Chapitre 11-4

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De la vaisselle cassée jonchait le sol. Aaliyah, Ghita et Cyliane étaient toutes les trois retranchées dans un coin du séjour, transformé en état de siège. Camilia se jeta sur moi, visiblement dépassée par la situation. Choquée par la scène qui se déroulait sous mes yeux, je n'entendais pas ce qu'elle me disait. Une espèce de bourdonnement remplissait mes oreilles. Les gardes du corps que j'avais aperçus ce matin étaient debout et barraient le passage à quiconque voulait intervenir. Yeraz, les traits déformés par la rage, asséna Hadriel, déjà à terre, d'un coup de pied violent dans le ventre. Le pauvre homme hurla de douleur. C'est à cet instant que l'ouïe me revint.

— Laisse-le ! hurlait sa mère.

Je me précipitai vers Yeraz, mais les deux armoires à glace s'interposèrent. Furieuse, j'en giflai un au visage.

— C'est vous qui l'avez mis dans cet état-là ! Vous êtes venue lui rapporter pour Caleb, c'est ça ?

Le tatoué jeta un coup d'œil à son collègue. Aucun d'eux ne me répondit. Les cris d'Hadriel continuaient de résonner contre les murs. J'attrapai une bouteille de champagne posée sur la table et la jetai en plein visage de l'homme, aux joues creusées. Ce dernier se plia en deux en portant ses mains sur son crâne. Je profitai de ce moment pour passer en force et réussis à me glisser juste à temps entre Hadriel et Yeraz avant qu'il ne lui donne un énième coup de poing.

— Stop !

Yeraz, plongé dans une sorte de trans et en sueur, se figea. Sa chemise était sortie de son pantalon et les manches, retroussées sur ses avant-bras. Ses muscles contractés au maximum faisaient ressortir les veines sous sa peau. Il se recula et essuya sa bouche avec son poignet.

— Dégage d'ici ! me lança-t-il.

— Sinon quoi ?

Ses yeux noirs me dévisageaient d'un air insolent. La froideur de son ton me surprit. Je rassemblai tout mon courage pour l'affronter. Durant une seconde, j'eus l'impression qu'il baissa sa garde, mais sa mâchoire se contracta de nouveau. Je balayai la pièce des yeux. Camilia et les filles observaient la scène en retenant leur respiration. Je fermai mes paupières avant de les rouvrir quelques instants après. Je connaissais la véritable nature de sa colère sans vraiment la comprendre, mais je devais intervenir au plus vite pour la désamorcer.

— Il ne s'est rien passé avec Caleb !

Yeraz se frotta brutalement les yeux avant de pointer son doigt vers moi.

— Tu es comme les autres, Ronney. Une sacrée salope qui ne pense qu'à l'argent.

J'ouvris la bouche, outrée, déstabilisée par ces propos que je trouvais ultra-violents à mon égard. Bon sang, mais que lui arrivait-il ?

— C'est toi qui es comme les autres ! rétorquai-je hors de moi. Je ne suis pas ta chose. S'il ne s'est rien passé avec Caleb ce soir c'est uniquement que son comportement me dégoute tout comme le tien.

Je le poussai violemment, mais me heurtais à un mur de muscles. Cette dispute devant sa famille commençait à devenir franchement embarrassante. Je respirai profondément pour tenter de recouvrer mes esprits puis repris d'une voix plus calme :

— Peut-on finir cette conversation ailleurs ? Je suis épuisée de me battre sans cesse avec toi.

— Épuisée ? Ça fait des jours que tu te prélasses. Tu ne sais pas ce que c'est que la fatigue, Ronney. Tu ne gères rien !

Irritée par ces propos, je levai des mains impuissantes au-dessus de moi.

— Tu as raison, je n'en sais rien. Je rentre chez moi, Yeraz. Fais ce que tu veux, je m'en fous. Ça ne me concerne pas. Va te faire foutre !

Camilia tenta de me retenir, mais je ne voulais pas rester plus longtemps en face de lui. Toutes ces histoires qui n'étaient pas les miennes m'épuisaient. Je savais que je serais convoquée dans les heures ou les jours à venir pour m'expliquer sur la relation que j'entretenais avec son fils. Comment allais-je me justifier ? Moi-même, je n'avais aucune idée de comment qualifier ce lien si étrange avec lui. Il n'y avait à la fois rien et tout, entre nous.

Ugly Ronney T1 : mafia romance [Français]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant