Chapitre 10-4

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— Yeraz, attends ! criai-je en lui courant après dans le hall.

Il ralentit sa marche pour m'attendre, mais ne se retourna pas. Je l'attrapai par le bras pour l'obliger à me regarder.

— Dis-moi ce qui se passe, bon sang ?

Je jetai un coup d'œil autour de nous pour être sûr que l'on soit bien seuls tous les deux avant de revenir sur lui. En proie à une colère aussi violente que soudaine, il continuait de me fixer. Je retins mon souffle devinant que je n'allais pas aimer ce qui allait suivre.

— Tes parents n'ont jamais porté plainte suite à l'accident au lycée !

Je tombai des nues. Pourquoi revenait-il là-dessus ? J'élevai deux mains impuissantes devant moi avant de les laisser retomber.

— Comment peux-tu savoir ça ?

— Oh, arrête, Ronney. Tu sais bien que je peux avoir tous les renseignements que je veux. J'ai juste un coup de fil à passer.

Tout ce que je refoulais depuis des années me remontait à la gorge.

— Pourquoi est-ce si important ? C'est du passé !

Yeraz protesta avec véhémence :

— Ces choses-là ne sont pas du passé, bordel ! Une agression sexuelle ce n'est pas un petit acte sans conséquence que l'on aime se souvenir tout au long de sa vie.

Je serrai les dents pour ne pas laisser voir l'effet de ses paroles sur moi. Je cherchai désespérément quelque chose à ajouter, mais mon esprit tout entier était occupé à empêcher ces images de refaire surface.

— Pourquoi tes parents ne se sont-ils pas battus pour toi ? Pourquoi ne te bats-tu jamais contre les autres ?

— Tu es bien placé pour savoir qu'il n'y a pas de règles partout, déclarai-je à voix basse en détournant les yeux.

Après un long silence, je revins planter mes yeux remplis de larmes dans les siens.

— Bryan et ses amis faisaient partie des élèves les plus populaires de dernière année. Il y avait parmi eux, des fils de ministre ou de gros PDG. Que valait la parole d'une gamine comme moi face à eux, Yeraz ? Combien de fois as-tu payé l'administration judiciaire pour obtenir gain de cause ? L'argent à Sheryl Valley achète tout !

Les traits de son visage se relâchèrent un peu. La peine dans ses yeux remplaça la colère.

— Mes parents à cette époque venaient d'ouvrir leur restaurant et les problèmes de santé d'Elio s'aggravaient. Ils ne pouvaient pas se battre contre des magnats de l'industrie, de puissants hommes d'affaires. J'ai quitté le lycée le jour même et n'y suis plus jamais retourné. Ne leur en veut pas d'avoir fait ce choix. C'était la seule chose à faire pour me protéger.

Je m'approchai de lui pour porter une main sur sa joue, mais il tourna sa tête délibérément. Attristée, je croisai les bras sur ma poitrine et le regardai s'en aller. Il n'était venu que pour pointer du doigt le comportement irresponsable de mes parents. Un comble quand on savait de quoi était capable cet homme.

— La question numéro neuf, c'était l'odeur de la pluie, me lança Yeraz sans se retourner. La dixième, c'était pistache. Ton pull en était recouvert le premier jour où l'on s'est rencontré.

Ugly Ronney T1 : mafia romance [Français]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant