chapitre 50

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À midi, nous nous installions dans un restaurant italien et heureusement, il n'y avait pas beaucoup de monde. Je détestais la foule.

Aselya commanda du champagne ainsi qu'une salade de tomates et burrata. De mon côté, je prenais des pâtes avec un nom imprononçable.

Tandis qu'elle sirotait son premier verre de champagne, elle m'observait.

- Qu'est-ce qu'il y a ? demandai-je alors.

- Je m'ennuie alors quitte à être en tête à tête, autant discuter. Parle-moi de tes conquêtes. J'ai dû mal à t'imaginer doux ou prévenant avec une femme qui te plaît.

Je haussais les sourcils.

- Je n'ai jamais été doux ou prévenant avec qui que ce soit. Je passe seulement des nuits avec les femmes, jamais des journées. À toi, parle-moi de tes conquêtes les plus marquantes. Je suis sûre qu'il y en a beaucoup.

Ce n'était pas franchement pour juger. Je n'en avais rien à faire du nombre d'hommes avec qui une femme couchait. Ce que j'appréciais, c'était les femmes fortes qui n'avaient pas froids aux yeux, comme celle qui se tenait en face de moi. D'ailleurs, j'étais persuadé qu'elle avait couché avec plus de personnes que moi.

- Le plus marquant c'est ce type avec qui je m'apprêtais à coucher lors de ta soirée de tous les vices qui a bien failli me torturer pour son plaisir tordu.

Un rire m'échappait.

- Ah ouais c'est vrai.

- Ce n'est pas drôle.

- Par contre, la façon dont tu l'as tué avec rage était drôle.

Et vraiment plaisant à regarder. J'avais gardé la vidéosurveillance de ce moment-là. Ça m'excitait particulièrement.

Un groupe d'homme entra dans le restaurant, et elle les regarda avec attention.

- Quoi ? demandai-je.

- Je les connais.

Je me tournais vers eux et les dévisageais.

- Tu les connais d'où ?

- Je suis sortie avec l'un d'entre eux et j'ai donc été amenée à rencontrer ses amis.

Lorsqu'ils l'aperçurent, ils s'approchèrent de nous.

- Aselya, ça faisait longtemps, lança un grand brun en souriant.

- Je peux te dire que tu ne m'as vraiment pas manqué, en tout cas.

- Ah bon ? Et nos parties de jambes en l'air torrides ne te manquent pas non plus ?

- Tu veux dire les baises de cinq minutes à peine où j'étais obligée de me finir toute seule à chaque fois car tu ne parvenais pas à me contenter ? Non, ça va. Je n'ai plus faim, allons-y.

Et sur ces mots, elle s'empara de la bouteille de champagne et quitta le restaurant. Même pas sur les nerfs alors qu'elle avait osé exiger que nous partions, je la suivais à la trace comme un clébard derrière un lapin.

- Dis-donc, il t'a mise de mauvaise humeur à ce que je vois, lançai-je en recevant à sa hauteur.

- Je n'aime pas que l'on me prenne pour une idiote. Au lit, il adorait quand c'était moi qui dominais. Il faisait l'intéressant seulement parce qu'il était devant ses amis. Ce qui est bien, c'est que je ne risque pas ce genre de problème avec toi, tu n'as pas d'amis.

Ça ne me touchait même pas un petit peu. Je ne connaissais pas l'amitié, et ça ne m'intéressait pas.

- D'ailleurs, tu n'as jamais eu d'amis ? me questionna-t-elle.

- Je m'entendais bien avec un gosse dans mon village. Il est mort.

- J'ai l'impression que tes histoires finissent souvent comme ça.

Je haussais les épaules. Le monde de la mafia n'était pas tout rose et c'était en partie de ma faute, alors je n'allais pas pleurnicher. J'avais horreur des gens qui pleurent. Une fois, je m'étais brisé les deux tympans avec des stylos lors d'un vol longue distance ou le gosse d'un otage n'arrêtait pas de brailler. Eh bien ça avait été l'une des meilleures décisions que j'avais prise de ma vie. Cependant, je n'étais pas persuadée que mon audition soit entièrement revenue après cela...

DétraquéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant