chapitre 14

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Atanas

Aselya semblait choquée par ma salle d'audience. Je supposais que cela pouvait se comprendre. J'aimais surprendre. Surtout mes ennemis, en général. Remarque, c'était ce qu'elle était : une ennemie.

- Je sors de là, dit-elle avant de quitter la pièce.

Je me dépêchais de la suivre avant qu'elle ne tente quoique ce soit.

- Qu'est-ce qu'il y a, tu n'aimes pas mes amis ? demandais-je.

- C'est ça que tu appelles des amis ??

- Eh oui, on n'a pas tous grandi bien entouré.

- Tu n'as jamais eu d'amis ? demanda-t-elle.

Je fronçais les sourcils.

- Pourquoi est-ce que j'aurais besoin d'amis ??

Elle secoua la tête.

- En fait, tu as toujours été seul, remarqua-t-elle plus pour elle que pour moi.

Non, je n'avais pas toujours été seul. Il fut un temps où j'avais un père, une mère, et deux frères. J'en ai fait tuer un hier et l'autre est mort quand j'avais 3 ans, tué par notre père.

- Qu'est-ce qui t'a poussé à tuer mon père pour pouvoir prendre sa place ? me questionna-t-elle tandis que nous retournions nous assoir dans le salon.

- Le pouvoir. La richesse.

- Et tu voulais enfin qu'on t'écoute ?

Je soupirais bruyamment.

- C'est quoi, toutes ces questions ? Tu t'intéresses à ton ravisseur maintenant ?

- Non, connaître les faiblesses de l'ennemi c'est toujours pratique.

Un rire m'échappait.

- Sauf que je n'ai aucune faiblesse. Je n'ai plus de famille, les femmes ne m'attirent pas tant que ça donc je ne marche pas à la manipulation par la séduction, et mon argent est gardé dans un lieu bien en sécurité. En ce moment ma seule faiblesse, c'est toi. Et si elle pouvait être réglée au plus vite ça m'arrangerait.

Elle se servit un verre de vin avant de le poser et de boire directement à la bouteille. Je restais un homme malgré tout, et je devais admettre que la voir dans ma chemise ce midi ne m'avait pas laissé 100% indifférent. Elle possédait des jolies jambes. Je me demandais si c'était possible de créer la femme parfaite en découpant tous les plus beaux morceaux sur d'autres. Si je devais prendre une partie du corps d'Aselya pour créer la femme parfaite, c'est certain, je prendrais ses jambes.

- Pourquoi est-ce que tu me regardes comme ça ? demanda-t-elle en fronçant les sourcils.

Je n'avais même pas fait attention au fait que je la fixais depuis presque une minute.

- Je me demandais ce que tes jambes rendraient sur une autre femme.

Elle fronça à nouveau les sourcils.

- Évite de toucher à mes jambes, merci.

Je la dévisageais sans rien dire tandis qu'elle soutenait mon regard sans cligner. Une seconde passa, puis deux, puis trois, puis quatre, puis cinq, puis six...

Et elle détourna enfin le sien.

- Tu te rends compte que tu es dérangé ? demanda-t-elle.

Je hochais la tête.

- On me l'a assez répété, il me semble. Mais qu'est-ce que la normalité dans un monde ou la mort est ton plus fidèle allié ? Vous avez deux heures, ensuite je ramasse les copies.

Je riais tout seul de ma propre blague tandis qu'elle inclinait la tête sur le côté.

- Ce que tu dis n'est pas si bête que ça. Comment est-ce qu'on t'a coupé la main ?

J'arrêtais immédiatement de rire et mes mains tombèrent lourdement sur la table en face de moi, provoquant un bruit sans nom qui la fit presque sursauter.

- Il y a des questions qu'il ne vaut mieux pas poser. Je n'ai plus reparlé de ton père qui s'en est pris à toi sexuellement, alors tu ne reparles plus jamais de ma main.

Elle fronça les sourcils en se redressant.

- C'est toi qui a voulu faire cette soirée bizarre pour qu'on se rapproche alors que ni toi ni moi n'en avons envie. Si tu n'es même pas capable de répondre à une pauvre question sur ta main, alors je me demande ce qu'il en sera pour le reste !

Putain elle m'énervait. Sans lui répondre, je me levais à mon tour et l'attrapais brusquement par le bras. Ensuite, je la entraînais jusqu'à la cave et l'y balançais avant de refermer à doubles-tours derrière moi.

Je ne supportais pas que l'on parle de la perte de ma main. C'était surtout à cause de ça que j'avais complètement vrillé il y avait un peu plus de trois ans.

Si elle essayait encore une fois de parler de ma main, je lui ferai subir le même sort que le mien.

DétraquéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant