Chapitre 9

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Il continua de lui donner quelques instructions avant d'aller se rafraîchir et se changer pour prendre le petit déjeuner. Élisabeth l'attendait.
Walden suivit son maître qui montait très rapidement les marches.

- Milord, dois-je en conclure que les négociations ont échoué ?

Julian soupira.

- En effet. J'ignore encore comment l'annoncer au roi. Chaque jour qui passe nous rapproche d'une guerre inévitable.

- Seigneur. Il n'y a rien que vous puissiez faire ?

- Nous aviserons au conseil ce soir, répondit Julian en ouvrant la porte de sa chambre.

Élisabeth se leva de son siège pour aller devant la fenêtre. Elle observa le jardin dehors et les ouvriers qui travaillaient. Cela lui rappela son jeune frère Peter qui était très travailleur et n'hésitait pas une seconde à réparer son lit lorsqu'il ne tenait plus ou a faire de petits meubles pour la maison... Il lui manquait beaucoup...

- Miss Draguens, vous pouvez y aller, lui dit Walden en la sortant de ses pensées.

La jeune femme dans sa robe en mousseline vert qu'elle avait acheté une semaine avant avec Mary-Ann suivit le valet jusque dans la grande salle à manger où Julian venait de prendre place. Il lui indiqua d'un signe de la main une des chaises proche de lui mais par précaution peut-être ou instinctivement, elle préféra s'assoir loin de lui. Le comte haussa les épaules.

- Quand aura lieu le mariage ? Demande-t-elle en prenant la fourchette en argent dans sa main droite.

- Après ma nomination au titre de Duc. Ainsi vous serez directement la duchesse officielle de Shelbourne, répondit-il.

Élisabeth n'ayant rien oublié de ses leçons de conduite à table mangeait avec prudence, consciente des regards que le comte lui lançait de temps en temps.

- Qu'en pensez-vous? Reprit le brun.

- Mon avis importe peu de toute façon..., répondit Élisabeth dans un soupir.

- C'est exact!

Ils continuèrent à manger dans un silence absolu mis à mart le son des couverts en argent sur la porcelaine.
Après le petit-déjeuner tendu, le comte se proposa de lui montrer certaines pièces du manoir qu'Ellen ne lui avait pas montré. La première était celle où il conservait des antiquités ayant appartenu jadis à ses aïeuls et la seconde était un beau salon regorgeant de nombreux outils artistiques.

- Wahou, fit Élisabeth en entrant tandis que le brun refermait la porte derrière lui.

- C'est devenu comme une sorte de tradition familiale. Nous sommes de vrais artistes dans l'âme... Enfin, eux

Elle sourit

- Je n'ai jamais entendu parler de cela à votre sujet, dit-elle.

- Parce que personne ne m'a jamais vu exercer l'une de ces activités

- Ah oui? Laissez-moi deviner ce que vous faites.

- Je vous écoute, fit-il d'un ton beaucoup plus doux.

- La peinture?

Le comte sourit et elle eût le réel plaisir de constater de ses propres yeux qu'il avait des fossettes. Dans son village, les filles vantaient souvent sa beauté et ne manquaient pas de souligner les creux qui ornaient les joues du comte.

- Non. C'était plutôt mon grand-père

- Vous faites quoi?

Il esquissa une petite grimace et Élisabeth comprit qu'il n'avait pas envie de se livrer. Elle n'allait pas forcer. Il continua à lui raconter les merveilles de sa grand-mère. La brune pût constater qu'il parlait toujours de ses grands-parents ou des anciens mais il ne mentionnait presque jamais ses parents.

- Je vous emmène maintenant à mon lieu favori.
Il l'entraîna à l'extérieur du manoir. Il y avait un sol tapissé d'herbe verte fraîchement taillée. Un banc inscrit Lord Turner était au centre et de ce banc, la vue était magnifique. On pouvait apercevoir les montagnes, la forêt,...

- C'est splendide, dit-elle en s'asseyant comme lui sur le banc.

- Oui, surtout le soir, au coucher du soleil.
- Se pourrait-il que vous soyez un romantique ? Fit Élisabeth.

Julian releva d'abord les sourcils avant de sourire et de dire non. Il ignorait ce qu'était le romantisme. Pour lui, une relation avec une femme se limitait à l'épouser et lui permettre d'avoir un héritier mais son grand-père lui disait qu'il fallait souvent leur offrir des cadeaux. Ce dont Margaret avait bien profité.

- C'est vous qui avez fait inscrire votre nom sur ce banc?

- Non. C'est un cadeau que j'ai reçu de la part du roi de Eolyas pour l'avoir aidé à récupérer son trône il y a quelques années.

- Quel âge avez-vous ?

Il fut surpris par la question et la regarda.
- Trente ans. Pourquoi?

- Vous deviez être jeune pour avoir mené cette quête à Eolyas, répondit Élisabeth. Et fort.

- J'avais 24 ans. Fort, je ne saurai le dire mais rusé, oui.

Elle hocha la tête.

- Euh, Ellen m'a dit que vous possédez une bibliothèque dans le sous-sol. Je suis une amoureuse de la lecture alors j'aimerais s'il vous plaît...

- Mais bien sur, coupa le comte. Personne ne lisait ici depuis des années alors elle est très... Ancienne... Et abandonnée

Élisabeth éclata de rire.

- Ce n'est point grave.

- Walden enverra quelqu'un vous acheter des livres chez le bibliothécaire du royaume. Et vous pourrez avoir une bibliothèque à vous, dans votre chambre, dit-il.

- Merci. Mais cela ne me dérange pas de voir ces livres anciens. Au contraire

- À votre guise.

Ils rentrèrent et Julian alla au conseil. Élisabeth monta à sa chambre où Donna lui apporta cinq livres qu'elle avait nettoyé de toute poussière.

L'honneur Des Draguens Où les histoires vivent. Découvrez maintenant