Ugly Ronney T1 : mafia romance [Français]

Chapitre 2-3

Postée devant l'entrée du Dream Diamond dans la nuit encore fraiche, je ne savais pas si je devais composer le numéro de cette Ashley, sonner à la porte ou entrer directement dans le club. Seigneur, jamais je ne me serais imaginé me retrouver dans un endroit pareil un jour. Bien que le quartier fût branché et sûr, je n'avais aucune envie de rester planté là. Mon doigt écrasa le bouton de l'interphone et une voix grave et masculine me demanda de m'identifier.

— C'est...je suis l'assistante de monsieur Khan, Ronney Jimenez, essayai-je de prononcer avec une voix assurée, mais celle-ci s'étrangla dans ma gorge.

La porte s'ouvrit sur une entrée à l'ambiance très feutrée, aux murs capitonnés de soie. Des lustres descendaient du plafond tout le long de cette allée à la décoration classe et luxueuse. La musique cognait derrière ces murs sans toutefois être assourdissante.

— Miss Jimenez ? m'interpella une voix au bout du corridor.

Une femme, dont les cheveux blonds et bouclés qui lui descendaient jusqu'aux épaules, me faisait signe de la rejoindre. Les regards silencieux et pleins d'interrogation des agents de sécurité présents me suivaient sur mon passage.

— Bonjour, je suis Ashley Cooper, c'est moi qui vous ai appelé. Je suis désolée de ce dérangement très matinal, mais ce sont les inconvénients de ce métier.

La jeune femme d'une trentaine d'années, perchée sur d'immenses talons aiguilles, se tenait droite devant moi avec plusieurs gros dossiers qu'elle tenait fermement contre sa poitrine. Son tailleur sombre impeccablement taillé dessinait sa silhouette mince et élancée. Son teint lumineux et frais à cette heure-ci me surprit. Elle paraissait complètement acclimatée à ce rythme de travail.

— Je n'ai pas encore l'habitude, avouai-je en passant mes mains dans les cheveux pour faire mine de me recoiffer. C'est une urgence ?

Ashley me dévisagea, déroutée en essayant de dissimuler comme elle pouvait son malaise vis-à-vis de moi. Elle se retourna et commença à marcher à pas de course. Malgré mes converses à semelle plate, je la suivais avec difficulté. Comment faisait-elle pour déborder autant d'énergie ?

— Aucune urgence. Monsieur Khan souhaitait rencontrer sa nouvelle assistante avant la réunion de neuf heures ce matin, chez lui.

La jeune femme s'arrêta devant les portes d'un ascenseur et appuya à deux reprises sur le bouton d'appel avant de se retourner vers moi. Je remontai mes lunettes et déclarai d'une voix calme, mais peu amène :

— Et ça ne pouvait pas attendre quelques heures ?

Mon assistante souleva les épaules et répondit :

— Il faudra s'habituer à ça avec ce patron. Du lundi au vendredi, vous n'aurez aucun temps de répits.

Arrivées au quatrième étage, Ashley me tendit les dossiers.

— Voici votre planning de la semaine, les comptes rendus des réunions des dix derniers jours ainsi que les rendez-vous à prendre avec les investisseurs d'ici demain.

J'attrapai les feuilles maladroitement et continuais de suivre Ashley avec une démarche désordonnée.

— Et vous ? En quoi consiste votre boulot ?

— Je suis votre assistante avec Timothy. Nous sommes là pour vous aider dans votre travail sans jamais mettre un œil dans les dossiers confidentiels de monsieur Khan. Seule vous, êtes autorisée à avoir une collaboration étroite avec lui.

Je ne comprenais pas en quoi mes deux assistants pouvaient me servir. Deux, c'était beaucoup. Je n'eus pas le temps d'ajouter quoi que ce soit, Ashley s'arrêta devant une porte et ferma ses paupières quelques secondes avant de souffler un petit coup comme pour se donner du courage. Bon sang, c'est quoi ça ? J'ouvris la bouche, mais la refermai aussitôt au moment où elle toqua fermement contre l'entrée. Elle leva la tête au plafond et tira sur sa veste pour la remettre correctement en place puis rentra sans attendre qu'on lui réponde.

Des gardes du corps se tenaient juste derrière la porte. La pièce aux murs gris et à la décoration très peu chargée était vaste avec de larges banquettes en cuir noir. Malgré l'épaisse fumée de cigare, je distinguais au fond, une baie vitrée qui surplombait le club et la piste de danse. Le bruit sourd de la musique qui provenait d'en bas arrivait à peine jusqu'à nous. Des hommes d'affaires visiblement en pleine discussion n'eurent pas l'air de remarquer notre présence. Je parcourus l'endroit du regard jusqu'à ce que mes yeux se posent sur un homme posté devant les grandes fenêtres. Il se tenait de dos. Ashley, avec un petit signe de tête, m'invita à la suivre.

— Les présentations doivent être brèves, déclara-t-elle, anxieuse, à mon oreille avec une voix qui partait dans les aigus. Ne lui posait aucune question. Soyez réactive à ce qu'il demande.

Le regard paniqué de cette dernière ne me rassura pas. Mon cœur se mit à s'emballer et une boule grandissante obstruait ma gorge.