Chapitre 19-6

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Le temps s'arrêta au moment où je m'assis devant le grand miroir. Un attroupement se forma autour de moi. Tout ce monde savait exactement où se placer et quoi faire. Je n'arrivai pas à suivre leur échange d'informations qui était trop technique pour moi. Je fis machinalement ce que l'on me demandait. Tendre ma main pour poser le vernis, pencher ma tête vers l'arrière ou vers l'avant. Fermer les yeux, les rouvrir. Ghita me servait mes verres de Vodka en prenant soin de vérifier que je ne franchissais pas la limite du raisonnable.

Peter, impitoyable, supervisait les équipes. Les rôles s'étaient inversés, Camilia était aux ordres de Peter et obéissait à la moindre de ses exigences. Mon cerveau était comme déconnecté, j'étais dans un brouillard total sans réaliser ce qui se passait.

Le rideau noir me séparait du podium, derrière moi. Peter me parlait, mais je l'entendais à peine. Mon cœur battait à cent pulsations par minute.

— Je ne peux pas, je vais me ridiculiser, bredouillai-je, tremblante.

Le front soucieux, l'assistant de Camilia, méthodique et précis, passa une dernière fois en revue ma coiffure, mon maquillage et ma tenue si... indécente. Il posa ses mains sur moi et me fixa sans ciller.

— Vous êtes de loin ma plus belle réussite, Ronney. J'ai vu beaucoup de femmes dans ma vie, mais peu qui vous arrivent à la cheville, ce soir. Alors vous allez vous éclater, vous allez bouger vos hanches jusqu'à faire rougir tout Asylum. Ce n'est pas tous les jours qu'on assiste à la naissance d'une étoile.

Je levai mes yeux au-dessus de son épaule. Camilia joignait ses mains sur sa poitrine en approuvant les paroles de Peter. Elle sourit, puis respira à fond comme pour ne pas pleurer. Le regard de ses filles était rempli d'admiration. Ghita s'approcha de moi et posa à terre une paire de chaussures à talons aiguilles ornée de diamants. Elle me les attacha et se releva en posant délicatement sa main sur mes longs cheveux noirs, détachés.

— Ils sont magnifiques, dit-elle, émue.

Peter interrompit le moment émotion.

— Bon, c'est au tour de Ronney de défiler, alors laissons-la se concentrer, merci.

Je me retournai. Une chanteuse commença à chanter, sur le podium, de l'autre côté du rideau. Les verres de Vodka m'avaient un peu détendue, mais une part de moi restait tétanisée, paralysée par la peur. Mon pouls ne ralentissait toujours pas et mes jambes menaçaient de s'écrouler sous mon poids. J'étais sur le point de m'évanouir.

La chanson se termina trop rapidement à mon goût, j'aurais voulu plus de temps. Je fermai les yeux et fis le vide dans mon esprit. J'entendais de très loin les applaudissements de la salle.

— Respire, murmurai-je, respire, respire.

Je pris une profonde inspiration et rouvris les yeux. Le rideau s'écarta et les spots de lumière arrivèrent sur moi. Je levai ma tête et posai une main sur mes hanches avant de partir défiler, portée par les cris d'encouragement, derrière moi.

Ce soir, ugly Ronney tira sa dernière révérence pour ce que j'appelai ma renaissance.

Ugly Ronney T1 : mafia romance [Français]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant