Je fus soulagée de tomber sur Peter dans une des chambres à l'étage avant que Camilia demande à me voir.
— J'ai besoin d'habits !
Peter se figea quand il se retourna. Décoiffée, mon allure négligée indiquait que je n'étais pas rentrée chez moi cette nuit. La chemise de Yeraz, que je n'avais pas eu le temps d'arranger, retombait sur la combinaison que j'avais portée la veille.
Peter se frotta le front.
— Ronney, vous allez finir par me provoquer une crise cardiaque. Un peu de glamour dans votre vie ne sera pas du luxe !
— Dépêchez-vous de me donner des habits. Camilia va bientôt monter.
— Où voulez-vous que je trouve un pantalon de taille XXL ainsi qu'un haut sorti tout droit d'une boutique de farce et attrape ?
Je le fusillai du regard en le menaçant avec mon doigt.
— Je prendrai ce que vous me donnerez, OK ? Trouvez-moi des vêtements !
Peter me décocha un coup d'œil qui semblait signifier : « j'ai la tenue qu'il vous faut ». Il quitta la chambre et revint quelques minutes plus tard, l'air satisfait. Je me rongeai les ongles, redoutant de découvrir ce qu'il m'avait choisi. Sur le lit, il déposa délicatement un pantalon blanc écru, un peu large, taille haute, au toucher légèrement granuleux avec un ravissant chemisier, ample aussi et arborant un petit nœud noir sur le devant. Mes yeux se posèrent au pied du lit où une paire de ballerines vernies complétait l'élégante tenue.
J'adressai un petit sourire de remerciement à Peter. Il aurait pu en profiter pour me vêtir comme bon lui semblait, mais il avait tenu compte de ma grande pudeur et de mes complexes. Soudain, nous entendîmes au rez-de-chaussée la porte du bureau de Camilia claquer. Le sang quitta mon visage. Je me dépêchai de me déshabiller et d'enfiler ma nouvelle tenue. Peter m'aida avec le chemisier, puis prit les vêtements que j'avais laissés au sol pour les rouler en boule avant de les cacher derrière la porte. J'eus juste le temps de glisser mon pied dans la seconde ballerine lorsque Camilia ouvrit la porte.
Mon cœur battait à tout rompre. Elle baissa son visage pour m'examiner de la tête aux pieds, les yeux au-dessus de ses verres de lunettes. La femme d'affaires essaya de dissimuler son étonnement, mais le frémissement aux commissures de ses lèvres trahissait une certaine satisfaction.
— Vous êtes tout en beauté, Ronney.
Son compliment me mit mal à l'aise. Je m'empourprai avant de réussir à articuler un merci timide.
Sans perdre de temps, elle porta la conversation sur le programme de la journée. Elle voulait que je contacte le service de presse afin de leur transmettre le papier qu'elle avait préparé sur la soirée du vingt-trois décembre. Je devais ensuite faire passer en fin de matinée des entretiens pour trouver la nourrice idéale pour Jalen, la fille d'Aaliyah.
— Sur cette feuille, vous avez les qualités que ma fille demande pour ce poste. Je me suis permis d'en rajouter quelques-unes.
Elle me tendit les notes que je consultai immédiatement. La liste des avantages et des inconvénients était longue. Comment allais-je trouver la nourrice idéale avec autant d'exigence ?
— Il faudra aussi que vous vous rendiez en ville, poursuivit Camilia. Les copines d'Aaliyah débarquent ce soir chez elle. Une nutritionniste vient leur faire un cours de cuisine. Je vous ai transféré le mail avec la liste des courses à faire.
Je hochai la tête, pensant qu'elle arrêterait là, mais elle continua :
— Cyliane vous attend chez elle. Elle a besoin que vous vous rendiez chez son avocat pour récupérer un dossier juridique et que vous le lui rapportiez. C'est pour une future collaboration avec Netflix.
Elle se tourna ensuite vers son assistant qu'elle gratifia d'un sourire.
— Bonjour, Peter. Alors, cette Jack off Party ?
J'ouvris de grands yeux. Camilia était au courant de ses pratiques étranges et ne semblait pas être choquée le moins du monde, bien au contraire. Peter haussa les épaules et répondit avec un brin de déception dans la voix :
— J'ai connu mieux. J'espérais voir Orlando, mais il était absent.
Camilia lui adressa un regard compréhensif.
— Ce sera pour la prochaine fois.
Je quittai la pièce, gênée. Je n'avais pas envie d'entendre les détails de cette conversation loufoque entre Camilia et lui. Décidément, chaque jour j'avais mon lot de surprises.
Au moment de partir de la maison, Camilia me rattrapa à la porte, le regard implorant.
— Ronney, il y a une urgence. Pouvez-vous passer chez Ghita, s'il vous plaît ? Elle devait se rendre au local il y a une heure pour vérifier les tailles de sa ligne de vêtements, mais personne ne l'a vue. Elle ne répond pas non plus sur son téléphone. Tout le monde la cherche partout.
Son inquiétude était sincère, le ton de sa voix ne permettait pas de s'y méprendre.
— J'y vais tout de suite. Je vous appelle dès que j'ai du nouveau.
— Merci.
Elle ne referma pas la porte tout de suite derrière moi. J'appréhendais cette longue journée de travail et devoir en plus convaincre Ghita de se rendre à ses rendez-vous, rendait les choses encore plus ardues.
Il y avait du monde déjà sur place. Bientôt, ils lanceraient un avis de recherche sur toutes les chaînes d'information du pays pour retrouver Ghita. À l'intérieur, ses amis ainsi que des employés fouillaient tous les recoins de la maison. C'était quoi la prochaine étape ? Faire une battue dans son jardin ?
Soudain, Adèle, la maquilleuse de Ghita que j'avais vue la première fois que j'étais venue ici pour livrer les fleurs de Yeraz, s'approcha de moi avec un air surpris sur le visage.
— Ronney, je ne vous avais pas reconnue habillée comme ça. Voulez-vous boire quelque chose ?
Sa voix était apprêtée avec une articulation parfaite. Y avait-il des gens naturels à Asylum ?
— Oui, un verre de vin rouge, merci.
Interloquée, Adèle cligna des cils.
— Un verre de vin ? Il est tôt. Êtes-vous sûre ?
Elle tentait de sourire naturellement, mais ça ne lui allait pas.
— Non, vous avez raison. Je vais prendre la bouteille.
La coiffeuse recula ses épaules et regarda autour d'elle. Elle s'humidifia les lèvres et hocha la tête avec toujours ce sourire hypocrite collé sur son visage avant de partir d'un pas pressé chercher ce que je lui avais demandé.
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Ugly Ronney T1 : mafia romance [Français]
RomanceRonney est une jeune femme introvertie au physique disgracieux. Elle vit très modestement dans un des quartiers les plus pauvres de Sheryl Valley, une ville gangrénée par la mafia au sud de la Californie. Sans diplôme, elle travaille dur dans le res...