Ugly Ronney T1 : mafia romance [Français]

Chapitre 11-3

Au moment de me retrouver seule dans ma chambre, une explosion de panique m'envahit. Assise sur le lit, les yeux dans le vide, je ramenai mes genoux sur ma poitrine et serrai mes bras autour d'eux. J'analysai tous les évènements de ma journée sans rien trouver de logique dans son déroulement. Demain matin, j'irais acheter de la peinture pour peindre les murs tristes de cette pièce. Ça me changerait les idées. Je devais absolument m'occuper l'esprit avant de devenir complètement dingue.

Après de longues minutes, prostrée sur mon lit, je sortis de ma chambre. Dans la cuisine, je retrouvais mes deux colocataires qui avaient déjà commencé à manger. Bergamote se gratta le nez et demanda, avec précaution :

— Vas-tu revoir Caleb ?

Je fis non de la tête et commençai à boire ma soupe avec la cuillère.

— Il a laissé passer sa chance ! déclara Alistair de sa voix sévère et moralisatrice. Notre Ronney n'est pas une personne que l'on peut jeter et reprendre comme une vieille chaussette.

Son regard bleu acier se posa sur moi. Je lui adressai un vague sourire. Si seulement les choses pouvaient être plus faciles. Sentant les questions brûler leurs lèvres, je me mis à leur raconter ma conversation avec Caleb. Ils m'écoutaient attentivement. J'évitai de leur parler de l'épisode de ce matin, celui où j'avais vu les hommes de Yeraz devant le studio d'enregistrement. Ça ne servait à rien de les inquiéter avec cette histoire.

Au moment de débarrasser la table, la sonnerie de mon téléphone retentit. Raidi par le stress en voyant s'afficher le nom d'Ashley sur l'écran, je me figeai sur place. Après quelques secondes d'effroi, je réussis à réagir et décrochai.

— Ronney, vous devez venir immédiatement chez Camilia.

Le ton paniqué d'Ashley me fit comprendre que quelque chose de grave s'était produit.

— Que se passe-t-il ? Ashley, calmez-vous, s'il vous plaît. Parlez plus doucement, je ne comprends rien.

— Nous sommes passés chez madame Khan avec Timothy, il y a à peine vingt minutes, pour lui déposer les plans de la salle avec la décoration pour le gala de Thanksgiving. Elle et ses cinq enfants, dont Yeraz, étaient réunis pour un repas de famille.

— Un repas de famille ?

— C'était plus une sorte de réunion de famille à vrai dire, mais ça a dégénéré lorsque Timothy et moi étions sur le point de partir. Yeraz s'est jeté sur Hadriel, une bagarre a éclaté entre eux. Il est hors de contrôle. Venez, Ronney.

— Pour...pourquoi devrais-je venir ? bafouillai-je. Yeraz est toujours accompagné de ses hommes de main. Ils ne peuvent rien faire ?

— Ils ne bougeront pas le petit doigt. Ronney, ça a dégénéré quand Hadriel a prononcé votre nom. Vous seule, pouvez le calmer. Yeraz est furieux depuis lundi, depuis que...

— J'arrive tout de suite !

Je raccrochai et commandai aussitôt un Uber.

Le trajet jusqu'à Asylum ne m'avait jamais paru aussi long. Décidément, je ne voyais pas la fin de cette journée.

La berline s'arrêta devant la résidence de Camilia. Dans la nuit noire, silencieuse, rien ne laissait penser qu'un drame était en train de se dérouler à l'intérieur de l'immense demeure.

Après quelques pas, j'aperçus Ashley assise dans la véranda. Elle était visiblement seule. En me voyant, elle se leva brusquement et me rejoignit précipitamment.

— Ils sont tous dans le séjour. J'ai prévenu Camilia que vous étiez en route. Timothy vient de partir.

Je m'entendis demander d'une petite voix :

— Yeraz est-il au courant ?

— Oui. J'ai peur pour vous, Ronney. Vous êtes partout. Dans sa colère, dans son regard, dans son esprit. Il devient complètement fou.

Je pris ma tête entre mes mains.

— OK, rentrez chez vous, Ashley. Je m'occupe de lui. Je vous enverrai un message quand tout sera sous contrôle.

Ashley acquiesça. Elle parut hésiter un instant, puis finit par se décider à partir, les larmes aux yeux.