Ugly Ronney T1 : mafia romance [Français]

Chapitre 17-1

Encore à moitié endormie, j'avais du mal à répondre aux nombreuses questions d'Ashley et de Timothy. Leurs voix résonnaient dans l'immense salle de réception prestigieuse située dans un château en dehors de la ville. L'architecture était époustouflante avec un sublime mariage de marbre et de verre. Il y aurait lors de cette soirée, un éclairage feutré, un orchestre et aussi un défilé impressionnant de gens appartenant à la haute société.

À l'entrée, des portraits de personnalités mythiques ornaient les murs et un tapis rouge montrait le chemin à emprunter aux futurs convives. Dehors, le magnifique jardin à la française sublimait ce lieu unique avec une multitude de fleurs et d'arbres qui parfumaient l'air à chaque brise.

J'observais depuis la terrasse du château cette vaste étendue de verdure qui sommeillait encore aux premières lueurs de l'aube. Brusquement rappelée à la réalité, je répondis à la question d'Ashley :

— Camilia pense que vous vous débrouillez très bien, tous les deux, avec les affaires de Yeraz et que je serai plus utile auprès des filles.

Mon assistante s'accouda sur la rambarde en pierre et tourna sa tête vers moi. J'évitai soigneusement de croiser son regard pour empêcher qu'elle lise toute la peine que j'avais à les quitter. Depuis cette annonce, hier, je me forçais à faire bonne figure.

— Il n'y aura plus personne pour lui tenir tête dans la maison.

Des morceaux de souvenirs me revinrent : ma rencontre avec elle, les heures passées dans les dossiers, nos repas dans la cuisine. Je m'arrachai à la contemplation du jardin et posai mes yeux sur son teint à peine poudré. Aucune mèche rebelle ne dépassait de sa longue chevelure blonde impeccablement coiffée.

— Veillez sur lui, Ashley.

Elle fit une petite grimace comme si je lui demandais l'impossible. Pourtant, je savais que mes deux assistants étaient dévoués à leur travail ainsi qu'à leur boss. Je laissais Yeraz entre de bonnes mains. J'ajoutai :

— Profitez-en pour, je ne sais pas, cacher ses dossiers, renvoyer ses appels. Dites au pressing de teindre ses costumes noirs en bleu ou beige.

Ashley éclata d'un joli rire cristallin.

— Qu'est-ce qui vous fait rire autant ?

Timothy venait de nous rejoindre avec un classeur à la main.

— Ronney me listait les différentes choses à faire pour nous faire virer en même pas une heure.

— La liste doit être longue ! répliqua Timothy dans un long soupir. En revanche, pour garder votre boulot, les filles, il y a une chose que vous pouvez faire, maintenant.

Nous l'interrogeâmes du regard.

— Rappelez le service d'ordre et les femmes de ménage. Ghita a perdu une boucle d'oreille en diamant Golconda et entourée d'un cadre en or blanc quand elle est passée au château, hier.

Ashley émit un petit gémissement agacé.

— Bon sang ! Tous ces bijoux hors de prix sont assurés. Elle n'a qu'à faire marcher sa compagnie d'assurance !

Timothy sortit son téléphone de sa poche et le tendit à Ashley.

— Exactement ! Je te laisse le soin de le lui dire.

Elle lui tira la langue comme seule réponse. Je ris puis, affectueusement, je mis une main sur l'épaule d'Ashley.

— Allons la chercher, cette boucle d'oreille.

Nous entrâmes dans le château. Mes yeux se posèrent sur le lustre, au milieu de la salle. Mon dernier entretien avec Camilia me revint en mémoire. Mon nouveau travail d'assistante serait en tout point différent de celui auprès de son fils. Elle m'avait avertie que ses filles étaient capricieuses avec des emplois du temps compliqués. L'image de marque qu'elles véhiculaient ne devait pas être ternie par des détails. Peter devait par conséquent s'occuper de ma garde-robe durant la semaine. L'idée ne m'enchantait pas, mais je n'étais pas en mesure de négocier quoi que ce soit à ce stade. C'était soit ça ou je perdais mon boulot ce qui voulait dire que je n'aurais plus les moyens de payer le traitement et les soins médicaux d'Elio. Mon existence manquait peut-être de gaité, mais sûrement pas d'action ni de rebondissement en ce moment.