— Fais encore un pas et je t'explose le crâne, rugis-je d'une voix menaçante.
Les hommes qui m'encerclaient reculèrent prudemment.
— Putain, Ronney, qu'est-ce que tu fous ? aboya Yeraz.
Il parcourut la pièce à grandes enjambées en ma direction. Résolue, je pointai l'arme sur lui en ôtant le cran de sûreté. Yeraz se figea, le teint blême. Il cherchait visiblement à comprendre la raison de mon comportement pourtant, celui-ci était plus que justifié.
— Sortez de la pièce, hurla Yeraz sur ses hommes. C'est entre moi et miss Jimenez.
La dizaine d'hommes présents ne bougèrent pas. Tous me scrutaient avec des yeux plus menaçants les uns que les autres, prêts à dégainer leurs armes.
— Foutez le camp ! tonna Yeraz, les yeux sortis de leurs orbites.
7h00 auparavant
Je jetai ma serviette dans le lavabo puis m'attachai les cheveux en évitant soigneusement de croiser mon reflet dans le miroir. Les traits tirés sur mon visage témoignés de la longue semaine passée à travailler au service de Yeraz. Timothy, Ashley et moi n'avions pas dormi depuis deux jours afin de terminer les préparatifs pour le gala de Thanksgiving organisé par les Khan.
Yeraz m'avait évité soigneusement ces derniers temps et se débrouillait pour être accompagné à chaque fois d'un de mes assistants ou de ses gardes du corps lorsque nous étions amenés à nous croiser. Pour qui me prenait-il ? Je ne comptais pas lui sauter dessus et encore moins le harceler après ce qu'il s'était passé entre nous. Nous étions adultes et je savais faire la part des choses.
— Ronney ? appela Bergamote de l'autre côté de la porte. Il y a quelqu'un pour toi.
Quelqu'un pour moi ? Je fronçai les sourcils et tournai mon visage en direction de la porte.
— Qui est-ce ?
Au fond de moi, je priai pour que ça ne soit pas Logan. Il était tôt pour un samedi matin et nos séances au studio étaient sur pause pour quelques mois.
— Une journaliste, chuchota Bergamote assez fort pour que je l'entende.
Je me précipitai vers la porte et l'ouvris d'un geste brusque. En voyant mon air intrigué sur mon visage, Bergamote ajouta toujours à voix basse :
— Cette dame-là ressemble plus à une avocate qu'à une journaliste, méfie-toi ! J'ai le nez pour sentir les gens à problèmes.
Je hochai la tête, perplexe.
— Très bien, installe-la dans la cuisine, s'il te plaît, j'arrive.
Mes yeux se posaient en premier sur sa chevelure rousse au carré asymétrique. Sa coupe lui donnait un faux air négligé, mais il n'en était rien. Cette noble femme, d'une quarantaine d'années, avait un teint éclatant et paraissait sortir tout droit d'un de ces magazines de mode dans son tailleur gris, très ajusté, qui lui dessinait parfaitement la taille. Ses yeux bleu acier, si pénétrant, dégageaient une invraisemblable aura d'autorité.
Je me redressai sur ma chaise quand Bergamote nous apporta une tasse de thé. Ma colocataire m'adressa un coup d'œil inquiet, mais je la rassurai avec un sourire. Elle hésita un instant puis sortit finalement de la cuisine pour nous laisser seules.
— Qui êtes-vous ?
Je conservai mon apparence calme, mais ma main agrippa nerveusement le bord de la table.
— Tess Lawrence, journaliste.
Sa voix douce, assurée, était en parfaite harmonie avec son apparence. Elle regarda autour d'elle, intriguée par le décor désuet de l'appartement.
— Que voulez-vous ?
Je pris ma tasse dans mes mains pour m'occuper et faillis me brûler les doigts. La journaliste attrapa son attaché-case posé à côté d'elle et l'ouvrit. Elle s'équipa alors d'un bloc-notes et d'un stylo. Je battis plusieurs fois des paupières.
— Attendez. Que faites-vous ? Pour quel journal travaillez-vous ?
— Depuis combien de temps êtes-vous au service de monsieur Khan ?
— Je ne suis pas d'accord pour répondre à vos questions sans avoir été prévenue au préalable. Et comment avez-vous eu mon adresse ?
Je me levai de table, mais la femme posa son stylo avant de mettre une main devant elle comme pour s'excuser.
— Attendez, miss Jimenez. Laissez-moi juste une chance de vous convaincre de me donner un peu de votre temps pour m'entretenir avec vous.
La journaliste sortie de son attaché case une carte de visite. Je la saisis, méfiante. Elle travaillait pour le Daily News. Je regrettai aussitôt de lui avoir accordé ces quelques minutes de trop. Elle avait directement parlé de Yeraz. Même si cette femme était un requin dans le milieu médiatique, Yeraz n'en ferait qu'une bouchée s'il apprenait qu'elle s'intéressait à lui ou plutôt à ses affaires. Je me pinçai les lèvres et lui redonnai sa carte.
— Je reviens !
Je sortis précipitamment de la cuisine pour rejoindre Bergamote dans le salon.
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Ugly Ronney T1 : mafia romance [Français]
RomanceRonney est une jeune femme introvertie au physique disgracieux. Elle vit très modestement dans un des quartiers les plus pauvres de Sheryl Valley, une ville gangrénée par la mafia au sud de la Californie. Sans diplôme, elle travaille dur dans le res...