J'avançai au milieu de la chambre, plongée dans un silence particulier où une atmosphère reposante régnait à l'intérieur. La pleine lune éclairait la pièce d'une lumière blanche, apaisante. Je balayai l'endroit des yeux, la commode en verre où étaient rangées les armes avait disparu.
Je m'assis sur le bord du lit, j'étais exactement là où je voulais être. Je caressai les draps en soie noirs. Des plis se formèrent, donnant l'illusion d'une multitude de vagues dans un océan où je pouvais me noyer. Je posai ensuite mon regard sur la cheminée électrique qui était allumée. Une douleur lancinante se propageait dans ma poitrine depuis ce week-end et n'arrêtait pas de progresser au fil des heures qui passaient. Son absence et son silence m'étaient insupportables.
Je me relevai et partis en direction de la salle de bain. À l'intérieur, j'enlevai mes vêtements puis entrai me blottir sous le pommeau de douche. La sensation de l'eau sur mon corps me procura une sensation de planitude réconfortante après une journée chargée de travail. Je fermai les yeux pour apprécier ce moment.
Le dressing était rempli des costumes de Yeraz. Je caressai les manches de ses chemises qui dépassaient. Tout était soigneusement repassé et rangé dans un ordre strict.
J'enlevai ma serviette autour de moi puis enfilai une de ses chemises blanches qui m'arrivait à mi-cuisse. J'avais l'impression d'avoir un petit bout de lui.
Yeraz allait passer une bonne partie de la nuit au club et pourtant je l'attendais depuis des heures. Je luttai contre le sommeil, mais il finit par me gagner. Allongée sur le lit, mes paupières lourdes se fermèrent et je sombrai dans un profond sommeil.
Une caresse, un souffle, ce contact sur ma peau me réveilla. Il était là, assis au bord du lit et me contemplait avec une telle détresse, une telle souffrance au fond de ses prunelles si noires.
— Tu ne devrais pas être là, Ronney.
Il effleura ma joue du bout de ses doigts. La lumière dans la pièce avait changé, le jour se levait.
— Je n'y arrive pas, Yeraz, murmurai-je comme pour ne pas troubler les dernières minutes de cette nuit. Je sais que je devrais garder mes distances, que le risque est immense, mais ça me fait trop mal.
Aurais-je pu lui dire tout ça si nous avions été ailleurs qu'ici ? Dans cet instant où la nuit avait le pouvoir de délivrer nos mots ? Je ne pensais pas. Tout était réuni pour laisser nos cœurs parler et j'espérais qu'il allait le faire. Il ferma les paupières à demi et répondit :
— Tu es comme les autres femmes, tu en veux toujours plus et je suis incapable de te donner ce que tu désires.
— Suis-je vraiment comme les autres femmes ?
Ma voix mourut dans ma gorge. Yeraz soupira, il n'avait pas la force de détourner le regard. Ses yeux cillèrent.
— J'aurais aimé que tu le sois, ça m'aurait évité bien des problèmes.
— La fusillade ?
Yeraz hocha doucement la tête.
— Entre autres.
— Était-elle vraiment nécessaire ? Toute cette violence, ça ne t'épuise pas ?
— Je serai bientôt à la tête de cet empire, Ronney. Je devais envoyer un message à nos concurrents. Hamza est une personne sage qui aime parler et négocier, pas moi.
Une seconde, son visage changea. J'eus l'impression qu'il allait ajouter quelque chose, mais il s'abstint.
— Il n'y a donc aucun espoir que tu renonces à tout ça ? soufflai-je, redoutant sa réponse.
Il fit non de la tête. Je tournai mon visage sur l'oreiller pour qu'il ne voie pas mes yeux se mouiller. Qu'est-ce que ça faisait mal !
— Ronney, donne-toi une chance de vivre une belle vie, avec quelqu'un qui pourra te rendre heureuse. Tu ne mérites pas ça. Mon empire est un royaume où il n'y a pas la place pour une reine.
Sa main se posa sur ma joue et m'obligea à tourner la tête pour le regarder de nouveau. Les yeux humides, j'essayais de retenir mes larmes. La douleur se peignit sur ses traits.
— Je t'aime, prononçai-je d'une voix à peine audible.
Yeraz ferma les paupières, très fort, comme s'il redoutait ces mots puis il se leva brusquement, se passant une main sur le visage.
— Ne dis pas ça ! Tu ne sais pas ce que tu dis. Je ne serai jamais celui que tu veux que je sois. L'amour et la paix ne m'intéressent pas dans ce monde. Le pouvoir, oui.
Nos mondes étaient si différents, c'était vrai. Il pouvait mourir à tout moment, mais ça lui importait peu. J'étais anéantie à l'idée de devoir le quitter. Pourquoi étais-je tombée amoureuse d'un homme comme lui ? Une part de moi savait qu'arrêter cette relation toxique était la meilleure chose à faire. La voix tremblante d'émotion, je demandai :
— Peux-tu m'accorder ce dernier moment avec toi ? Après, je te laisserai poursuivre ta vie, je te laisserai partir.
Yeraz hésita un instant puis ravala un gémissement de frustration. Il monta sur le lit et posa ses lèvres sur les miennes avec une grande douceur. Tandis qu'il m'embrassait avec désir, son torse puissant vint se plaquer contre moi. Son cœur martelait sa poitrine. Une chaleur se propagea dans mon corps, atténuant un peu ma douleur. Sa main caressa mon cou puis glissa sur mes seins avec une lenteur délibérée avant de venir soulever ma chemise et se glisser en dessous. Je respirai difficilement entre la rudesse de ses baisers et le désir fou qui m'assaillait. J'enroulai mes jambes autour de lui tandis que sa main descendait au creux de mes reins pour me plaquer un peu plus contre lui. Un frisson de volupté me parcourut. Je me cambrai provoquant son empressement. Yeraz commença à se déshabiller tout en détachant très peu ses lèvres des miennes. Je déboutonnai avec son aide ma chemise, puis sa bouche parcourut ma peau jusqu'à se refermer sur mon sein. Un gémissement s'échappa de ma gorge. Je sentais chacun de ses muscles rouler sur ma peau. Il glissa alors une main entre mes cuisses pour me caresser délicatement. Lorsque ses doigts me pénétrèrent, mon corps bascula dans l'extase avec de grands soupirs. Yeraz parcourut ma peau de baisers jusqu'au bas de mon ventre puis sa bouche vint embrasser mon intimité. Le visage rejeté en arrière, je cherchai désespérément mon souffle. Sa langue dans les plis les plus secrets de ma chair me faisait complètement perdre le contrôle de moi-même.
Sentant qu'il allait bientôt m'emmener à l'orgasme, Yeraz se replaça au-dessus de moi et me pénétra d'un lent coup de reins. Contrairement à la dernière fois, ses mouvements étaient appliqués, réguliers et d'une délicatesse rare. Son regard accrocha le mien. Il était si électrique, si sombre, si dominant et à la fois brillant d'adoration. Ivre de plaisir, je l'appelai dans des cris. Yeraz ramena mes mains au-dessus de ma tête et enfouit son visage au creux de mon cou pour respirer l'odeur de ma peau.
Je profitai de chaque seconde qui se faisait plus fiévreuse en sachant qu'après cet instant si précieux tout serait terminé. Yeraz ne reviendrait pas sur sa décision.
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Ugly Ronney T1 : mafia romance [Français]
Roman d'amourRonney est une jeune femme introvertie au physique disgracieux. Elle vit très modestement dans un des quartiers les plus pauvres de Sheryl Valley, une ville gangrénée par la mafia au sud de la Californie. Sans diplôme, elle travaille dur dans le res...