Chapitre 19-4

6.7K 514 19
                                    

Une femme me bouscula dans le couloir avec une caisse à roulettes et m'adressa aussitôt un geste d'excuse. Une centaine de personnes se croisait dans cet espace étonnant et sophistiqué qui avait été loué pour l'occasion. L'immense hangar au plafond de verre était divisé en différents niveaux ce qui donnait l'impression d'être dans une fourmilière géante.

Dans les coulisses aménagées, je cherchai Peter. Je n'arrivais pas à le joindre, sa ligne était constamment occupée.

— Peter ? demandai-je à un technicien qui s'occupait de l'éclairage.

Il m'indiqua avec son doigt l'aile droite au fond du bâtiment.

L'assistant de Camilia était en train de vérifier des cartons remplis de produits cosmétiques pour en faire l'inventaire.

— Bronzage, OK. Gloss, 150, OK. Laque... merde, il n'y en a pas assez. Il en manque une bonne dizaine. Ils vont m'entendre ces imbéciles !

Peter interrompit brusquement son monologue en me voyant.

— Vous vous foutez de moi, Jimenez ! Où étiez-vous passée ? Croyez-vous vraiment que c'est le meilleur jour pour aller se balader ? Je vous ai appelée un grand nombre de fois.

Il soupira, agacé, puis retourna à sa liste. Je m'avançai vers lui.

— J'ai aussi essayé de vous appeler. J'avais quelque chose à faire, ce matin.

Peter, furieux, releva la tête et s'écria, les dents serrées :

— C'est la dernière fois que je vous couvre auprès de Camilia !

Mon léger sourire sur mes lèvres le mit hors de lui. Il posa une main sur ses hanches et leva son menton vers moi.

— Oh, je vois. Mademoiselle pense qu'elle peut tout se permettre. Vous restez là, à me regarder avec cet air insolent. Ne commencez pas à prendre la grosse tête, Jimenez, je vous préviens !

Tandis que Peter fulminait, prêt à me jeter ses feuilles et son crayon à la figure, j'avais de plus en plus de mal à me retenir de rire. Je décidai d'arrêter de le provoquer plus longtemps et lui adressai mon plus grand sourire en lui révélant une rangée de dents blanches.

L'assistant de Camilia changea brusquement d'expression avant de se figer, estomaqué. Chancelant, il recula en murmurant :

— Seigneur, ce sourire pourrait décimer une armée.

Une certaine émotion traversa ses traits.

— Suis-je pardonnée ?

— Vous l'êtes !

Peter secoua la tête et regarda tout autour de lui pour remettre ses idées en place.

— Maintenant que je suis là, par quoi je commence ?

Mon interlocuteur, encore sous le choc, m'indiqua une chaise.

— Prenez des notes, je vais vous donner les instructions.

Camilia paraissait calme et impassible en apparence, mais en réalité, elle était en proie à une vive agitation intérieure. Comme Peter, il lui avait fallu quelques minutes pour se remettre de mon nouveau sourire qui changeait considérablement mon apparence.

Après avoir vu avec moi le tableau des ordres de passage des mannequins et de ses enfants, elle me glissa avec un petit clin d'œil :

— La nouvelle Ronney me plaît beaucoup.

Je rougis à ces mots. Il me faudrait un peu de temps pour m'habituer à tous ces changements. En revanche, mes baggys et mes larges t-shirts ne me manquaient pas.

Au fil des heures qui passaient, la tension montait d'un cran chez tout le monde. Les mannequins étaient arrivés et commençaient leurs essayages de tenues pour les ajustements de dernière minute. Il était difficile de se frayer un chemin en coulisse à cause de toute l'agitation qui y régnait.

— Apportez la nourriture et l'alcool ! ordonna Peter à un groupe d'assistants.

— Les mannequins ne sont pas au régime ? demandai-je, surprise par cette décision.

— C'est exact et depuis des mois d'ailleurs ! Mais ce soir, les filles vont porter des robes qui peuvent peser jusqu'à une quinzaine de kilos à cause des pierres, des diamants et d'autres accessoires cousus dessus. Croyez-moi, elles vont avoir besoin de force et d'énergie.

Pendant que je déposais les croquis des visages des mannequins à leur place afin que les maquilleurs s'entraînent dessus avant de travailler sur le modèle, des chanteurs célèbres répétaient sur le podium les performances qu'ils interprèteraient dans quelques heures en direct. Je devais me dépêcher, car il fallait accueillir les sponsors, les journalistes de médias mondiaux et les blogueurs qui allaient arriver.

L'effervescence montait au fil du temps qui s'écoulait. À travers la toiture transparente du hangar, les rayons du soleil disparaissaient petit à petit pour laisser place à la nuit. Le défilé allait bientôt commencer, mais il restait encore une centaine de choses à faire. Le stress était à son comble.

Dans la salle du podium, je vérifiai l'emplacement des célébrités au premier rang. Camilia avait changé certaines personnes de place. Les étiquettes à la main, je me chargeai de cette mission avant que les convives s'installent. Bientôt, toutes ces chaises vides seraient occupées.

En coulisse, les mannequins jouaient le jeu et posaient pour les photographes ce qui avait le don d'agacer Peter. L'équipe de beauté était en place, les modèles devaient commencer à se faire maquiller.

Ugly Ronney T1 : mafia romance [Français]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant