chapitre 34

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Aselya

Le lendemain matin, je me réveillais d'une humeur massacrante. J'en avais marre d'être retenue ici, j'en avais marre de ne plus avoir de liberté, et j'en avais marre de ne plus pouvoir m'occuper de la mafia. J'étais faite pour, bon sang ! J'étais nez simplement pour remplir ce rôle, j'étais parfaite pour. Et cet enfoiré d'Atanas me l'avait volé juste sous mon nez, réduisant à néant les vingts années de mon existence. Je ne voulais pas m'allier à lui, mais je n'avais pas encore de plan pour le faire tomber. Il était trop bien entouré et tous ses hommes lui semblaient étrangement fidèles.

Je me levais, allais prendre une douche et m'habillais d'une robe débardeur moulante jaune délavée. Cette couleur était moche mais bizarrement, elle m'allait à la perfection. Avoir la capacité de m'habiller avec mes propres fringues était la seule chose qui me remontait un peu le moral.

Cependant, comme ma jambe était fragile à cause de la balle que j'avais reçu, j'étais obligée de mettre des chaussures plates. Je détestais les chaussures plates, je ne vivais pas d'amour et d'eau fraîche mais de talons et d'eau fraîche. J'en portais pratiquement tous les jours depuis mes quinze ans.

La porte s'ouvrît brusquement et je sursautais malgré moi.

- Debout là-dedans, tu n'es pas la belle au bois dormant.

Atanas entra dans ma chambre sans aucune gêne et s'asseyait sur mon lit. Puis, il détailla ma robe.

- C'est hideux, cette couleur.

- Tant mieux si elle ne te plaît pas, je la porterai plus souvent. On ne t'a jamais appris le principe de l'intimité ??

Il fit mine de réfléchir.

- Disons que je sais ce que ce mot signifie. Mais encore une fois, tu n'es pas la belle au bois dormant alors...

- Arrête, tu vas finir par me vexer.

- Ah donc tu as envie de dormir pendant une centaine d'années pour te réveiller après qu'on t'ait embrassé pendant ton sommeil ? Étrange, je pensais que les femmes étaient à fond sur ce truc de consentement qui fait que...

- Oh mais ferme-la.

Il haussa un sourcil et je me rendais compte que si je poussais la limite trop loin, il finirait peut-être par me tirer sur l'autre jambe.

À l'aide de ma béquille, je me dirigeais vers la sortie de la chambre mais comme il avait ses deux jambes en parfait état, il se leva de mon lit et se plaça entre moi et la sortie.

- Quoi encore ?

- J'ai une question, est-ce que ton père te manque ?

Je fronçais les sourcils, très surprise par sa question. Et en y réfléchissant bien, je ne pensais jamais à lui. Pas une seule seconde, je n'avais eu l'envie de pleurer sa mort ou de lui construire un mémorial. Choquée par cette découverte, je ne disais plus rien.

- C'est bien ce que je pensais. Voilà donc pourquoi je ne comprends pas pourquoi tu ne souhaites pas t'allier à moi.

Ça pour le coup, j'en connaissais parfaitement la raison : il avait manqué de respect à la mafia toute entière en tuant mon père et en prenant sa place. C'était un traitre et seulement moi étais au courant de ça. La trahison était pire que tout, dans notre monde.

- Tu es un traître, tu mérites la mort.

Un sourire apparaissait sur son visage.

- Au moins je sais que si tu finis par changer d'avis et que tu décides de t'allier à moi, tu ne me trahiras pas.

Je le fusillais du regard et tentais de le contourner. Sauf que cet idiot me fit un croche-pied et je manquais de tomber à la renverse, sauf qu'il me récupéra juste avant que je ne touche le sol. Il avait encore le sourire au lèvre pendant qu'il me relevait.

- Dis-donc, on dirait presque que l'on devient romantique, lança-t-il.

- Tu m'as fait un croche-pied.

- Tout de suite les grands mots... oh les femmes !

Je voyais que la situation l'amusait, mais elle ne m'amusait pas du tout. Alors cette fois-ci je le contournais pour de bon et m'en allais de ma chambre, m'éloignant de lui par la même occasion...

DétraquéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant