chapitre 81

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Il me tendit alors l'arme et je m'en emparais. Je ne réalisais même pas ce qui était en train de se passer. Si je le souhaitais, je pouvais le tuer et reprendre le rôle de chef de la mafia sans lui. Il me vouait donc une parfaite confiance car il était nu et sans défense devant moi, prêt à se prendre une balle dans une zone qui ne le tuerait pas mais l'affaiblirait. Nous serions enfin égaux, j'allais m'en prendre à lui comme lui s'en était pris à moi. Oui, je pourrais le tuer et lui prouver que je lui en voulais toujours pour tout ce qu'il avait fait en commençant par la mort de mon père. Mais la vérité était que mon était un pire traître qu'Atanas et qu'il ne méritait plus mon soutien et
ma fidélité.

Je levais doucement l'arme et instinctivement, la pointais sur son cœur. Ça serait si facile... je brandissais l'arme de mes deux mains et posais mon doigt sur la détente. Il suffisait d'un coup et tout me revenait, tout. Tout ce qui devait initialement me revenir. C'était ce que je devais faire. Alors, mon doigt pressa la détente et je lui tirais une balle en plein cœur. Son corps pratiquement sans vie s'effondrait au sol tandis qu'il commençait à s'étouffer dans son propre sang et à suffoquer.

- Alors, tu le fais ?

Je sortais immédiatement de mes pensées et me reconcentrais sur l'instant présent. Atanas était debout en face de moi, prêt à ce que je lui tire dessus. Il avait bien raison de me faire confiance, car la vérité était qu'à part dans mes pensées, j'étais bien incapable de le tuer. Alors, je levais l'arme et visais son flanc gauche. Ça l'affaiblirait mais ne le tuerait pas et ne l'empêcherait certainement pas de marcher. Alors, je pressais la détente et tirais. Un grognement de douleur lui échappait tandis qu'il s'effondrait au sol. Il n'était pas en train de mourir mais perdait quand même un peu de sang.

Je sortais donc de l'eau et m'approchais de lui pour constater l'étendue des dégâts. La balle était à peine rentrée, elle l'avait éraflée en rentrant légèrement.

- Je ne pensais pas que tu tirerais réellement, avoua-t-il entre deux respirations saccadées.

Je lui tapotais le haut du crâne.

- On a encore tellement à découvrir l'un sur l'autre. Sache désormais que je ne loupe jamais une occasion de me venger.

Et tandis que je partais à l'intérieur de la maison pour trouver de quoi le soigner, je l'entendais maugréer que si je lui tapotais encore le crâne il finirait par me noyer. Un léger sourire prit place sur mon visage puisque je savais qu'il n'en serait jamais capable.

Lorsque je trouvais enfin le kit de survie dans sa valise, je m'en emparais et partais le rejoindre pour désinfecter et recoudre tout ça.

**

Deux heures plus tard, il était allongé sur le canapé, les yeux à demi-clos tandis que je préparais à manger. Je lui jetais des coups d'œil de temps à autre pour m'assurer que tout allait bien, mais les insultes qu'il lançait à Spasitel qui faisait tout pour lécher sa blessure me confirmait qu'il était en pleine forme.

- C'est de ta faute, c'est toi qui a donné le goût du sang à tes chiens, fis-je en déposant une omelette devant lui.

Il se redressait péniblement.

- Oui enfin le but c'est quand même qu'ils me servent à mon avantage, ces clébards. Alors, tu as mis des aiguilles du kit de couture dans mon omelette pour continuer ta vengeance ?

Je levais les yeux au ciel.

- Crois-moi, si je cherchais à me venger davantage je trouverais un moyen beaucoup plus original.

Et tandis qu'il commençait à se moquer, nous entamions notre repas et un silence apaisant finissait par s'installer...

DétraquéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant