Le soir, je mangeais dans ma chambre en compagnie de Spasitel. Je n'avais pas envie d'aller manger avec tous ces traîtres qui marchaient dans les couloirs d'un QG qui était autrefois noble et respectable.
Je relevais la tête lorsque l'on toqua à ma porte. Spasitel grogna.
- Ouais ?
La porte s'ouvrît sur Atanas.
- Ah tu frappes maintenant ?
- Plains-toi encore et je ne le ferais plus.
Je soupirais tout en levant les yeux au ciel et me redressais dans mon lit.
- Qu'est-ce que tu veux ?
- J'ai un coup d'avance sur les Serbes, j'en ai deux ou trois à tuer dans une maison isolée en lisière de forêt. Ça t'intéresse ?
Un air hautain se dessinait sur mon visage.
- Et qui te dit que tu peux me faire confiance ? J'en profiterais peut-être pour te planter un couteau dans le dos au sens littéral.
Un petit air joueur apparaissait sur le sien.
- Tu es une femme plutôt intelligente, il me semble. Je pense que tu préfères tuer tes ennemis de toujours plutôt que celui qui te laisse venir avec lui commettre une tuerie.
Je me levais et marchais jusqu'à lui. Je m'arrêtais à seulement quelques centimètres de son corps et croisais mes bras sur ma poitrine.
- La seule vision de ta personne me donnerait presque l'envie de me pendre. Ne sois pas si sûr de toi.
Il commençait à se rapprocher légèrement.
- Ah ouais ? À quel point est-ce que tu me détestes ?
Je fronçais les sourcils.
- Attends, est-ce c'est en train de t'exciter, ça ??
Un sourire fendit ses lèvres.
- Je plaide coupable.
Et comme par instinct, plus il s'avançait vers moi, plus je reculais.
- Je te hais, murmurai-je calmement.
Il hocha lentement la tête en continuant d'avancer, et moi de reculer.
- Je n'éprouve que de la haine pour toi.
Il souriait encore plus. Il était cinglé...
- Je voudrais te voir mort...
Il ne lui en fallut pas plus pour me plaquer contre le mur contre lequel nous nous étions drastiquement rapprochés. Sa vraie main était posée sur le mur, juste à côté de ma tête, et du bout des doigts de sa main bionique, il me caressa la joue.
Je ne pouvais nier qu'il était vraiment beau, mais ça n'excluait pas que je haïssais l'être qu'il incarnait. Alors, d'un geste rageur, je balayais sa main.
- Je n'ai pas envie de coucher avec toi ! m'exclamai-je.
Il m'observa une petite seconde avant de retirer ses doigts de mon visage et de s'éloigner de quelques pas.
- C'est bien dommage.
Puis, il commençait à faire demi-jour. Arrivé sur le pas de la porte, il se tourna et reprit la parole.
- Si jamais tu changes d'avis, tu sais ou me trouver.
Je levais les yeux au ciel.
- Je ne coucherai jamais avec toi, Atanas.
Un petit rire lui prit.
- Je parlais de la tuerie contre les Serbes, Aselya. Que ton esprit est mal placé.
Et il quitta la chambre sur ces mots. Je m'asseyais par la suite sur mon lit en rageant contre moi-même. Étonnamment, je n'avais pas tant détester que ça l'idée que les choses aillent plus loin contre ce mur. Je supposais que cela venait du fait que je n'avais pas couché avec qui que ce soit depuis longtemps mais d'une autre part, j'avais comme l'impression que ma rage s'atténuait de jour en jour. Je ne la sentais plus aussi forte qu'avant et ça avait le don de me rendre folle.
En plus, je mourrais d'envie d'aller m'en prendre à ces Serbes. On ne devait pas jouer avec la mafia Bulgare. Mon père lui, m'aurait laissé m'en occuper toute seule. Et fier de moi, il aurait fini par me prendre dans ses bras, et ses mains seraient descendues un peu trop bas...
Et une question que je m'en voulais de penser se fraya alors un chemin dans mon esprit. Et si en fin de compte, Atanas avait raison et que mon père était lui aussi un traître à la mafia en ne respectant pas celle qui aurait dû prendre la relève ? Effrayée de réfléchir à une telle chose, je secouais la tête. Non, c'était impossible.
Alors, pour me prouver à moi-même que j'étais plus forte que tout cela et encore capable de m'occuper de la mafia, je sortais de ma chambre et pris la direction du bureau d'Atanas. J'allais régler le compte de ces Serbes une bonne fois pour toute...
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Détraqué
Romantik« Le detraqué », c'était ainsi qu'était surnommé Atanas, le tout nouveau chef de la mafia bulgare, après avoir tué l'ancien chef et pris sa place. Il était connu pour être sans pitié et complètement fou, et lorsqu'il avait une idée en tête, absolume...