Ugly Ronney T1 : mafia romance [Français]

Chapitre 4-3

— Non, mais c'est vrai, dit Ghita avec un sourire renversant. Cyliane est tellement hors du temps. Et dire que c'est la chouchoute de mes frères.

Elle avait prononcé ses dernières paroles lentement en regardant Hadriel qui ne réagissait pas face à ce reproche non dissimulé. Au contraire, il souriait sans nous regarder. Ghita baissa ses yeux sur l'impressionnant bouquet qu'elle tenait dans ses mains et ajouta :

— Elles sont magnifiques. Peter est dans le bureau, en bas. Je vais l'appeler pour qu'ils les mettent dans un vase.

Paige tendit le téléphone à Ghita. Je n'avais aucune envie de voir ce Peter. Quelle excuse pouvais-je bien trouver pour partir d'ici avant qu'il ne débarque dans la chambre et bon sang, que faisait-il dans cette baraque ? C'était l'assistant de Camilia et non des sœurs Khan. Le temps que mon cerveau élabore un plan de fuite, l'homme frisant l'âge mûr était déjà là avec deux paires de chaussures dans les mains. Quand nos regards se croisèrent, il m'examina de nouveau de la tête au pied avec mépris.

— Je pensais que Yeraz l'avait déjà viré, marmonna Peter sans me regarder.

Il posa les chaussures aux pieds de Ghita qui inclina la tête en fronçant les sourcils.

— Je ne veux pas de ça, Peter. Pas chez moi !

L'atmosphère dans la pièce se tendit subitement. Les joues cramoisies, je gigotai sur ma chaise en priant pour que cet homme ne fasse pas de scandale maintenant. Ulcéré, il prit le bouquet et protesta avec véhémence :

— Alors ça y est, Ronney a pris la place de Peter dans ton cœur, ma chérie ? Je ne suis rien pour toi.

Il posa ensuite le bouquet sur la coiffeuse. Ghita leva les yeux au ciel avant de plonger son regard rempli de tendresse dans celui de son interlocuteur.

— Ne dis pas de bêtise. Tu as dégoté pour mon frère la meilleure des assistantes. Il n'y avait que toi pour la trouver.

Peter se tourna vers moi, les yeux plissés et la mâchoire serrée. Je baissai la tête et fixai mes chaussettes noires.

— Oui, j'ai trouvé Ronney dans un restaurant de nachos. Elle prenait tellement bien les commandes que je me suis dit : "Oh, Peter, cette fille est incroyable. Elle fera une assistante idéale. Il faudra juste faire abstraction de la ferraille qu'elle porte sur les dents et de ses lunettes immondes sans marques !"

— Peter ! s'écria Paige, outrée.

Ghita, choquée par le comportement de l'assistant de sa mère, se leva brusquement, obligeant ses assistants muets à arrêter leur travail.

— Non ! Tu vas trop loin. Mais qu'est-ce que tu as depuis lundi ?

L'homme croisa les bras et me fixa avec un air accusateur.

— Je ne peux malheureusement pas vous le dire. Même moi, je n'y comprends rien.

Il tourna ensuite son visage avec une moue boudeuse.

— Ghita, nous avons fini, dit Adèle fière de son travail.

La jeune femme se recula un instant pour admirer le résultat sous la lumière du projecteur. À la contempler, je devinai que tout ceci faisait partie d'une routine rigoureuse et exigeante qu'elle devait recommencer chaque jour. Satisfaite, elle s'assit pour mettre des sandales aux talons vertigineux. Je ne pus retenir un soupir.

— Ne me dis pas que tu n'as jamais marché avec des talons hauts, Ronney ? demanda Ghita, amusé devant mon si grand ahurissement.

— Cent billets que la réponse est non, cria son frère depuis le fond de la chambre.

— Ne t'inquiète pas Hadriel, personne ne te contredira là-dessus, grommela Peter d'un ton aigre en se massant les tempes avec ses pouces.

Tous les yeux, arrondis comme des billes, se tournèrent vers moi. Je remontai mes lunettes et murmurais :

— Je n'ai jamais porté de talon de ma vie. C'est inconcevable pour moi d'en mettre un jour.

Mes aveux ne parurent étonner personne, sauf Ghita.

— Comment ça, c'est inconcevable ?

Étonné par la question, Peter répliqua vivement en écartant les bras de son corps :

— Non, mais tu l'as bien regardé. Enfin, elle n'a aucune grâce. Ne me dis pas que tu la vois sur des échasses ?

— Tu es nul, Peter, pesta Paige.