Tandis que ces paroles tournoyaient encore dans ma tête, Ashley prit les devants.
— Je m'occupe des billets d'avion. Timothy, tu réserves la suite et tu trouves le chauffeur.
Mon assistant hocha la tête et sortit son téléphone sans perdre une seconde.
— Ronney ? Ronney ? Regardez-moi ! Allez dans la chambre de Yeraz et préparez ses affaires.
— Ses Affaires ?
— Il vient de monter à l'étage pour s'isoler dans son bureau. Sûrement pour passer quelques coups de fil. Dans une valise, vous mettrez ses affaires de toilettes, choisissez six vestes et surtout, n'oubliez pas de mettre son cahier de notes. C'est le beige. Il est toujours posé sur la table, à droite de la fenêtre. Timothy et moi n'avons pas le droit d'accéder à sa chambre.
Mon assistant jeta un coup d'œil à Ashley qui leva les yeux au ciel, consciente de ce qu'elle venait de dire. À cet instant, j'imaginai la jeune femme enlacée dans les bras de Yeraz, se noyant au milieu des draps en soie. J'essayai de bannir ces pensées de mon esprit et de revenir à l'instant présent. Je secouai la tête et me précipitai à l'étage, le cœur battant à tout rompre.
Je passai en revue le planning de la semaine tout en pilotant l'agenda de Yeraz à distance. J'étais laminée par toute l'agitation de cette journée. Il se faisait tard et il était temps que je retourne dans mon monde. Je vérifiai avant de partir que mon téléphone avait encore assez de batteries. Je ne devais surtout pas manquer un seul appel de Camilia ou de son fils.
Je rejoignis Ashley et dans la cuisine. Ils étaient tous deux installés autour de l'îlot central. Mon assistante me tendit une part de tarte au saumon et Timothy, un verre de vin que je ne refusai pas. Ils se montraient vraiment agréables et pleins d'attentions avec moi, mais ça ne suffisait pas pour que j'arrive à me sentir bien.
— Ça va ?
Ashley me regardait avec inquiétude. À bout de forces, je bus une gorgée du liquide bordeaux et soulevai mes épaules.
— Je ne sais pas trop. Toute cette pression est difficile à gérer. Je le déteste.
La fin de ma phrase n'était plus qu'un murmure.
Ashley consulta Timothy du regard avant de revenir sur moi.
— Je ne sais pas si je devrais vous parler de ça, mais je connais une famille qui n'habite pas loin d'ici. Monsieur et madame Porter sont les propriétaires d'une des plus grandes agences de publicité du pays. J'ai gardé leurs enfants il y a déjà plusieurs années de ça et nous sommes restés en contact. Ce sont des personnes formidables. Ils cherchent une assistante pour leur agence et le poste est très bien payé. Je peux vous recommander si vous sentez que rester ici est au-dessus de vos forces.
— Ronney, intervint Timothy, réfléchissez bien avant de prendre votre décision. Ne partez pas sur un coup de tête. Laissez-vous, je ne sais pas, un mois avant de décider de démissionner.
Je remontai mes lunettes et passai mes mains dans mes cheveux en tirant sur mes racines. L'idée de m'enfuir d'ici et la proposition d'Ashley étaient si tentantes. Mes yeux firent des va-et-vient entre ces deux personnages qui me regardaient comme personne ne l'avait encore jamais fait auparavant. C'est-à-dire : avec compassion.
— Quatre semaines, je me laisse quatre semaines pour décider si je reste ou si je pars d'ici même si je sais au fond de moi que la décision ne sera pas difficile à prendre.
Timothy poussa un soupir de soulagement. Ashley sourit et déclara :
— Parfait, on attend un petit peu. Yeraz sera absent quelques jours, ça te permettra dans un premier temps de souffler et d'y voir un peu plus clair.
Quelques jours sans lui, quel bonheur ! pensai-je en mon for intérieur. Enfin, nous aurons la paix.
Allongée sur mon lit, les jambes posées le long du mur, la voix d'Elvis Presley m'aidait à me détendre. Je tenais dans mes mains le papier avec les coordonnées des Porter inscrit dessus. J'imaginai l'air victorieux de Yeraz en lui annonçant ma démission et le visage implorant de sa mère qui me supplierait de rester. Ce soir-là, au diner, j'étais si déprimée que Bergamote et Alistair eurent du mal à me remonter le moral. Je leur avais parlé de l'occasion à saisir chez les Porter et ils m'avaient encouragé dans ce sens. Dans ma tête, c'était un foutoir sans nom.
Cette nuit-là, j'eus du mal à trouver le sommeil et je me refusai de penser à Caleb pour y arriver. Je refusai de penser à Yeraz et à son attitude de gros con. Je refusai de penser à ma vie. Ce fut la voix de Peter qui m'aida finalement à m'endormir. On casse la démarche, Ronney. On casse la démarche ! Le rythme entrainant de ces paroles m'envoya directement dans les bras de Morphée.
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Ugly Ronney T1 : mafia romance [Français]
RomansaRonney est une jeune femme introvertie au physique disgracieux. Elle vit très modestement dans un des quartiers les plus pauvres de Sheryl Valley, une ville gangrénée par la mafia au sud de la Californie. Sans diplôme, elle travaille dur dans le res...