Chapitre 18-4

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Il était vingt heures passées et nous étions, avec Peter, les seuls employés encore présents chez Camilia. Dans cette chambre où tout étincelait de blancheur, chaque détail était pensé pour être dans l'air du temps : les fauteuils en daim, les fleurs, les cadres, la moquette épaisse et même le parfum d'ambiance. C'était la pièce préférée de Peter.

L'assistant de Camilia, assis confortablement, feuilletait un magazine people à la recherche d'articles sur la famille Khan.

— Je peux retirer ces escarpins de mes pieds ? C'est une torture pour moi.

Les mains posées sur les hanches, j'attendais sa réponse qui ne venait pas. Cela faisait plus d'une demi-heure que je marchais à travers la pièce avec un Peter qui m'aboyait dessus dès que je perdais le rythme de la marche.

— Vous avez voulu garder ce pull horrible qui me fait saigner des yeux à chaque fois qu'ils se posent dessus. Ne comptez pas sur moi pour vous épargner ce soir.

Je levai la tête en direction du plafond.

— Et que comptez-vous faire ? Me laisser toute la nuit debout ? Je dois rentrer me nourrir et dormir.

Peter me répondit d'une voix lasse sans lever les yeux de son magazine.

— J'attends un ami à moi, Zeus. Il me dira ce qui ne va pas dans votre démarche. C'est un homme qui a collaboré avec les plus grands mannequins. Vous verrez, il est assez impressionnant. Évitez juste de le regarder dans les yeux trop longtemps, le stress lui donne de l'urticaire.

Je protestai avec indignation :

— Êtes-vous sérieux ? Je ne vais pas me donner en spectacle auprès de vos amis. Je ne suis pas un animal de foire !

— Surveillez votre langage, jeune fille.

Peter releva enfin sa tête et se redressa pour me faire face.

— Si vous faisiez un effort, vous seriez déjà chez vous à boire votre brique de soupe ! Trois mois que je me tue à la tâche pour vous donner la grâce d'une femme du monde. Vous êtes désespérante.

— Je préférerais encore récurer les toilettes publiques toute la journée plutôt que de porter ce genre de chaussures pour écumer les galas de charité.

Peter leva son doigt devant lui.

— Un jour, Ronney, vous me remercierez. De toute façon, je ne vous donne pas le choix, c'est ça ou vous gardez votre appareil dentaire pour encore des décennies.

J'allais répliquer quand j'entendis la porte de la chambre s'ouvrir. Je tournai à demi la tête et la surprise se peignit soudain sur mon visage.

— Zeus ! s'écria Peter, fou de joie.

Je plissai mes yeux et secouai la tête pour être sûre que je ne rêvais pas. Un nain ! Zeus, l'ami de Peter était un nain. Ses traits austères et son nez un peu tordu lui donnaient l'impression de ne pas être très commode. Il s'approcha de moi, l'air suspicieux, comme si j'étais l'être le plus étrange qu'il avait vu dans sa vie. Ses cheveux auburn étaient attachés avec une queue de cheval qui lui descendait jusqu'au bas du dos.

— Ah oui, quand même, chuchota ce dernier en se tournant vers Peter.

— Je t'avais prévenu, Zeus.

— Bon, la bête n'a pas l'air méchante.

La bête ? Ce nain me traitait comme un animal ! Je sentais la colère me gagner.

— Il y a un problème dans le balancement de son bassin, lui expliqua Peter à voix basse.

Son ami plissa son front avant de m'examiner du regard puis il posa un premier diagnostic :

Ugly Ronney T1 : mafia romance [Français]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant