Ugly Ronney T1 : mafia romance [Français]

Chapitre 12-4

Cette douche était immense. J'aurais pu y mettre toute ma famille à l'intérieur et Dieu sait que nous étions nombreux. Yeraz m'avait laissée seule dans ma chambre. Il devait être à cet instant sous une cascade d'eau chaude, tout comme moi. La peinture ne tenait pas sur la peau, heureusement. Un filet d'eau jaune s'écoulait le long de mon corps et continuait son chemin jusqu'à disparaître dans le siphon.

Pensait-il à moi ? J'imaginais des choses qui me firent aussitôt rougir. Furieuse du désir que je sentais monter en moi, je chassai mes pensées brûlantes de mon esprit. Reprends-toi. Je coupai l'eau et me dépêchai de sortir de là.

Jamais je ne me serais imaginé parcourir cette pièce recouverte seulement d'une serviette de bain autour de moi. Ma valise minuscule devant l'immense dressing était ridicule. Va-t'en, me criait ma conscience.

— Je ne peux pas, murmurai-je. Je ne peux pas tout laisser tomber. Trop de gens comptent sur moi.

Je me laissai tomber sur le lit. Le matelas paraissait envelopper mon corps tout entier. Je fermai les paupières sans arriver à les rouvrir. Le noir me happa sans prévenir.

Je me réveillai en sursaut. Merde, mon rendez-vous avec Camilia ! Je ne pouvais pas voir son visage sévère et fermé en train de m'attendre derrière son bureau, mais je l'imaginais sans peine. Je sautai hors du lit en attachant mes cheveux encore mouillés puis enfilai mes vêtements avant de me précipiter dans le couloir pour dégringoler les marches de l'escalier. Ashley apparut dans le hall. Je m'arrêtai net et faillis trébucher sur la dernière marche. Surprise de me voir ici, elle me fixait de ses beaux yeux bleus qui ne cillaient pas.

— Vous n'étiez pas censée être en vacances ?

— Si, je le suis toujours. Il y a juste eu un souci avec Yeraz, et voilà...

Je laissai ma phrase inachevée, mais Ashley avait compris. Elle me tourna le dos et partit en direction de la cuisine. Je décidai de la suivre sentant qu'elle avait envie de me parler.

Un coup d'œil à la grosse horloge, au-dessus de la porte, m'indiquait qu'il était quatre heures de l'après-midi. J'avais encore une heure devant moi avant mon rendez-vous avec Camilia. Soulagée, je laissai échapper un petit soupir. Je posai mes mains sur l'îlot et pouvais enfin me concentrer sur Ashley. Son visage pâle et défait me pinça le cœur.

— La semaine prochaine est une semaine importante, déclara-t-elle d'une voix blanche. De nombreux investisseurs du monde entier viendront à Sheryl Valley pour conclure les contrats de l'année prochaine. Monsieur Khan en rencontrera ici, mais aussi chez monsieur Saleh.

Ashley voulait me parler des nombreux entretiens qui m'attendaient les jours prochains. Ce que nous fîmes pendant près d'une heure puis, baissant la voix, elle aborda enfin l'autre sujet :

— Je sais que ça ne me regarde pas, mais y a-t-il quelque chose entre vous et monsieur Khan ?

Même si je m'attendais à cette question, l'entendre tout haut me procura un sentiment étrange. Les paroles de Yeraz me revinrent comme une décharge électrique. Je passai ma langue sur mon appareil dentaire avant de répondre :

— Il n'y a rien du tout, Ashley !

— Pourtant, j'ai l'impression qu'il y a un jeu qui s'est installé entre vous. Je... enfin, monsieur Khan n'est pas quelqu'un qui aime jouer. Pourtant, avec vous, il semble différent.

— Il aime juste me pousser à bout et je réagis à chacune de ses provocations. Ashley, il n'y a rien de plus. Vous savez bien comment il est. Cet homme ne peut pas avoir de relations avec une femme. Je parle d'une relation de couple, de sentiments.