Chapitre 2-2

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J'essuyai la buée sur le miroir de salle de bain, mon reflet affligeant me désespérait. Les yeux noisette qui me fixaient paraissaient trop grands sur mon visage aux cernes violacés. Ils tombaient sur le côté me donnant toujours un air triste comme les Bulldogs. Mes sourcils, encore jamais épilés, étaient broussailleux. Sur cette partie, je ne pouvais pas utiliser de rasoir et la pince à épiler me rebutait.

Avant de partir me coucher, je défis ma patate-chignon pour libérer ma chevelure noire et épaisse. À l'avant de mon crâne, de petits cheveux qui ressemblaient plus à des poils pubiens qu'à autre chose donnaient toujours l'impression que je venais de me faire électrocuter. Ma mère me demandait souvent de les plaquer en arrière avec du spray fixant ou du gel, mais ça faisait longtemps que je n'écoutais plus ses conseils beauté. Avec cet appareil dentaire en place depuis plus de six ans et mes grosses lunettes à double foyer, l'envie de prendre soin de moi n'était plus à l'ordre du jour. Le maquillage empirait les choses, on pouvait alors me confondre avec un clown ou le Joker dans Batman. Extrêmement mince, prendre un kilo relevait du parcours du combattant. Pour échapper aux critiques et aux moqueries de ma famille, je cachais mon apparence derrière de larges tee-shirts et des pantalons baggy.

Je traversai ma chambre titubante de fatigue avant de m'écrouler de tout mon long dans mon lit. Ni Louis ni Mélissa ne m'avait rappelé pour prendre de mes nouvelles et savoir ce que j'étais devenu pourtant ils m'avaient vue m'engouffrer dans l'allée de la villa. Pour ne pas laisser rentrer le vague à l'âme en moi, je décidais de laisser courir mes pensées afin de retrouver Caleb. Nos réveils ensemble, nos discussions me manquaient. Était-il heureux dans les bras de ma cousine Carolina ? Visiblement, oui. C'est avec le cœur encore lourd que je fermai les paupières à cette heure déjà bien avancée de la nuit.

La sonnerie de mon téléphone me réveilla en sursaut. Ma main tâtonna ma table de chevet à la recherche de celui-ci tandis que l'autre attrapait mes lunettes. Je les mis à toute vitesse sur le nez et jetai un coup d'œil sur l'écran de mon portable : 1h10 du matin ! C'était quoi cette blague ? Je m'empressais de répondre avec une voix pâteuse à ce numéro qui m'était inconnu.

— Oui ?

À l'autre bout du fil, une voix douce et gênée d'une jeune femme répondit :

— Miss Jimenez, je suis Ashley Copper, votre assistante. Monsieur Khan est au club et il exige votre présence immédiatement.

— Il exige ? balbutiai-je. Je ne comprends rien. Mes nouvelles fonctions ne commencent que demain, lundi.

Embarrassée, la jeune femme insista :

— Miss Jimenez, nous sommes lundi, mais il est très tôt, c'est vrai.

Je passai une main sur mon front et laissai ma tête retombée en arrière sur mon oreiller.

— J'arrive tout de suite, finis-je par lâcher avec un soupir avant de raccrocher.

Je me levai à la hâte en courant aux quatre coins de la pièce pour chercher d'une tenue convenable. Dans ma commode, j'attrapai un baggy jaune propre que j'accrochais avec une ceinture à la taille afin qu'il ne glisse pas le long de mes hanches puis saisis un tee-shirt gris et violet dans le panier à linge sale, car les autres n'étaient pas encore sec.

Dans la salle de bain, je me frottai énergiquement les dents en maudissant ce Yeraz et ce bizutage. En effet, je le soupçonnais de commencer déjà sa technique d'intimidation envers moi. Ronney, il va falloir avoir les nerfs solides, m'encourageai-je intérieurement. Ça a l'air d'être un sacré connard celui-là ! Dans ma vie, j'avais eu affaire à beaucoup de personnes dans son genre, ce n'était pas lui qui réussirait à m'atteindre. Je jetai ma serviette dans le lavabo avant de me dépêcher d'enfiler mes converses et de sortir en trombe de l'appartement.

Ugly Ronney T1 : mafia romance [Français]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant