J'avais passé ces dernières heures dans mon lit à broyer du noir puis m'étais levée sans enthousiasme pour venir à la fête d'anniversaire de Carolina.
J'espérais qu'elle était sur le point de se terminer à mon arrivée, mais il restait encore beaucoup de monde dans la salle en cette fin d'après-midi. Mes oncles étaient réunis dehors et débattaient sur le dernier match de baseball. J'eus le droit à un accueil chaleureux sur mon passage.
À l'intérieur, mes tantes s'activaient en cuisine pour satisfaire le reste de ma famille. Sur scène, un petit orchestre jouait de la musique traditionnelle de notre pays d'origine, salsa, merengue. Les gens dansaient sur la piste ou bien étaient assis à discuter.
À l'entrée, je déposai sur la table mon paquet cadeau avec les autres avant de me trouver un coin pour faire ce que je faisais de mieux : disparaître. Pas vraiment d'humeur, je n'avais pas la tête à faire semblant aujourd'hui. Sur le trajet du retour, ce matin, Yeraz ne m'avait pas adressé la parole. Son regard perdu derrière ses grosses lunettes de soleil tout le long du voyage m'avait empêché de prendre la température sur son humeur du jour. C'était le premier samedi, depuis ce qui me semblait une éternité, que je passais sans lui. Je ne me rendais pas compte à quel point je m'étais attachée à cet homme, mais hier, il m'avait blessé comme personne d'autre ne l'avait fait auparavant. Je réalisai soudain que je n'avais pas pensé une seule fois à Caleb durant ces trois derniers jours.
— Ma chérie, s'étonna ma mère en me trouvant ici, ne reste pas là, va t'asseoir avec tes cousins et cousines. Ton père est resté au restaurant avec Elio.
Elle marqua une pause avant de demander, inquiète :
— Giovanni ne vient pas ?
Je me raclai la gorge en m'efforçant de faire éclore un sourire sur mes lèvres.
— Il est très occupé et doit rattraper un gros retard dans son travail.
Ma mère ne parut pas croire un seul mot de ce que je lui racontais. Elle me gratifia d'un regard peiné avec un sourire qui se voulait réconfortant. Elle n'avait pas besoin à cet instant d'ajouter quoi que ce soit, je lisais en elle comme dans un livre ouvert. Pauvre chérie, il t'a quitté pour une fille plus jolie, mais ça devait arriver, tu le sais bien. Ses yeux qui me criaient sa vérité m'exaspéraient au plus haut point. Pour ne plus avoir à faire à cet air rempli de pitié, je décidai de partir m'asseoir avec Gabriella et les autres. Finalement, je préférais de loin leur compagnie à celui de ma mère.
— Tu es venue alors ? me lança Olivia.
Elle mâchait un chewing-gum tout en me regardant avec méfiance et mépris. Louis apporta sur la table un panier rempli de fruits et une part de gâteau.
— Ton séjour à Los Cabos s'est-il bien passé ? me demanda gentiment Mélissa.
Je frottai nerveusement mes mains sur mes cuisses avant de répondre :
— C'était...court. J'ai passé un bon moment.
Gabriella, en face de moi, caressait le rebord de la table avec ses ongles laqués, taillés en pointe. Elle émit un petit rire en regardant Haley.
— Je parie que tu as gardé tes vieilles guenilles durant ces deux jours. Pas de short ni de robe. Je me trompe ?
Olivia pouffa de rire. Elle suivait Gabriella avec une telle docilité. Je me mis à éplucher ma clémentine et replongeai dans le silence en faisant mine de n'avoir rien entendu de sa remarque piquante. Sur la piste, Carolina dansait contre Caleb. Bizarrement, cette scène ne me dérangeait pas. Caleb, le regard dans le vide, paraissait un peu plus distant que d'habitude. Commençait-il à en avoir marre d'être aux ordres de sa petite amie ?
Dans cinq minutes, je me lèverais pour partir. Il se faisait déjà tard et je n'avais pas ouvert la bouche depuis que j'étais assise avec eux. Je ne me sentais pas à ma place. L'atmosphère confinée était étouffante. Je voulais m'en aller avant d'être prise pour cible pour les reproches et les moqueries de chacun. Heureusement, Carolina était au centre de l'attention. On venait l'embrasser, la complimenter. Tout le monde s'empressait d'afficher les selfies avec elle sur les réseaux sociaux.
— Bon, on le fait ce jeu ? cria Aïdan avec les joues bien rouges.
Lui et mes autres cousins avaient bu beaucoup d'alcool.
— Lequel ? demanda Hailey.
— "Connais-tu" ?
— Ah oui, c'était au tour de Ronney, je crois.
Je me raidis et balbutiai :
— Non, je dois y aller. Je passe mon tour avec plaisir.
Je me levai, mais Aïdan se plaça derrière moi et appuya sur mes épaules pour me rasseoir.
— Allez, c'est seulement dix questions, cousine. Tu as juste à marquer les réponses sur cette feuille. Olivia, tu as la liste des questions pour la donner à Ronney ?
Cette dernière leva les yeux au ciel avant de déclarer sur un ton mauvais :
— Mais personne ne connaîtra les réponses. Cette fille c'est un OVNI. Faisons ce jeu avec quelqu'un d'autre de beaucoup plus intéressant.
Louis et les autres protestèrent. Ils voulaient absolument me voir me ridiculiser.
— Caleb, tu nous aideras. Après tout, tu connais Ronney personnellement.
Carolina fusilla Louis du regard. Fier de sa remarque, le jeune homme ajouta :
— Je vais chercher Valentina.
Il se pencha vers moi.
— Ça ne te dérange pas si ta mère joue avec nous ? Elle pourra nous aider plus facilement à trouver les réponses.
Avant que je ne puisse répondre, il disparut dans la foule. C'était trop tard, je ne pouvais plus m'extirper de cette fête. Hailey s'approcha de moi et me tendit un crayon.
— OK, Ronney, voici les questions. Tu mets les réponses sur cette feuille puis tu la retourneras. Nous pourrons ainsi vérifier les réponses au fur et à mesure.
Je m'exécutai à contrecœur. Si je voulais partir d'ici au plus vite autant faire ce jeu ridicule pour enfin avoir la paix.
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Ugly Ronney T1 : mafia romance [Français]
RomanceRonney est une jeune femme introvertie au physique disgracieux. Elle vit très modestement dans un des quartiers les plus pauvres de Sheryl Valley, une ville gangrénée par la mafia au sud de la Californie. Sans diplôme, elle travaille dur dans le res...