Chapitre 18-1

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Abigaëlle referma la porte derrière moi et avec un signe de tête, elle m'indiqua l'étage. Je partis en direction des escaliers, mais des voix qui provenaient du séjour attirèrent mon attention. Je ralentis le pas et tendis l'oreille. Camilia était apparemment en train de s'entretenir avec un homme et une femme.

— Il n'y a qu'un moyen d'étouffer cette affaire, il faut l'empêcher de parler !

Je ne voyais pas Camilia, mais je percevais dans le son de sa voix un grand agacement.

— Nous sommes en train d'y travailler, affirma la voix féminine.

— Les médias ne parlent que de ça depuis ce week-end et même pas du gala de charité. Ça ternit considérablement notre image !

— C'est juste l'histoire de quelques jours. Croyez-moi, les habitants de Sheryl Valley se moquent bien de ces quelques criminels assassinés en pleine rue, ajouta une voix grave.

Avec autorité, Camilia déclara :

— Faites venir mon fils ! Je me fiche de savoir s'il est occupé ou non.

En entendant des pas arriver dans le hall, je me précipitai à l'étage avant que l'on me surprenne à écouter aux portes.

Je trouvai Peter dans la dernière chambre. Il était en train de suspendre des vêtements à l'entrée du dressing. Quand il m'aperçut, son regard glissa sur moi de haut en bas accompagné d'un soupir mélodramatique.

— Qu'avez-vous cru ? déclarai-je en levant les yeux au ciel. Que j'allais me pointer ici pour mon premier jour en mini-jupe ?

— Ce qui est sûr, c'est que je ne m'attendais pas non plus à vous trouver attifée du costume de Casimir.

— J'adore ce pull jaune à gros poids ! Il me porte toujours chance.

Peter préféra ne pas relever ma remarque et m'invita à me rapprocher de lui avec un signe de main puis déclara en me montrant une des tenues accrochées sur un cintre :

— Vous allez porter ça. Cette combinaison grise à bretelle avec la chemise blanche en dessous est entre la femme d'affaires classe et la secrétaire un peu salope. C'est juste parfait pour vous !

Un long silence s'étira. Je croisai les bras sur ma poitrine et soulevai un sourcil.

— Hors de question.

— Arrêtez un peu vos simagrées, Ronney et enfilez-la. Ce n'est pas un porte-bonheur, mais au moins cette combinaison vous fera passer presque inaperçue lors des sorties avec les filles Khan.

J'inclinai la tête en continuant de fixer Peter. Il leva les mains en l'air.

— OK, bon, c'est vrai que ça sera difficile de passer inaperçue avec votre apparence un peu « bizarre ».

Il commença à énumérer toutes les raisons pour lesquelles je devais porter cette tenue excentrique disco semblable à celle du groupe Abba. Au fur et à mesure qu'il parlait, une idée germa dans mon esprit.

— Très bien ! Je vais la porter.

Peter se figea. Méfiant, il plissa ses petits yeux marron, attendant que je poursuive.

— À une condition.

Il hocha la tête, une grimace sur le visage.

— Vous me parlez de la fusillade de samedi soir.

Soudain très occupé, Peter se mit à ranger le bazar qui encombrait la pièce.

— Ce n'est rien. Les médias adorent s'étaler sur de petites choses sans importance.

— Sans importance ? Il y a eu des morts !

Peter leva les yeux au ciel.

— Les guerres ont toujours fait partie de l'histoire de ce monde. Elle a des aspects bien différents à tous les niveaux, je vous l'accorde, mais les points restent les mêmes : conflits, mutineries, traités.

— Camilia a l'air très remontée. Je l'ai entendue s'entretenir avec des gens en bas.

— Tess Lawrence, une journaliste coriace, doit bientôt sortir un papier sur la Rosa Negra et la Mitaras Almawt. Apparemment, cet article sera une véritable bombe s'il devait être publié.

Je me souvins de la visite de cette femme chez moi. Je blêmis. Quel sort lui réservait-on ? Un frisson me parcourut tout le corps. Peter poursuivit :

— Heureusement, Camilia a des contacts très haut placés. Elle est en ce moment même avec les responsables du Daily News ainsi qu'avec son avocat pour trouver un accord avec eux.

Peter frotta son index sur son pouce pour préciser que cette histoire se réglerait avec un accord financier.

— Et Yeraz ? demandai-je.

Je m'efforçai de ne pas perdre le contrôle de ma respiration. Plongée dans une sorte de brouillard depuis que j'avais appris pour la fusillade, j'espérai que Peter me donne enfin de vraies nouvelles à son sujet.

— Son humeur ne doit pas être au plus haut, mais je vous rassure, il n'a pas été blessé dans l'attaque. Ce sont les petits soldats que les chefs de ces organisations envoient aux casse-pipes. Monsieur Khan, monsieur Saleh et les autres donnent les ordres, mais ils ne se salissent que très rarement les mains.

Peter rit jaune, il régnait comme une tension dans l'air. Il me tendit la combinaison et le chemisier avec un air faussement désolé. Je pris la tenue en grognant.

Ugly Ronney T1 : mafia romance [Français]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant