Ugly Ronney T1 : mafia romance [Français]

Chapitre 16-6

Lorsque Peter raccrocha avec Taylor, il m'observa un moment silencieusement avant de prendre une grande inspiration et de déclarer d'un ton lent :

— Annulez tous vos prochains rendez-vous chez votre orthodontiste douteuse, Taylor prend le relais. Une visite par semaine et il vous l'enlèvera définitivement juste avant les fêtes de Noël. Ce qui veut dire : dans un mois.

Je restai bouche bée.

— J'avais fini par me faire à l'idée que je vieillirai avec, réussis-je à articuler. Merci.

Il allait répondre quand les voix de Camilia et de Yeraz se firent entendre dans le hall. Je laissai tomber mon dessert et partis les rejoindre avec Peter sur les talons.

Camilia faisait glisser les perles de son collier entre ses doigts tout en fixant son fils d'un regard sévère puis ses yeux se portèrent au-dessus de son épaule. Elle s'arrêta de parler quand elle m'aperçut arriver. Yeraz se retourna pour m'offrir un visage hermétique. Les lèvres pincées et les doigts noués comme des cordes, j'attendais désespérément d'entendre ce qu'il avait à me dire. Camilia s'adressa à son assistant :

— Peter, nous devrions les laisser seuls.

La mère de Yeraz se tourna ensuite vers moi.

— Ronney, je vous attends sur la terrasse du jardin. Nous aurons à parler toutes les deux.

Son regard glacial donnait déjà le ton de notre entretien.

— Suis-je virée ? m'empressai-je de demander à Yeraz.

Le regard indéchiffrable, il répondit à voix basse :

— Tu as toujours ton travail, mais tu ne seras plus à mon service.

Mon souffle devint court. Je cherchai désespérément l'air qui me manquait. Yeraz m'attrapa par les bras.

— Ronney, tu restes dans la famille, ne t'en fais pas. Jamais je ne te laisserai aux mains de quelqu'un d'autre. Pas toi.

Je me concentrai sur son visage crispé par l'angoisse pour respirer de nouveau normalement. Au bout de quelques secondes, les battements de mon cœur se calmèrent. Je passai mes mains dans mon chignon-patate et demandai, la voix chevrotante :

— Alors, qu'est-ce qui a été convenu avec ta mère ?

— L'échange d'employés se fera avec mes sœurs. Leur assistante part travailler pour les filles de Nino. Tu prendras donc sa place dès la semaine prochaine. Si tu veux continuer à travailler après pour elles, au-delà de ce qui était convenu, tu pourras.

Paige allait être sacrifiée à ma place. Je sentis alors une multitude de reproches m'accabler et une grande culpabilité s'empara de moi. Mon regard vint se planter dans celui de Yeraz. Il paraissait mal à l'aise.

— Quoi d'autre ?

Il hésita un instant à me répondre, puis une note de prudence perça dans sa voix :

— J'ai tout raconté à ma mère.

Je haussai les sourcils.

— Tout ?

— Oui, j'étais obligé pour la convaincre d'arranger la situation. Elle sait pour l'attaque au restaurant, ma dispute avec Hamza et...

Yeraz se racla la gorge. Inquiète, je l'invitai à poursuivre. Il détourna alors les yeux.

— Elle sait que nous avons couché ensemble.

Je blêmis. Le silence retomba, insupportable. Rien dans cette journée n'allait bien. Je finis par lâcher d'une voix blanche et avec un sourire forcé :

— OK, je vais devoir aller affronter ta mère qui doit penser maintenant que je suis une fille stupide, aux mœurs légères. Souhaite-moi bonne chance.

Yeraz attrapa ma main et la serra dans la sienne.

— Elle n'est pas furieuse contre toi, au contraire. C'est la première fois qu'elle me voit me soucier et me battre pour quelqu'un. Cet espoir dans ses yeux, ça m'a fait tout drôle.

Je m'approchai de lui et posai une main sur sa joue. Il avait l'air si vulnérable à cet instant. Yeraz ferma les paupières et murmura presque douloureusement :

— Merde, Ronney ! Qu'es-tu en train de faire de moi ?