chapitre 70

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- Debout.

Je me réveillais en sursaut et attrapais Atanas à la gorge. Lorsque je réalisais qu'il s'agissait de lui, je le relâchais.

- Arrête d'entrer dans ma chambre sans frapper.

- J'ai attendu plus de deux heures que tu te réveilles mais comme tu ne le faisais pas, je suis entrée directement.

Je regardais l'heure sur mon réveil.

- Il est sept heures du matin, tu pensais vraiment que je me réveillais à cinq heures ?

- Je t'ai déjà dit que je ne dormais pas beaucoup, je suis plutôt matinal.

Soudain, ses yeux dévièrent sur mon corps et il parut comprendre que j'étais nue sous mes draps, puisque ses sourcils se haussèrent.

- Tu dors nue ?

- Cette nuit, en tout cas. Ne fantasme pas trop.

- Ce n'est pas mon genre. Habille-toi, on sort.

Il se leva et se tourna, avant d'ajouter :

- Enfin si tu veux rester en tenue d'Eve ca ne me dérange aucunement.

Je levais les yeux au ciel et sortais de mon lit en m'assurant qu'il ne tourne pas la tête dans ma direction. Puis, j'enfilais un jean noir taille basse avec un top à manches longues dont les extrémités étaient en fourrure de la même couleur, et dont le gros décolleté se refermait avec des noeuds.

- Il faut encore que je me coiffe et que je me maquille, lançai-je.

- Coiffe-toi, ça sera suffisant.

Il était si pressé que ça ? Je me rendais donc dans la salle de bain, me brossais les dents et attachais mes cheveux en demi-queue avant de passer une petite couche de gloss rouge sur mes lèvres. Puis, j'enfilais des bottes à talons noir et revenais vers lui.

Nous sortions de ma chambre et allions jusqu'au garage. Nous nous installions dans l'une des nombreuses voitures et je remarquais Spasitel sur le siège arrière.

- Qu'est-ce qu'on va faire ? demandai-je alors.

- On va déjeuner dans un des nouveaux restaurants de la mafia qui servira à blanchir un peu d'argent.

Je haussais les sourcils.

- Et pourquoi est-ce que c'est moi que tu emmènes ?

- Je n'ai pas d'amis et plus aucun des membres de ma famille n'est en vie, alors comme j'ai besoin d'un point de vue externe tu es la première personne à qui j'ai pensé. Ma mère m'aurait bien aidé, elle avait toujours eu bon goût. Elle est morte il y a longtemps, assassinée par mon propre frère après l'avoir violé juste sous mon nez.

J'entrouvrais la bouche. Il me l'avait déjà dit à maintes reprises mais comme d'habitude, il ne s'en souvenait pas...

- Ta mère te manque ? demandai-je alors.

- Non.

Ou du moins il refusait d'en prendre conscience. Cependant, ça servait à rien de le forcer à aborder un sujet qu'il n'était pas prêt à aborder. Et puis je n'étais pas sa petite amie après tout, ce n'était pas mon rôle !

Nous arrivions donc en silence au restaurant et je remarquais avec étonnement qu'il s'appelait « l'As de coeur ». Je ne relevais pas et nous entrions. Évidemment, il n'y avait que nous. Un serveur vint nous apporter les cartes. J'avais pas mal faim aujourd'hui. Enfin non, j'avais envie de manger. J'avais cette mauvaise habitude de trop grignoter quand j'étais de mauvaise humeur. L'ancienne moi anorexique d'il y a quelques années aurait été très surprise d'entendre cela.

- Qu'est-ce qui pourrait bien vous faire plaisir ? demanda le serveur en revenant quelques minutes plus tard.

Atanas commanda des raviolis aux cèpes tandis que je commandais deux hamburgers : l'un végétarien et l'autre avec double steak. Même si je n'étais pas végétarienne, j'adorais la bouffe vegan.

- Et apportez du vin français avec, merci, lançai-je avant qu'il ne reparte en cuisine.

- On dirait que tu ressors de la cave et que tu n'as pas mangé depuis trois jours, remarqua Atanas.

Je haussais les épaules.

- J'ai faim.

Et tandis que le silence revenait, je me demandais si j'arriverais à enlever un jour les images de mon père entrant dans ma chambre en pleine nuit de ma mémoire...

DétraquéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant