Chapitre 6-5

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Mes parents nous avaient laissés tranquilles. Yeraz jouait le jeu en répondant aux questions de ma famille. Pour ma part, j'extrapolai toujours un plan pour m'échapper de cette cousinade.

— As-tu déjà vu Ronney enregistré au studio ?

Olivia avait posé cette question avec plein d'animosité.

— Une fois. D'ailleurs, j'ai bien rigolé ce jour-là. Elle a dû croire que je me moquais d'elle.

— Ça ne surprendrait personne, intervint Gabriella avec un rire mauvais. Ça doit valoir le détour.

J'allais baisser les yeux, vexée, mais c'est Gabriella qui les baissa avant moi, presque tétanisée. Je connaissais trop bien ce visage. Beaucoup de gens affichaient cet air après s'être entretenus avec Yeraz, lors d'une réunion ou d'un repas d'affaires. Gabriella venait de recevoir le regard le plus noir et le plus impitoyable qui soit, celui qui faisait courber l'échine sans même ajouter une parole avec.

— Ronney est une merveilleuse comédienne. L'entendre m'a fait oublier quelques instants mon quotidien. C'était une jolie parenthèse dans cette journée un peu sombre.

Je cessai de respirer. Même s'il jouait son rôle à la perfection, ses paroles prononçaient avec une pointe de tristesse, me remuèrent toute entière. Il tourna sa tête dans ma direction pour plonger son regard si profond dans le mien. Une vague de mélancolie semblait déferler sur lui.

Durant plus d'une heure, Yeraz continua d'endurer les questions de mes cousines, même les plus indiscrètes. Il répondait le plus souvent brièvement ou lançait des bribes de renseignements avant de passer à un autre sujet.

— À son quatrième anniversaire, Ronney a reçu la poupée d'Ariel. Le personnage de la petite sirène dans Disney. Seigneur, elle regardait ce film d'animation en boucle, racontait Aïdan.

De mon côté, je me remémorai ces bons souvenirs de mon enfance avec nostalgie.

— Qu'est-ce qu'elle a pu nous casser les pieds avec ça ? ajouta Carolina d'une voix déplaisante.

Aïdan ne prêta pas attention à la remarque de notre cousine et continua :

— Elle promenait cette poupée partout avec elle. C'est Ariel qui lui a donné cette passion pour les doublures de voix des films d'animation.

— Et cette poupée, qu'est-elle devenue ? demanda Yeraz.

— Louis lui a rasé la tête avant de la décapiter avec un couteau de cuisine.

La révélation de Carolina amusa tout le monde, sauf moi. Je me souvins alors de l'immense douleur que j'avais ressentie quand ma mère avait jeté ma poupée devant moi, à la poubelle, sans une seule parole réconfortante à mon égard.

La sonnerie de téléphone de Yeraz retentit à cet instant. Il le sortit de sa poche et fronça les sourcils, l'air contrarié. Il hésita un instant à répondre. Finalement, il s'excusa auprès du petit groupe puis se leva pour partir prendre cet appel, visiblement important.

— Eh bien, Ronney. Tu nous as tous surpris aujourd'hui avec ton Giovanni, déclara Olivia avec une pointe de jalousie dans la voix.

Les doigts allongés devant ses yeux, elle admirait son vernis.

— Elle a peut-être payé ce mec pour qu'il se pointe ici, pour se venger de quelqu'un en particulier répondit Louis sur un ton sarcastique.

Tous les regards se tournèrent vers Carolina et Caleb. Les joues du jeune homme s'empourprèrent. Ma cousine souleva les épaules avec un petit sourire mauvais avant de lancer :

— Ronney n'a pas un rond et ce mec n'est sûrement pas avec elle pour son argent.

— Ni pour son physique, ajouta Gabriella.

Les rires fusèrent de plus belle. Je me levai brutalement du banc et partis sans même répliquer. Carolina retint Caleb pour éviter qu'il ne me suive.

Ugly Ronney T1 : mafia romance [Français]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant