Chapitre 15-5

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Je fermai les paupières dans une demi-torpeur. Mon cerveau prit un temps fou à se reconnecter à la réalité. Ma mère, encore pétrifiée, se tenait contre mon frère. Lui-même demeurait grave et préoccupé. D'un coup, une idée me frappa, une idée qui suscita en moi un sentiment proche de l'horreur, mais que ma raison approuva. Une Ronney sombre, meurtrie, faisait petit à petit surface. Cette femme dont je ne connaissais même pas l'existence se présenta à moi en me demandant de lui laisser les commandes.

Sans réfléchir, je partis d'un pas précipité vers la sortie. Mon père accourut vers moi pour me retenir juste à temps avant que je ne franchisse les portes du restaurant. Il me décrocha un regard interrogateur.

— Je vais régler ça, papa ! Donne-moi les clefs de ta voiture.

Mon père accueillit mes paroles avec stupeur.

— Es-tu devenue folle ? Je ne laisserai pas ma fille se faire massacrer. Reste avec nous ! Tes oncles ne vont pas tarder à arriver pour nous aider à remettre de l'ordre.

— M'as-tu entendu ? Laisse-moi passer ! Je pars récupérer ta vie. Il n'y aura pas que nos cœurs qui vont saigner ce soir.

Sentant dans ma voix toute la détermination, il se garda d'insister. À contrecœur, il me tendit ses clefs en me suppliant du regard.

— Ne te mets pas en danger, Ronney. Que comptes-tu faire ? Où comptes-tu aller ?

Tuer Yeraz.

Toujours posté à la porte de l'établissement, mon père me hurlait de revenir, mais je me hâtai vers la voiture, garée au fond du parking.

Le dos courbé, je remontai l'allée de la maison. Je me faufilai à l'intérieur et refermai la porte sans bruit derrière moi. Ashley et Timothy devaient déjà être partis depuis un bon moment. Je travaillais pour Yeraz, je ne risquais pas d'attirer l'attention si l'on me surprenait ici.

Je tendis l'oreille, il n'y avait personne au rez-de-chaussée. Les jambes flageolantes, je me dirigeai à l'étage, dans la chambre de Yeraz, l'estomac en capilotade. Mon pouls battait contre mes tempes, le souffle me manquait.

Dans le couloir, de faibles voix me parvinrent depuis le bureau. Mince ! Yeraz n'était pas tout seul, il devait sûrement être en train de savourer le carnage qu'il avait causé au restaurant. Une colère sourde grondait en moi. Avec des pas légers, je continuai mon chemin jusqu'à sa chambre.

Mon cœur battait à tout rompre lorsque je pénétrai à l'intérieur de la pièce. Je plaquai mon corps contre le mur pour remettre mes idées en ordre. Es-tu sûr de vouloir faire ça ? Je fermai mes paupières. Des picotements au bout de mes membres me paralysèrent un instant. La sueur perlait sur mon front. Le bruit des coups de feu me revint violemment en mémoire ainsi que les visages terrifiés et consternés de mes parents. Ces hurlements, je ne pourrais jamais les oublier. Déterminée, je rouvris les yeux. Ce soir, c'était fini ! La gentille Ronney n'existait plus. Nous allions enfin jouer à armes égales, c'était le cas de le dire. Je me décollai du mur et partis vers le meuble où était entreposée la collection d'armes à feu de Yeraz.

Je poussai la vitre en verre du meuble avec précaution pour ne pas faire de bruits et me mis à parcourir son artillerie. Je savais exactement ce que je cherchais.

Fascinée, je regardais le MAC 50 sous tous les angles. C'était cette arme que Yeraz m'avait mise dans les mains, la même qu'il avait glissé entre mes cuisses. Je chassai ces pensées déviantes de ma tête. Je voulais que ça soit la dernière chose qu'il voit dans ce monde.

Après avoir vérifié qu'elle était chargée, je décidais de m'inviter à leur réunion d'affaires. Assoiffée de vengeance, plus rien ne pouvait m'arrêter.

Ugly Ronney T1 : mafia romance [Français]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant