Chapitre 18-3

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Peter et moi nous séparâmes après la réunion. Il resta avec Camilia tandis que je suivais les filles qui devaient se rendre sur un shooting photo pour faire la prochaine couverture de Vogue.

À l'arrière de la voiture, toutes les trois parlaient de leur prochaine destination de vacances tout en restant scotchées sur leur téléphone. Elles étaient en désaccord sur le lieu et la tension commençait à monter d'un cran. Soudain, Cyliane se tourna vers moi :

— Ronney, toi, où partirais-tu ?

Prise de court, je restai muette. À part Los Cabos, je n'avais rien connu d'autre. Si je pouvais, je parcourrais la terre entière. Pour pallier ce problème, je proposai :

— Écrivez chacune trois destinations différentes sur trois bouts de papier et ensuite, faites un tirage au sort. Le hasard choisira pour vous.

Cyliane regarda ses deux sœurs, ses yeux bien ouverts puis elle s'exclama :

— J'adore l'idée !

— Nous pourrions faire ça après le shooting, dit Aaliyah, enchantée elle aussi. Ronney, c'est toi qui tireras le papier.

Je hochai la tête, contente d'avoir pu les aider.

— Tu viendras avec nous ? me demanda Ghita, le regard plein d'espoir.

Je balbutiai quelques mots incompréhensibles pour refuser cette proposition. Cyliane rétorqua avec une grimace :

— Yeraz ne la laissera pas partir de toute façon.

Étonnée, je la fixai avec des yeux ronds. Qu'est-ce que Yeraz venait-il faire là-dedans ? Je ne travaillais plus auprès de lui.

— Ronney est libre ! Yeraz n'a plus son mot à dire, s'exclama Aaliyah.

— Alors pourquoi ses deux hommes de main nous suivent-ils depuis que nous sommes parties de la maison ?

Choquée par les propos de Cyliane, je me retournai brutalement pour regarder dans la vitre teintée arrière du véhicule et découvris avec effroi qu'elle avait raison. Ian et Jessim nous suivaient dans un gros van noir de marque Mercedes. Pourquoi ? Ghita sembla lire dans mes pensées.

— Notre grand frère serait-il tombé amoureux ?

Je me retournai, le regard au sol, les joues brûlantes.

— Non. Je... il...

Toutes les trois me regardaient avec de vifs sourires, sans jugement ni méchanceté, au contraire. Je murmurai :

— Enfin, les filles. Regardez-moi, regardez-vous. Nous sommes dans un monde où les hommes comme votre frère ne regardent pas une femme comme moi.

— Nous sommes dans un monde où l'amour est la seule chose qu'on ne peut pas acheter ni contrôler, répondit Aaliyah. En général, quand deux personnes passent tout leur temps ensemble, c'est ce qui arrive.

— Maintenant, il ne reste plus qu'à le sauver, ajouta Ghita dans un long soupir.

— Marianne m'a dit un jour que les âmes sœurs se rencontraient à n'importe quel moment sur leur chemin de vie et que c'était toujours pour une raison.

— Qui est Marianne ? demanda Aaliyah à Cyliane en remettant ses longs cheveux en place.

— L'esprit que j'ai rencontré dans un bar de bikers lors du tournage à...

Ses deux sœurs ne la laissèrent pas finir sa phrase. De vives exclamations et supplications vinrent l'interrompre.

— Tu fais chier, Cyliane, avec tout ça !

Je ne pus m'empêcher de rire à la remarque de Ghita. La tension qui m'habitait depuis que j'étais arrivée ce matin dans la maison de Camilia venait de s'envoler.

Un studio près d'Asylum avait été alloué au magazine pour la séance shooting. Peter m'avait donné un téléphone avec ma nouvelle ligne professionnelle pour permettre de filtrer les appels importants et les demandes de placement de produit pour les filles Khan. Je devais ensuite transmettre toutes les informations à Camilia qui ferait un second tri. Mon téléphone n'arrêtait pas de sonner. Les appels, les messages et les mails arrivaient toutes les deux secondes.

Aaliyah et Ghita se faisaient maquiller et coiffer par une équipe de professionnels pendant que je répondais un peu en retrait à un email d'un grand groupe de yaourts qui voulait qu'une des sœurs Khan devienne l'égérie de la marque.

Je traversai le grand hangar où se croisaient photographes, équipes techniques, professionnels de la mode et de la beauté. Mon nouveau décor de travail était complètement différent de celui dans lequel j'avais évolué avec Yeraz. Cela changeait des costumes noirs et gris des hommes d'affaires que je voyais toute la journée.

Un employé d'une trentaine d'années, blond décoloré, les cheveux courts, était en train de placer les faux cils de Ghita. Je m'éclaircis la voix.

— J'ai eu l'agent immobilier pour la vente de votre maison. Il souhaiterait venir demain avec son équipe pour faire la vidéo de la visite virtuelle pour les futurs acheteurs.

Ghita rouvrit les yeux et cligna des cils pour s'assurer qu'ils tenaient bien.

— OK. Je veux que tu sois présente et que tu m'appelles s'il y a un souci. Je serai à la baby shower de mon amie Carla.

À côté, Aaliyah demandait à sa coiffeuse percée de partout, au look punk, de faire monter un peu plus ses cheveux en volume. Une assistante à l'allure très soignée et aux yeux d'un bleu intense presque transparent arriva avec un coffret où plusieurs modèles de colliers se trouvaient à l'intérieur.

— Où est Cyliane ? demandai-je en regardant partout autour de moi.

Ghita grommela :

— Une des photographes a vécu une EMI et a commencé à le raconter à Cyliane qui était complètement fascinée par son histoire. Notre sœur a insisté pour s'entretenir avec elle et faire une interview pour sa chaîne YouTube.

— Une EMI ? répétai-je.

— Expérience de mort imminente, répondit Aaliyah, le nez plongé dans le coffret à bijoux et qui semblait ne pas réussir à choisir ses accessoires.

Elle tourna la tête vers sa sœur.

— Le gros collier en diamant ou le petit à perles ?

Ghita hésitait. Aaliyah se tourna alors vers moi pour me demander mon avis. Sous ses cheveux roses, la coiffeuse jeta un coup d'œil au maquilleur blond d'à côté et l'assistante aux yeux bleus glissa son regard sur mon pull. Je serrai mon carnet de notes et mon téléphone contre ma poitrine pour tenter de le cacher un peu. Je répondis d'une voix mal assurée :

— Vous serez peu habillées sur la photo de couverture. Je trouve votre rouge à lèvres vraiment magnifique. Il vous fait une bouche parfaite. Le maquillage suffit, ce serait dommage de porter le gros collier en diamant. La lumière doit se porter sur vos visages.

Satisfaites, Ghita et Aaliyah hochèrent la tête et s'échangèrent un bref sourire.

— Je ne mettrai pas d'accessoire, indiqua finalement Aaliyah à l'assistante.

J'eus le droit à un regard en biais de sa part avant que je reparte m'asseoir sur un des canapés à l'autre bout du studio pour continuer à répondre aux flots d'appels et de messages qui arrivaient sur mon téléphone. Ces femmes étaient plus demandées que le président des États-Unis lui-même. C'était dingue !

Ugly Ronney T1 : mafia romance [Français]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant