Ugly Ronney T1 : mafia romance [Français]

Chapitre 6-3

Après une heure cauchemardesque à essuyer les remarques méchantes et mesquines de ma famille, je me creusai la tête pour trouver un moyen de m'extirper d'ici discrètement. C'est alors que la sonnerie de mon téléphone m'indiqua un appel. Je ne reconnaissais pas le numéro, mais peu importe. Je décidais de répondre, tellement heureuse de me lever de ce banc bancal pour partir à l'écart du groupe.

— Allô ?

— Bonjour, Sidney. Quel est ton film d'horreur préféré ?

J'aurais reconnu cette voix parmi mille autres. Je ne cachai pas mon agacement.

— Yeraz, foutez-moi la paix !

Je raccrochai brutalement, mais il rappela dans la seconde.

— C'est dimanche. Vous aurez tout le temps de me torturer demain. Bonne fin de journée !

— Pourquoi ne pourrions-nous pas rester un peu ensemble à parler tous les deux ?

— Sûrement pas ! J'ai une vie. Arrêtez votre harcèlement et vos techniques d'intimidation. Vous n'avez pas mieux à faire ? Je ne sais pas, comme une banque à braquer par exemple.

— Mais pour qui me prenez-vous, Ronney ? Enfin, je ne suis pas un délinquant de bas étage.

— Vous avez commandé une bonne quantité de préservatifs. Servez-vous-en et laissez les gens tranquilles.

— Non, Ronney, ne raccrochez pas.

La voix de Yeraz se durcit. L'ordre qu'il venait de me donner sonnait comme une menace.

— Sinon quoi ?

— Sinon, je débarque chez vous comme hier, au studio.

— Je m'en fou, je ne suis pas chez moi !

Je raccrochai rageusement. Mon cœur battait à tout rompre. Heureusement, personne ne m'avait entendu. Je restais un petit instant dans le coin de l'abri, attendant que mon pouls ralentisse. Je n'avais pas besoin de doses d'héroïnes pour ressentir des sensations fortes. En effet, le cas Yeraz me retournait complètement. Sidney ? Je levai les yeux au ciel en repensant à ces paroles stupides qui faisaient référence au film d'horreur SCREAM.

Une fois calmée, je retournai à ma place en finissant mon gobelet avec une longue gorgée. Mince, mon père venait d'arriver dans le jardin. Il installait, avec mon oncle Carlos, une grosse enceinte pour la musique. J'étais désespérée de ne pas pouvoir quitter la petite fête maintenant. La musique eut l'effet de détourner l'attention de mes cousins et cousines sur moi, ce que bien sûr, je ne regrettai pas.

Au bout de la table, Caleb roucoulait tranquillement avec Carolina. Je détournai mon regard, de peur qu'il remarque à quel point j'étais triste. Mes yeux se portèrent alors au-dessus de l'épaule de Louis, et je crus faire à cet instant une crise cardiaque. Moi qui pensais que les choses ne pouvaient pas être pire, en réalité elles le pouvaient. Yeraz se tenait au milieu du jardin. Les mains de ma mère étaient posées sur son bras. Elle le présentait fièrement au reste de ma famille.

Oh putain de merde ! Je me mis à chercher des yeux n'importe quoi sur la table qui me permettrait de me suicider sans douleur, mais ne trouvai rien de vraiment très utile.

— Hey, c'est qui ce mec ? demanda Olivia à sa sœur, visiblement très intéressée.

Mes cousines, à l'exception de Carolina, se mirent à gesticuler et à se recoiffer, les hormones en ébullition.

— Pourquoi est-il avec ta mère, Ronney ? Bon sang, tu le connais ce type ?

— Euh...c'est compliqué. Comment vous dire ?

— Ça se trouve, ce n'est que le livreur, déclara Aïdan agacé par les petits cris surexcités des filles.

— Ce n'est pas grave, il peut être qui il veut.

La remarque de Gabriella fit rire le reste du groupe. Ma mère s'approchait de nous comme si elle rapportait un trophée des Emmy Awards. Ses petits clins d'œil à mon attention me firent grincer les dents. Je suffoquai un peu plus de colère à chaque pas qu'elle faisait vers moi. À cet instant, je n'avais qu'une envie : foncer sur Yeraz, tête baissée, pour lui rentrer dedans comme ces catcheurs à la télévision.