réfléchir avant de répondre à mon assistant :

— Sophia et Aaron, mariés depuis trente-six ans et ont deux jumelles : Angèle et Jacqueline.

— Famille Al Jasser ?

— Famille recomposée. Monsieur Gavin Al Jasser s'est remarié trois fois. Il a eu avec sa dernière épouse, Madeline, un garçon ce qui lui fait sept enfants au total.

— Bravo, Ronney ! Beau travail. Vous êtes prêtes à rentrer dans le grand monde.

Je m'arrêtai de découper les cartons.

— Ce monde-là ne m'intéresse pas. Il m'effraie en vérité.

Je fixai Timothy et osai enfin lui poser la question qui me brûlait les lèvres depuis le début de la journée :

— Vous connaissez les Khan depuis pas mal d'années. Ils ont une dangereuse réputation dans le pays. On dit même qu'ils font partie de la "Mitaras Almawt". J'ai vu la chevalière de Yeraz.

Le regard du jeune homme s'assombrit. Il détourna ses yeux des miens et continua son travail avec des gestes plus secs.

— Cette famille traine une légende noire à cause de son passé. Bien sûr qu'ils ont eu des liens avec la Mafia, mais c'était il y a fort longtemps. Ça remonte à quelques générations déjà. Camilia fait tout pour laver son nom.

— Yeraz est toujours dans le monde des affaires, je veux dire que ces missions restent très opaques. Il a torturé un homme avec une perceuse. Je ne l'ai pas vue, j'ai entendu, mais c'était horrible. Si l'ombre de la mafia ne planait plus sur cette famille alors pourquoi Camilia engagerait-elle quelqu'un pour surveiller ses occupations ? Il y a beaucoup de choses qui me laisse penser que...

— Ronney, laissez tomber !

Surprise du changement de comportement de Timothy, je hochai la tête mécaniquement avant de remonter mes lunettes. Il me semblait superflu d'exprimer une opinion quelconque de plus sur ce sujet. Le jeune homme ferma les yeux quelques secondes puis reprit sa respiration.

— Je suis désolé. Les gens racontent tout et n'importe quoi sur cette famille. Elle a ses défauts comme tout le monde, mais elle est tout à fait respectable.

Je remontai mes lunettes et déclarai avec un certain embarras :

— Oui, je veux bien vous croire. Mon but n'était pas de ternir sa réputation. Je vais aller m'occuper de cette liste de course avant que tout ne soit fermé.

— Je m'occupe des derniers cartons d'invitation et nous pourrions commencer les plans de tables demain ?

— C'est parfait.

Je sortis de la suite en sachant que je ne tirerais plus rien de Timothy aujourd'hui.

Il faisait doux en ce début de soirée même si le vent soufflait fort sur le parking du restaurant. Je restais là un petit moment, à regarder l'établissement de loin. Toutes les lumières, à l'intérieur, étaient allumées et ça grouillait de monde. C'était une bonne adresse pour la population de Sheryl Valley. Le restaurant marchait bien et attirait au passage des investisseurs dont mon père avait toujours refusé chaque proposition, mais aussi la mafia espagnole "La rosa Negra", installée dans ce quartier pauvre. Le gros John à la tête de cette organisation.