chapitre 17

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Lorsqu'un serveur passa devant nous, Atanas saisit deux coupes et m'en tendit une. Je la bus rapidement, avide de laisser l'alcool monter à ma tête.

- Dites-moi Aselya, lança un homme en se tournant alors vers moi, j'avais cru comprendre que vous deviez reprendre le rôle de chef à la mort de votre père ?

Je manquais de m'étouffer avec mon champagne tandis que j'avais vraiment envie de lui révéler qu'Atanas n'était qu'un escroc. Puis, je me rappelais du fait qu'il avait parlé de me transformer en sac à mains, et cela me refroidissait instantanément.

Je me contentais donc de hocher les épaules.

- Atanas... est mieux placé que moi pour la diriger, disais-je d'un goût amer.

Ce dernier ne pouvait s'empêcher de sourire.

- Et alors, un mariage est-il à venir ? demanda l'homme.

- Me marier avec lui ? Plutôt mour...

Il me mît un coup de pied sous la table autour de laquelle nous nous tenions encore debout, et je fermais ma bouche en remarquant que j'avais failli faire une énorme bourde.

- Aselya et moi ne sommes que très bons amis. Voyez-vous, je la respecte trop pour la voir autrement qu'une petite sœur à mes yeux.

Je le dévisageais, outrée par le nombre de mensonges qui pouvaient s'échapper de sa bouche aussi rapidement.

- Oh très bien, je n'étais pas au courant de votre proximité, poursuivit l'homme qui ne remarquait rien.

D'ailleurs, c'était à se demander ce qu'un tel idiot faisait ici.

- Oh tiens, fit-il en fixant quelque chose derrière moi.

Atanas et moi nous retournions, mais il n'y avait rien.

- Pardon, je pensais avoir vu quelqu'un.

Je soufflais en le regardant de manière condescendante, puis repris mon verre de champagne et le finissais cul sec.

- Puis-je vous offrir une danse ? me demanda-t-il par la suite.

- Oui.

- Non.

Atanas et moi avions répondu en même temps, et pas la peine de préciser qui avait répondu quoi.

- Bon, si vous changez d'avis je vous attends au bar, dit l'homme avant de s'en aller.

- Si tu me laissais me distraire un minimum au lieu de me menacer sans arrêt, tu aurais plus de chance de te faire parvenir dans mes bonnes graces.

- Ça ne change rien. Tu ne danseras pas avec lui.

- Et si je n'ouvre jamais la bouche ? Je ne peux pas lui dire que tu es un imposteur si je ne parle pas une seule fois.

Il leva les yeux au ciel et passa une main dans ses cheveux noirs. C'était la première fois que je le voyais faire cela.

- D'accord. Mais si je te vois prononcer le moindre mot, je le tuerais et ferais passer ça pour de la jalousie.

Je haussais les sourcils, un sourire triomphant sur le visage. Puis, je le contournais et me dirigeais vers celui qui m'avait proposé de danser en lui lançant une dernière phrase.

- Ne t'inquiètes pas, ce soir je me montrerai très sage.

Et je le quittais du regard pour atteindre mon valseur.

- Alors, on danse ? demanda-t-il, et j'acquiesçais.

Et il m'emmena sur la piste, sous le regard scrutateur d'Atanas. Je le fixais également pour qu'il comprenne à quel point il m'emmerdait.

- Au fait moi c'est Leon, murmura le type au creux de mon oreille, ce qui fit passer un frisson de dégoût le long de ma colonne.

Depuis quand est-ce que les hommes pensaient que lorsqu'on leur tendait un peu de mou, ils pouvaient en abuser sans considération ?

Soudain, mon front se plissa et un soupire de douleur m'échappa. Mon ventre me faisait mal.

- Vous allez bien ? Vous voulez que je vous accompagne vous reposer dans une chambre ?

Je secouais la tête et reposais mes deux mains sur ses épaules pour reprendre notre danse.

Et c'est ainsi que je continuais à danser avec Leon, sous le regard inquisiteur de mon kidnappeur...

DétraquéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant