Plusieurs minutes passèrent avant que les bruits de balles et les cris ne s'arrêtent. La porte de ma chambre s'ouvra brusquement sur Atanas. D'un signe de tête, il indiqua à son homme qui m'avait retenu prisonnière de partir et il s'en alla.
Je l'observais quelques secondes. Il saignait du nez, ses cheveux d'ordinaire toujours parfaitement bien coiffés étaient en bataille, et sa chemise qui était toute lisse était désormais déchirée.
- Tu t'es battu avec un tigre ou quoi ? fis-je en croisant mes bras sur ma poitrine.
Il s'approcha de moi et s'assît sur mon lit pas loin de moi. Je grimaçais en espérant qu'il ne tache pas mes draps.
- Tu voulais me tuer, tout à l'heure.
- Et alors ?
Il se rapprocha un peu plus de moi et je fronçais les sourcils.
- Tu ne perds pas tes objectifs de vue, hein.
Un soupire d'agacement m'échappait tandis que je me levais du lit.
- On a déjà eu cette conversation à plusieurs reprises je te signale ! Tu es un traître, tu dois payer !
Il leva les yeux au ciel et l'émotion neutre qui était alors sur son visage se transforma en colère.
- Et ton père n'en était pas un ?? Un père qui touche sa fille à des endroits qu'il ne devrait même pas avoir déjà vu n'est-il pas un traître également ?
Je restais choquée et incapable de répondre quoi ce soit. Je clignais plusieurs fois des paupières avant d'enfin prendre réellement conscience de ce qu'il venait de dire.
- Sors, exigeai-je alors.
Comme il ne bougeait pas, je m'impatientais.
- Sors de ma chambre ! hurlai-je.
Il hocha une seule fois la tête, un sourire sur le visage. Il avait bien compris qu'il venait de semer une graine qui allait petit à petit germer dans mon esprit.
Lorsqu'il passa le pas de la porte avec son chien de garde du corps, je restais moi-même seule dans ma chambre avec mon propre chien. Je m'allongeais dans mon lit, le cerveau en ébullition.
Malgré le fait que je détestais toute la personne qu'était Atanas, c'était la première fois qu'il disait une chose un minimum censée. Et c'était bien ça le problème...
Pour me changer les idées, je partais prendre ma deuxième douche de la soirée et enfilais ensuite un pyjama propre. Ça faisait du bien de ne plus être recouverte de sang. Je n'étais pas une malade mentale après tout : je tuais parce que je le devais et pour me défendre. Qui ne ferait pas ça ?
Mais dans ce cas si je tuais pour me défendre, pourquoi est-ce que je n'avais pas moi-même tué mon père pour me défendre lorsqu'il avait eu des comportements déplacés avec moi ? Qu'Atanas aille se faire foutre ! À cause de lui, j'allais être incapable de dormir cette nuit...
Une fois dans mon lit, les lumières éteintes, je tentais de trouver le sommeil mais c'était peine perdue. Je voyais les heures défiler et même Spasitel, un chien, avait un meilleur sommeil que le mien.
J'étais persuadée de bientôt apercevoir l'aurore me signalant le début de la journée en approche.
Alors, toujours incapable de fermer l'œil, je sortais de mon lit et attrapais un réveil, qui m'indiqua quatre heures du matin. Je soupirais en passant mes mains dans mes cheveux. Il fallait que je sorte de là, et je ne parlais pas de ma chambre mais de ce QG. J'avais besoin de prendre l'air.
Alors, je sortais discrètement de ma chambre pour ne pas réveiller Spasitel, et fus surprise de constater le nombre d'hommes encore debout. La plupart devaient sûrement surveiller qu'aucune attaque ennemie ne survienne à nouveau.
- Eh toi, t'as pas le droit d'être sans surveillance, lança un type en braquant son arme sur moi.
Je levais les yeux au ciel.
- T'as qu'à aller chercher ton détraqué de patron dans ce cas !
Il me guetta quelques secondes avant de demander à un autre type de me surveiller pendant qu'il allait chercher Atanas. La nuit était encore loin d'être finie...
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Détraqué
Romantik« Le detraqué », c'était ainsi qu'était surnommé Atanas, le tout nouveau chef de la mafia bulgare, après avoir tué l'ancien chef et pris sa place. Il était connu pour être sans pitié et complètement fou, et lorsqu'il avait une idée en tête, absolume...