Ugly Ronney T1 : mafia romance [Français]

Chapitre 3-7

Je marchai sur des jambes qui ne me tenaient presque plus debout jusqu'au fond du restaurant, là où se tenait mon père, derrière le grand comptoir. Toute la décoration venait principalement du Costa Rica. Le client pouvait ainsi avoir l'impression de s'évader, le temps d'un bon repas avec le buffet à volonté.

— Ronney ! Je suis heureux de te voir. Viens par ici.

Mon cœur s'allégea en voyant la joie inonder le visage de mon père éclairant ses yeux bruns luisants. À peine âgé de cinquante ans, il paraissait en avoir que quarante. Mon regard se posa sur ses cheveux sombre et épais, superbes, rejetés puissamment en arrière. Il me tenait ouvert le battant de la porte afin que je le rejoigne. Au loin des mains de fidèles clients me saluaient, contents de me voir aussi. Ma mère, quant à elle, s'activait à ravitailler le buffet qui se vidait à toute vitesse. De là où j'étais, je ne distinguais que sa longue chevelure noire qui coulait le long de sa nuque et venait s'écraser au milieu de son dos.

— Alors, comment se passe le travail ?

Tout en me parlant, mon père s'occupait de préparer les cocktails. Machinalement, je lui apportais mon aide et lui tendis les tranches d'ananas.

— J'ai juste envie de pleurer de fatigue. Le restaurant à côté c'est beaucoup moins usant. Plus jamais je ne me plaindrais.

Mon père me jeta un regard inquiet à la dérobé.

— Vraiment ? Tu dois faire attention. La santé avant tout ! Écoute, si c'est pour l'argent que tu t'inquiètes, il ne faut pas. Nous nous sommes toujours débrouillés jusqu'à présent.

Sa main pressa mon bras. Après un court silence, il ajouta :

— Tu dois faire ta vie. C'est important.

Je m'efforçai de garder le moral devant lui. Mon mutisme ne le surprit guère. Je n'étais pas du genre à m'étaler sur mes sentiments ni sur les détails de mon existence. Je me dirigeai vers l'entrée de la cuisine et de nombreux souvenirs surgirent dans ma mémoire. De beaux souvenirs lorsque j'étais petite. J'aimais essuyer la vaisselle, ici, avec ma mère. À cette époque, la maladie de mon frère n'avait pas encore frappé à la porte de nos vies.

— Elio dort déjà ?

Je me retournai vers mon père et attendis sa réponse.

— Non, je ne pense pas. Monte le voir, ça lui fera plaisir.