Chapitre 2-6

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Subjuguée, je restais plantée au milieu du hall d'entrée spacieux de ce manoir à l'aspect de château médiéval. Un immense escalier en ivoire, à double volée, desservait l'étage. Cet endroit plein de poésie et de grandeur me captiva.

— Miss Jimenez ?

La voix lointaine de Yeraz me ramena soudainement à l'instant présent.

Dans le salon richement meublé de meubles d'époque raffinés qui s'ouvrait sur une immense terrasse donnant directement dans le jardin, monsieur Khan se servait un verre de scotch. Il regardait sur l'écran de télévision, les derniers chiffres de la bourse ainsi que le fil des actualités des informations.

— Ashley vous a-t-elle donné le planning de mes rendez-vous ?

— Oui, je les ai avec moi.

— Annulez-les tous et recasez-les dans la semaine.

Je parcourais l'agenda des yeux en vitesse.

— Mais, vous n'avez que très peu de disponibilité cette semaine. Vos journées sont surchargées. Il n'y a même pas...

Je relevai ma tête en entendant les pas du jeune homme venir vers moi. Sa démarche ordonnée et assurée semblait se retenir pour ne pas me sauter à la gorge.

— Vous croyez que j'ai du temps à perdre ? Vous me servez à quoi si vous n'êtes pas capable de faire ce que je vous demande ? Ne m'embêtez plus avec vos analyses stupides !

La rudesse dans sa voix se voulait menaçante. La lenteur mesurée de celle-ci était teintée d'une tranquillité inquiétante. Un rictus arrogant se dessina au coin de ses lèvres. Je blêmis et restais interdite devant lui, en battant des paupières à défaut de ne pas savoir quoi faire à cet instant. Cet homme me fichait la trouille et si rien ne m'avait retenu, j'aurais déguerpi sur-le-champ sans jamais plus donner signe de vie. Je posai mon regard sur le verre de scotch. N'était-il pas trop tôt pour commencer à boire ou trop tard ? Tout dépendait de la façon de voir les choses. Yeraz était-il un homme alcoolique en plus d'être dangereux ?

— Ça m'aide pour arriver à vous regarder et à vous tolérer auprès de moi.

Il avait deviné mes pensées avec une telle facilité que j'en restais interloquée. Yeraz tourna les talons pour aller s'asseoir dans le canapé d'angle, en face de la cheminée moderne qui longeait tout le mur. Elle détonnait sur ce décor mélangeant ancien et nouveau.

— Installez-vous dans le salon d'à côté. Je vous ai assez vue. Envoyez les mails. Après nous partirons à Sian Diego. J'ai...quelque chose à régler là-bas.

Sa tête retomba lourdement en arrière puis il ferma les paupières, exténué lui aussi. Je compris que le sujet était clos et que je ne devais pas me risquer à lui poser une seule question. Pourtant, j'en avais des milliers en tête.

Dans la pièce voisine, les murs de couleurs bleu nuit donnaient une douce teinte à cet endroit épuré et bien rangé. À travers les fenêtres je distinguais au loin, une somptueuse piscine qui se dressait au milieu d'une végétation luxuriante au cadre digne des contes des mille et une nuit.

— Ronney ?

Plongée dans mes pensées, je n'avais pas entendu Ashley entrer.

— Dieu merci, m'exclamai-je, soulagée.

Elle avait le blanc des yeux jaunâtre et les traits fatigués. Je l'avais tiré de son sommeil quelques instants plus tôt pour lui faire part de mon désarroi. Bien qu'épuisée, elle était d'une beauté parfaite sans aucune fausse note dans sa tenue.

— Ashley, je suis tellement désolée, mais Yeraz ne veut absolument rien savoir ni comprendre que ce qu'il me demande est tout bonnement impossible.

Mon assistante posa son Mac sur la table ainsi que son sac à main en cuir d'une marque de luxe et me lança un regard désapprobateur.

— Vous ne devez rien demander à monsieur Khan. Faites juste ce qu'il vous demande, ce qui inclut : lui décrocher la lune s'il vous la demandait !

— Mais, la vie est faite de limites, de...

— Pas pour les gens comme lui ! Timothy et moi sommes là pour vous aider dans vos fonctions. C'est ensemble que nous devons trouver des solutions.

Je m'installai autour de la table et pris ma tête entre mes mains.

— Je n'y arriverai jamais.

— Vous n'avez pas le choix, Ronney. Vous venez de rentrer dans un monde où les requins se feront une joie de faire de vous leur festin.

La jeune femme tapota sur son ordinateur puis tourna l'écran dans ma direction.

— C'est le planning de cette semaine de monsieur Khan. Êtes-vous prête pour le casse-tête chinois ?

Je hochai la tête en soupirant. Ashley s'équipa d'une feuille et d'un crayon puis nous commençâmes à déplacer et replacer les dizaines de rendez-vous sur l'agenda de Yeraz. Heureusement qu'Ashley était là. Je me sentais vraiment minable à ces côtés. Pourquoi n'était-ce pas elle qui était à ce poste, à ma place ? En effet, elle semblait se débrouiller comme un chef.

Ugly Ronney T1 : mafia romance [Français]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant