Chapitre 2-8

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Mes mains tiraient sur le bas de ce haut trop moulant, trop court, trop tout.

— Vous avez un joli décolleté.

Ashley regretta aussitôt ses paroles et se pinça les lèves redoutant ma réaction.

— Je ne suis pas à l'aise. À vrai dire, je n'ai jamais porté une tenue pareille avant aujourd'hui.

— C'est juste pour quelques heures. Il vous va très bien.

Mon assistante essayait de me rassurer comme elle pouvait. Elle me tendit ensuite un téléphone.

— Sa batterie est pleine, vous ne tomberez pas en panne dans la journée. J'ai créé une adresse mail et inscrit le numéro de Yeraz dans le répertoire. Seuls lui et vos assistants sont autorisés à vous contacter dessus. Il est géolocalisé. Veillez toujours à l'avoir sur vous.

Je hochai la tête, toujours surprise par l'efficacité de la jeune femme. Comment faisait-elle ? Soudain, une voix fluette, mais autoritaire se fit entendre de l'autre côté des portes du bureau.

— Où est-elle ? Miss Jimenez ?

Un homme d'une cinquante d'année au crâne partiellement dégarni et de petite taille entra dans la pièce tel un ouragan. Son visage ovale au teint bronzé laissait paraître une certaine froideur. Visiblement en colère, il fronçait ses sourcils broussailleux en accent circonflexe.

— Peter ? s'étonna Ashley avec de gros yeux.

Ce prénom me disait vaguement quelque chose. Camilia l'avait prononcé lors de notre entretien. C'était son assistant. Peter s'occupait des candidatures pour ce poste d'assistant. Mon sang quitta mon visage et je m'appuyai contre la table pour ne pas m'effondrer. Il venait pour moi.

— Cooper, laissez-nous !

Ashley obtempéra et disparut à toute vitesse sans rien dire. Ce Peter semblait avoir tout pouvoir. La présence de monsieur Khan dans les lieux ne le dérangeait pas. Il se mit à marcher autour de moi, les yeux plissés par la colère. Sa veste à carreau et son pantalon en velours contrastaient sur le style très raffiné des Khan.

— Alors c'est vous la personne que j'aurais soi-disant recommandé ? Vous êtes une usurpatrice !

Son mépris vis-à-vis de moi me désarçonnait. J'aurais voulu disparaître à cet instant. L'homme continuait de tourner autour de moi tel un lion autour de sa proie.

— Je vous assure, j'ai refusé à plusieurs reprises cette proposition.

Peter s'arrêta juste en face de moi. Ses petits yeux marron me transpercèrent.

— Pourtant vous êtes ici. J'ai mis au service de Yeraz Khan, une jeune femme qui ne connaît rien à ce métier, rien à ce monde et qui se moque royalement des codes de la beauté et de la mode.

Je répondis d'une voix faible :

— Je doute que la beauté et mon style vestimentaire puissent avoir un impact sur le quotidien de monsieur Khan.

L'homme recula son visage surpris par mes mots. Il me ricana au nez avec mépris.

— Si, miss Jimenez et vous allez vous en rendre compte bien assez tôt. La seule chose qui me ravit c'est que les goûts de monsieur Khan en matière de femme sont d'un niveau très supérieur à vous. Vous, au moins, vous ne passerez pas sous le bureau !

Peter tourna les talons, satisfait des fléchettes qu'il venait de me lancer. J'étais heureuse d'apprendre que je n'étais pas au goût de monsieur de Khan. Le contraire m'aurait étonné, voir même effrayé. J'espérais ne pas être confrontée à un défilé de subalternes tel que lui toute la journée. Avant de franchir la porte, il se retourna et me lança sur un ton mauvais :

— Démissionnez, Jimenez, vous rendrez service à tout le monde et surtout à vous-même.

Ugly Ronney T1 : mafia romance [Français]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant