Ugly Ronney T1 : mafia romance [Français]

Chapitre 10-5

Alistair et Bergamote étaient déjà sur le toit de la maison de santé. Ils dansaient l'un contre l'autre sur une vieille chanson d'une chanteuse française très connue : Edith Piaf. Contrairement à ce que les gens pensaient, ils n'étaient pas en couple. Ils veillaient chacun sur l'autre, c'est comme ça qu'ils préféraient que l'on parle de leur relation. Pour Bergamote, l'amour ne se limitait pas à aimer chez son partenaire son physique, son humeur ou bien son humour. L'amour, pour elle, c'était de plonger dans l'âme de l'autre pour trouver dans ses défauts toute la beauté qui la rendait parfaite. Ma colocataire aimait me répéter que quand quelqu'un arrive à aimer vos défauts plus que tout, alors c'était le véritable amour.

Assise sur le muret, je pensais encore à lui. Je l'imaginais en réunion d'affaires avec Hamza. Il se moquait bien de ce que je pouvais faire à cet instant.

L'odeur du rhum me ramena à la réalité. Bergamote me tendait un verre, sourire aux lèvres.

— Notre Ronney a sûrement des choses à nous raconter mon cher Alistair.

— Ah oui, tu ne nous as encore rien dit sur ton voyage avec ce Yeraz.

Alistair était attifé d'un jean flottant retenu par des bretelles au-dessus d'un tee-shirt imprimé d'une pin-up. Sa tenue avait de quoi détonner avec la jolie robe bleu clair à plis bien repassée de Bergamote.

— C'était surtout pour les affaires. Los Cabos est rempli de narcotrafiquant et de mafieux extrêmement riche, expliquai-je d'une voix détachée.

J'agitai mon verre de rhum. Mes yeux dans le vide restaient fixés sur le monde invisible que moi seule voyais.

— Et as-tu visité un peu l'île ?

Je relevai mon visage.

— Oui, j'ai fait du parachute ascensionnel et de la pêche.

Alistair s'esclaffa :

— Fantastique ! Ça a dû te changer les idées.

— Tu parles ! grogna Bergamote. Yeraz était là. Se changer les idées de quoi ?

— Nous nous sommes embrassés, lançai-je de but en blanc.

Mes deux compères se figèrent. Alistair attrapa ses bretelles tandis que Bergamote plissait ses yeux comme pour rembobiner mes paroles afin d'être sûre de les avoir bien entendues. Alistair se racla la gorge avant de demander, incrédule :

— Tu as embrassé un pêcheur du coin ?

Bergamote hochait la tête pour soutenir cette question.

— Non, murmurai-je. J'ai embrassé Yeraz ou plutôt, je me suis laissée embrasser.

— Oh, non, souffla Bergamote.

Elle replaça son béret jaune sur l'arrière de sa tête, l'air catastrophé avant de déclarer :

— Ne t'engage pas sur cette pente-là, Ronney. Yeraz est un membre actif de la mafia. Ce n'est pas quelqu'un de bien !

— Il va se servir de toi, renchérit Alistair.

J'essayai de les rassurer :

— Ça n'était qu'un baiser. Il n'y aura jamais rien de plus.

— Retirer le poison des veines est plus compliqué qu'on ne le pense.

Bergamote avait prononcé ces mots sous forme de boutade, mais le froncement de sourcils soucieux qui barra son front m'apprenait que ça n'en était pas une.

— Que dois-je faire ? J'ai l'impression de me perdre.

Ma supplique avertit mes deux amis sur mon état émotionnel actuel. J'avais vraiment besoin d'aide, de sortir la tête de l'eau.

— Tu devrais faire une pause, me suggéra Alistair en se grattant le menton d'un air songeur.

Bergamote ajouta :

— Il est temps de prendre quelques jours de vacances bien mérités. Tu dois sortir de ses griffes, Ronney. Tu y verras plus clair après. Préserve-toi.

— Penses-tu qu'il te laissera prendre une semaine de congé ?

Je levai mes épaules puis avalai une longue gorgée de mon verre de rhum avant de répondre à Alistair :

— Ça ne devrait pas lui poser de problème. Yeraz est très occupé en général et ce qui s'est passé sur Los Cabos à moins d'importance pour lui que pour moi.

J'essayai de sourire comme si ce n'était pas si dur d'admettre tout ça.

Soudain, nos regards se tournèrent vers l'immeuble d'en face. Les lumières s'étaient baissées pour annoncer le début de l'entraînement des danseuses. Durant ce cours, je mis Yeraz de côté, dans un coin de ma tête. C'était ça, la magie "Daphné".