Chapitre 5-3

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— Mais qu'est-ce qui t'arrive aujourd'hui, Ronney ? Nous en sommes à la huitième prises et tu n'arrives toujours pas à caler correctement la voix de Minnie la petite souris !

Tonio était furieux. Il arpentait la pièce en levant les bras, prêt à jeter l'éponge.

— Un peu d'indulgence, répliqua Logan. C'est la première fois que Ronney a du mal avec une séance d'enregistrement. Elle doit être fatiguée. Sa semaine a été harassante et en plus, elle travaille pour un sacré connard !

Je faillis m'étouffer sur place. Avec un petit sourire crispé et forcé, je remerciai mon collègue de venir à mon secours sans oser tourner mon visage vers Yeraz.

— Oui, je le vois bien qu'elle est fatiguée. Elle a des cernes aussi profonds que des tranchées, on dirait une échappée du camp d'Auschwitz !

J'aurais voulu leur expliquer que l'homme qui se trouvait avec nous était la raison de ma déconcentration. Partager l'air que je respirais avec lui m'étouffait et entendre ses petits ricanements pendant que je doublais Minnie m'insupportait. Mais une fois encore je choisissais le silence, une fois encore je ne me défendis pas. Je remontai mes lunettes et laissai Tonio me mettre en pièce avec les mots. Je devais me reprendre sinon Yeraz réussirait en moins de temps qu'il faudrait à me faire virer de Red Chanel.

Je regagnai la sortie de l'immeuble au bord de la crise d'hystérie. Toute cette mascarade m'avait coupé l'appétit.

— Alors, où allons-nous maintenant ?

Toi, ta gueule ! Je mis rageusement mon casque sur ma tête et me retournai vers Yeraz en lui décrochant un regard lourd d'avertissements. Un rictus provocateur se dessina au coin de ses lèvres. Je répondis sur un ton le plus modéré que possible :

— Nous n'allons nulle part ensemble ! Je rentre chez moi et vous, allez tuer qui vous voulez en attendant.

Bouillante de rage, je montai sur ma mobylette sûre de moi et la démarrai sauf qu'elle choisit de m'abandonner à ce moment-là.

— J'ai l'impression que votre carcasse vient de rendre l'âme.

Il était encore là.

— Non ! Elle est juste capricieuse.

J'espérais que mon ton acide suffirait à le faire dégager du trottoir, mais Yeraz restait planté là, à savourer chaque seconde du spectacle. Allez, démarre. Tu ne peux pas me laisser comme ça, avec LUI.

Je descendis de ma mobylette et sortis mon téléphone de mon sac pour commander un Uber.

— Je vais vous ramener.

Suspicieuse, je le regardais en coin. Était-ce moi qui me faisais des films ou semblait-il avoir du mal à m'abandonner dans ces conditions ? Finalement, je dus me résoudre à accepter sa proposition à contrecœur, le risque que mon paiement soit refusé était trop gros et j'aurais été encore plus ridicule dans ce cas.

Ugly Ronney T1 : mafia romance [Français]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant