Chapitre 9-6

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Je fixai le large avec une mélancolie pensive. Yeraz passa devant moi, torse nu, pour rentrer dans le bain chaud, sur le pont avant. Il s'appuya contre le rebord du jacuzzi et me dévisagea d'un drôle d'air puis son regard glissa jusqu'à mon pantalon.

— Enlève ça ! m'ordonna-t-il d'une voix à la fois douce et autoritaire.

Je portai à mes lèvres mon verre de vin rouge avant de lever ma tête vers le poste de pilotage, inquiète de savoir si le pilote pouvait nous voir de là-haut. Yeraz devina une fois de plus mes pensées.

— Ne t'en fais pas. Nos employés préfèrent ne rien voir ni rien entendre de ce qui se passe autour d'eux. Je veux que tu viennes me rejoindre.

Je m'approchai de l'eau et posai mon verre sur le bord du bain. Yeraz restait d'un calme désarmant. Ses épaules carrées, robustes, étaient tout en muscle comme si Michel-Ange l'avait taillé lui-même. Il inclina sa tête. Tout semblait m'échapper. Je déboutonnai mon pantalon et le laissai glisser sur mes jambes. Les yeux brillants de Yeraz m'invitèrent à continuer. Le haut de son torse montait et redescendait plus rapidement. Lentement, je retirai mon tee-shirt et révélai dans mon haut de maillot ma poitrine gonflée par l'excitation. Yeraz passa la langue sur ses lèvres en contemplant mon corps.

— Viens là, murmura-t-il sans me donner le choix de refuser.

Mes pieds rentrèrent dans le jacuzzi. Le contact de l'eau chaude sur ma peau était agréable. Tandis que je marchai vers lui, mon souffle devenait de plus en plus court.

Nous n'étions plus qu'à quelques centimètres l'un de l'autre. Ses yeux paraissaient sortir de leur orbite tellement qu'il se retenait de me sauter dessus. Yeraz m'attira contre lui pour me coller contre son torse, puis il se pencha et écrasa ses lèvres contre les miennes sans prévenir. Prise de court, je refusai d'ouvrir ma bouche, mais son pouce se planta dans mon dos pour me forcer à l'entrouvrir. Sa langue, douce et chaude chercha la mienne. Il m'embrassait sans me laisser le temps de respirer. Ses muscles puissants se refermèrent sur moi et me retenaient dans une étreinte gorgée d'ardeur et de plaisir charnel. Je ne pouvais pas me dégager. Ses baisers presque douloureux dans leur intensité n'étaient que le reflet d'un désir longtemps refoulé. Personne ne m'avait encore embrassé comme ça auparavant. Personne ? Je n'avais connu que Caleb avant lui. Pas de quoi m'étaler sur une longue liste d'amants.

Malgré l'explosion de sensation dans ma tête, le visage d'Ashley m'apparut, puis celui de la comptable. Je sentais mon esprit revenir petit à petit à la raison et repris laborieusement mon souffle. Sentant cette soudaine distance, Yeraz me libéra de son étau et écarta son visage du mien. De l'eau perlait sur son visage aux traits magnifique. Il ne pourrait jamais être plus beau qu'à cet instant, pensai-je. Il m'interrogea du regard, les sourcils froncés. Je détournai mes yeux, mais sa main attrapa mon visage et il m'obligea à plonger mes prunelles dans les siennes.

— Je suis désolée. C'est un peu précipité.

— Que se passe-t-il ?

Une soudaine crainte traversa son visage.

— Nous nous déconnectons de la réalité sur cette île. Écoute, il y a tellement de femmes autour de toi, Yeraz. Je ne peux pas me donner comme ça et faire comme si rien ne s'était passé le jour d'après.

Il s'écarta de moi, l'air grave.

— Et tu veux quoi ? Tu t'attendais à quoi ? Prendre du plaisir ne te suffit pas ?

Blessée par ces paroles, je me mis à regarder tout autour de moi. Idiote de Ronney, tu n'aurais jamais dû l'enlever, bécasse ! Yeraz frappa la surface de l'eau avec sa main, il attendait une réponse ou plutôt, il en exigeait une.

— Non, ça ne me suffit pas, bien sûr que non ! Je travaille avec toi, mais aussi avec toutes ces femmes que tu te tapes. C'est n'importe quoi.

Il me répondit avec une grimace pincée :

— Elles ne comptent pas et pour Ashley, j'ai été claire depuis le début. Les règles ont été établies depuis le départ.

— Et quelles sont les règles que tu as établies avec moi ?

Ma voix se brisa. Désormais, c'était lui qui regardait ailleurs.

— Tu m'échangeras avec ton frère quand ton caprice sera passé pour t'excuser d'avoir couché avec sa fiancée ?

Yeraz me fusilla du regard. Prêt à exploser de fureur, il me menaça avec son doigt :

— Tu ne sais rien de cette histoire ! C'est vrai, tu es comme les autres, Ronney, à écouter les commérages et juger les gens sur de simples propos rapportés.

— Ce que je sais, c'est que je ne veux pas espérer. Caleb m'a brisé le cœur et je ne veux plus m'attacher comme ça à quelqu'un. Non, je ne veux pas espérer que tu puisses changer pour moi. Je ne veux pas espérer quoi que ce soit !

J'avais hurlé ses mots. Yeraz pouvait lire à cet instant en moi toute la solitude du monde. Déstabilisé, la mâchoire contractée au possible, il cherchait ses mots. Il ferma ses paupières le plus fort possible. Lorsqu'il les rouvrit, un excès de rage traversa son visage et il articula lentement :

— Ni pour toi ni pour aucune autre, je ne renoncerais un jour à cette vie. Je ne regrette rien, Ronney. Ni crime, ni souffrance, ni chagrin que j'aurais pu causer. Rien !

Un coup de poing à l'estomac m'aurait fait moins mal. Yeraz sortit de l'eau sans me jeter un regard, puis il ajouta avant de partir le plus loin possible de moi :

— Rhabille-toi ! Nous rentrons à l'hôtel. Demain, nous partons à l'aube.

Ugly Ronney T1 : mafia romance [Français]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant