Chapitre 2-4

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La jeune femme se racla la gorge avant d'interpeller d'une petite voix l'homme au costume noir qui ne prit pas la peine de se retourner.

— Monsieur Khan, voici Ronney Jimenez, votre nouvelle assistante.

Ce dernier agita légèrement son verre avant d'en boire une longue gorgée et de le tendre à Ashley qui s'empressa de le récupérer. Yeraz se retourna doucement et s'adossa contre la baie vitrée, les mains dans les poches. Mon regard se posa en premier sur ses cheveux brun foncé avec des reflets roux, coupés très courts avec un dégradé à blanc sur les côtés. Une coupe militaire. Je devinais malgré ses grosses lunettes aux verres opaques qu'il me détaillait scrupuleusement de la tête au pied. Sa barbe de quelques jours, très bien entretenue, lui donnait une certaine classe et affirmé sa virilité.

— Bonjour, joli endroit.

J'avais prononcé ces mots machinalement, complètement paralysée par la peur. J'esquissai un petit sourire courtois qui ne provoqua aucun effet sur mon interlocuteur. Cet homme ne donnait pas l'impression d'avoir envie de serrer des mains ni d'être embrassé avec une accolade chaleureuse.

— C'est donc vous que ma mère a choisis pour le salut de mon âme.

La rudesse de sa voix se voulait blessante. Mal à l'aise, je remontai mes lunettes et osais demander à demi-mot :

— Maintenant que les présentations sont faites, puis-je retourner chez moi ?

Ashley changea brusquement de visage, choquée par ma question. Les joues rouges, écarlates, elle paraissait au bord du malaise.

— Monsieur Khan, intervint mon assistance.

Elle fut sommée de se taire. Yeraz baissa sa main dans le vide puis se tourna vers un de ses gardes du corps à la carrure colossale et prononça quelques mots en Arabe. L'homme obtempéra immédiatement et sortit pour passer un coup de fil.

— Miss Cooper, vous pouvez disposer. Je vais rentrer avec miss Jimenez.

Son ton hostile n'annonçait rien de bon. Je blêmis et manquais subitement d'oxygène. Je ne voulais pas rester avec cet homme. Tous mes sens étaient en alerte. J'aurais voulu courir, m'enfuir, mais j'avais l'impression que le sol se dérobait sous mes pieds. Jamais je n'avais détesté aussi vite une personne. Pense à Elio, me murmurait une voix à l'intérieur de moi. C'est pour lui, pour tes parents et pour le restaurant. Je déglutis et suppliais Ashley du regard de rester avec moi. L'homme qui était parti quelques instants plus tôt revint dans la pièce avec une perceuse à la main, accompagné d'un homme menu et barbu. Ces deux protagonistes installèrent des bâches de chantier sur les murs du fond puis le colosse amena une chaise sur la bâche qui recouvrait aussi le sol. Autour de nous, personne ne prêtait attention à ce remue-ménage. Comme si faire des travaux à cette heure-ci de la nuit était normal.

— Je vais conduire miss Jimenez à votre véhicule, monsieur Khan.

Ce dernier hocha la tête pour donner son accord à la jeune femme. Mon assistante agrippa mon bras pour me faire sortir d'ici le plus vite possible. La porte s'ouvrit avant que l'on puisse franchir le seuil. Un cri d'effroi s'échappa de moi. Un homme au visage tuméfié était trainé de force à l'intérieur de la pièce par deux autres costauds. Tétanisée, je me collais contre le mur. Impossible de bouger. La scène qui se déroulait sous mes yeux était insoutenable. J'avais le cœur au bord des lèvres et manquai de m'évanouir. L'homme blessé suppliait Yeraz en sanglots de le laisser partir.

— Où sont passés les dix millions de dollars ? demanda Yeraz d'une voix placide.

Il s'approcha du pauvre type d'un pas nonchalant.

— Je vous jure que je ne sais pas. S'il vous plaît. Je peux tout arranger. Pitié.

Yeraz réfléchit un instant avant de montrer la chaise à ses deux hommes.

— Je ne veux aucune tâche.

Les hommes obtempérèrent. Yeraz repartit observer la foule qui dansait et festoyait en bas, dans son club. Ashley me tira le plus fort possible pour me sortir d'ici. En état de choc, je titubais jusque dans le couloir.

— Que vont-ils lui faire ? Qu'est-ce qui va lui arriver ?

— Ce sont leurs affaires, miss Jimenez. Nous ne sommes que des employés. Nous ne voyons rien, nous n'entendons rien.

Le bruit de la perceuse se fit entendre à travers la porte suivie de cris abominables. Je mis mes mains sur les oreilles.

— La police. Il faut appeler la police.

J'étais dépassée, hystérique. Ashley se posta devant moi et posa une main sur mon épaule.

— Nous sommes à Sheryl Valley. C'est la police qui obéit à la mafia ici. Vous le savez autant que moi. Maintenant, nous devons y aller !

Ugly Ronney T1 : mafia romance [Français]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant