Chapitre 21-4

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Le type de l'accueil me surveillait d'un regard en biais. Il ressemblait à un surfeur australien avec ses cheveux blonds décolorés, son teint bronzé et ses yeux d'un bleu transparent. Je ne tenais pas en place et parcourrais l'endroit en consultant ma montre toutes les deux secondes. Soudain, Peter apparut, une serviette enroulée autour de la taille et des claquettes aux pieds.

— Bon sang, Ronney, que faites-vous au club de sport de Zeus ? Vous m'interrompez en plein Jack off Party. J'avais enfin réussi à me retrouver à côté d'Orlando.

— Je n'en ai pas pour longtemps. Dites-moi où est Yeraz.

Choqué, Peter se mit à regarder partout autour de lui avant de m'entraîner dans un coin, un peu plus loin.

— Je ne sais pas où il est, chuchota nerveusement l'assistant de Camilia.

Je secouai la tête, déçue de sa réponse.

— Peter, vous savez tout. Aucune information ne vous échappe. Merde, c'est votre marque de fabrique après tout !

Peter passa une main sur son crâne avant de venir planter son regard dans le mien.

— Êtes-vous sûre de vraiment vouloir le savoir, Ronney ? Allez-vous enfin vous battre pour lui ?

Je levai mes mains en l'air en hurlant :

— Ai-je l'air de plaisanter, Peter ? Je viens de planter toute ma famille pour cet homme.

Il esquissa un petit sourire satisfait.

— Vous en avez mis du temps !

Il s'approcha de moi et murmura :

— Je ne sais pas où il se trouve. Monsieur Khan, là-dessus, n'a fait aucune erreur. En revanche...

Tel un agent secret, il jeta un nouveau regard autour de lui avant d'ajouter :

— Il a manqué de vigilance, une seule fois. J'ai la trace d'un numéro. Peut-être qu'avec un peu de chance, cette ligne fonctionne toujours.

Je fermai les yeux, soulagée et reconnaissante.

Le bruit de la pluie résonnait contre l'habitacle de la voiture. Stationnée sur le parking du club de sport, je fixai le numéro sur le bout de papier que Peter m'avait donné. Je venais de raccrocher avec Bergamote et Alistair. Je ne savais pas où me mènerait tout ça, mais j'avais eu besoin de leur dire ce que je ressentais. Comme d'habitude, ils m'avaient comprise. Je les portais dans mon cœur et les porterais toujours à cet endroit. Rien ne changerait ça.

Je rassemblai mon courage et composai le numéro. Mon pouls s'affola aussitôt. La boule au fond de ma gorge grandissait au fur et à mesure des secondes qui passaient. Chaque sonnerie qui retentissait était plus angoissante que la précédente.

La voix du répondeur automatique anéantit tous mes espoirs. Je regardai le ciel à travers le pare-brise et décidai de laisser tout de même un message, la voix remplie d'émotion :

— C'est moi, écoute-moi jusqu'au bout. Il n'y a pas eu d'au revoir entre nous et je le vis très mal, chaque jour. Je vis mal ton absence. Tout le monde me dit que je finirai par guérir avec le temps, que j'ai eu de la chance d'avoir pu aimer autant quelqu'un dans ma vie. Seulement, j'en ai marre d'entendre ça. Je suis malheureuse, inconsolable.

Les mots se bousculaient dans ma bouche sans que je ne puisse les arrêter :

— Il n'y a rien qui puisse me soulager à part toi. J'ai si mal, Yeraz, même quand je dors, j'ai mal. C'est au plus profond de moi. Je ressens cette douleur jusque dans mes entrailles. Ne me laisse pas, je t'en supplie ou je pourrai en mourir. J'ai l'impression de devoir supplier tous les jours mon cœur de continuer à battre. Si je ne suis pas morte, cette nuit-là, au club, c'est pour toi, mais je t'avoue que j'aurais préféré, car personne ne pourrait supporter la douleur que je supporte en ce moment. Je suis au club de Zeus, sur le parking. Je t'attends. Je t'attendrai toute ma vie, s'il le faut.

Je raccrochai et restai assise là, à écouter le bruit sourd de la pluie pendant des heures, jusqu'à ce que la nuit tombe, jusqu'à ce que mes yeux rouges, à force d'avoir trop pleuré, se ferment de fatigue.

Le bruit d'un moteur de voiture me tira de mon sommeil. À moitié endormie, je regardai l'heure sur le tableau de bord. Il était deux heures passées du matin. Dehors, il pleuvait toujours autant. Je mis les mains devant mes yeux pour me protéger de la lumière éblouissante des phares de la voiture d'en face.

Un infime espoir revint en moi. Je descendis du véhicule, les jambes flageolantes. L'eau ruisselait sur mon visage. Je m'approchai de la berline noire, le souffle de plus en plus court.

En ouvrant la portière, je fus surprise de trouver Isaac, seul, au volant. Avec un signe de tête, il m'invita à prendre place à l'arrière.

— Où allons-nous ? osai-je demander quand il démarra.

— Au Texas, miss Jimenez. Je connais quelqu'un qui tient un ranch, dans le coin et qui m'a demandé de passer vous prendre. Vous n'y voyez pas d'inconvénient ?

Je souris et me calai au fond du siège en rejetant ma tête en arrière.

— Non, Isaac. Aucuninconvénient.

Ugly Ronney T1 : mafia romance [Français]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant