Chapitre 1: Partie 2

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Bonne Lecture ~♡  

Cela marche vraiment bien sur elle, et ça me calmerait certainement... Je tendis la main vers les médicaments, sortis une plaquette, et regardai un instant les médicaments muette.

Je les pris et me dirigeai dans ma chambre, sans attendre, je sortis les pilules de leur emballage et les mis dans ma bouche, avant de les avaler avec de l'eau.

Huit pilules, était-ce assez pour mourir ?

Je sentis une brûlure dans ma gorge mais tentais de ne pas y penser, ce serait rapide, n'est-ce pas ?

La douleur s'intensifia, je toussai, et me mis en boule au milieu de mon lit. Un instant je vis le tableau sur mon mur, une très jolie œuvre que j'avais réclamée à plusieurs reprises à mes parents avant de la recevoir. 

Elle représentait une colombe allongée sur le dos sur un sol fleuri de mille couleurs, c'était un tableau assez hypnotisant par sa quantité de couleurs. La pensée m'effleura l'esprit et je sombrai dans un violent sommeil.

Mon esprit torturé fut vide, mes souvenirs malheureux balayés, tout comme le poids d'une lourdeur incommensurable dans mon cœur. Libre, je me sentis libérée le temps d'un long repos et quand mes yeux s'ouvrirent de nouveau, j'éprouvai une douleur affreuse.

Une douleur brûlante dans ma trachée, j'avais l'impression qu'un feu instable se répandait sans que je ne puisse rien y faire. Mes yeux ouverts ne voyaient rien, mes sens trop embrouillés par la sensation abominable dans mon corps ne répondaient plus.

J'entendis des personnes parler autour de moi, mais ne pus y prêter attention et, tout en crispant mes mains dans ce qui me semblait être un matelas, je tentai de faire passer l'air dans mes poumons.

Puis j'expérimentai enfin un soulagement intense, un liquide doux apaisa mon ébullition intérieure en glissant dans ma gorge. J'aperçus enfin autour de moi quatre murs blancs, mes parents, mon frère et ce qui devait être un docteur. J'avais un masque flanqué sur le bec et lorsque je fus témoin de l'expression de mon entourage, je compris...

Je n'avais pas pris une dose suffisamment forte pour en finir... 

Ou bien quelqu'un était arrivé avant que je ne puisse réellement le faire...

- Ne bougez pas Mademoiselle Foster, je vais m'occuper de vous, dit le docteur d'une voix mielleuse et fausse tentant apparemment de me rassurer, ne vous en faites pas vous êtes entre de bonnes mains.

Bon sang, ça n'en finira jamais.

A ce moment là, je n'avais pas compris que je venais d'enclencher un engrenage sensible, pourtant les conséquences de mes actes me revinrent vite en pleine face pas plus tard que le lendemain. Alors que je feignais le sommeil pour éviter de confronter le regard réprobateur de mes parents, je surpris des paroles bien plus blessantes que jusqu'alors.

- Quelle perte de temps, je n'aurais pas cru Scarlett capable de ce genre de bêtises risibles, entendis-je la voix de ma mère soupirer.

- A qui le dis-tu et encore, grâce à Sean nous avons évité le pire, je me demande ce qui a pu lui passer par la tête, ajouta mon père d'une voix tout aussi geignarde.

- Une de ces crises d'adolescent ridicules certainement, en tous cas nous devons éviter que cela se reproduise à nouveau, clôtura ma mère d'un ton léger.

- Demande à Agatha de la garder avec elle dans le fin fond de l'Oregon pour les vacances, suggéra mon paternel sans gênes, ça pourrait lui changer les idées.

- Oui cela pourrait-être une bonne idée, s'exclama-t-elle comme si l'idée de se débarrasser de moi était une idée de génie.

Je sentis mon coeur à peine pansé, se déchirer. Comme si on triturait une cicatrice pas totalement refermée. Mes parents trouvaient logique de se débarrasser de moi, si cela leur permettaient de ne pas me voir reproduire une « ridicule erreur » .

- Dans ce cas la, il faut demander aux docteurs de commencer la dialyse le plus tôt possible, ainsi elle pourrait passer ses examens de fin d'année et éviter les rattrapages, expliqua ma mère sans penser une seule seconde à autre chose qu'au côté pratique.

- Bon dieu, je n'imagine même pas ce que doit penser notre entourage, vociféra-t-il en fixant le paysage derrière la fenêtre.

- Nous devons masquer tout cela, ajouta ma mère sans aucun respect pour moi-même, nous pourrions dire que cela est accidentel, après tout bien des personnes subissent des overdose aux aspirines sans réellement s'en rendre compte, nous pourrions dire que Scarlett a pris une trop grosse dose à cause du stress des examens...

- Tu as raison... Ce sera la version officielle, nous en discuterons plus tard avec elle pour qu'elle évite de nous causer plus de problèmes à l'avenir, acheva mon père avec dans la voix un soulagement terrible.

J'entendis le claquement de leurs pas sur le sol, la porte qui s'ouvrit et se ferma, puis le silence.

Mon coeur rata un battement, il était clair que je venais d'aggraver mon cas... J'étais fichue, il fallait que je parte d'ici maintenant, j'étouffe...

Je me levai tant bien que mal, détachai les perfusions et retirai le masque de mon visage avant de poser les pieds à terre. Je discernai la veste de mon père sur le fauteuil à côté du lit et me déplaçai tremblante vers celle-ci. Une fois, la veste enfilée, je sortis de la chambre, il fallait que je sois discrète.

Longeant les murs de Bellevue Hospital Center, je me dirigeais le plus rapidement possible vers la sortie, j'avais du mal à respirer, mes pas étaient anarchiques et je commençai à sentir la nausée monter. Totalement à bout, je franchis la porte de sortie et m'assis par terre.

Ma vue était trouble mais je respirai déjà mieux. Il fallait que je mette de la distance entre ma famille et moi...

- Mademoiselle Foster ? appela le docteur à côté de moi une cigarette en bouche, vous ne devez pas sortir ! s'écria-t-il en s'approchant de moi.

En un instant, je me relevai et me mis à courir pieds nus vers le parking. Je devais à tout prix m'en aller...

Je me ruai vers la rue adjacente en pensant à quel point mon corps avait du mal à supporter mon écart mais il fallait que je mette de la distance, juste le temps de me recentrer.

Cinq minutes plus tard, c'est en titubant que j'arrivai sur un grand pont routier. Plus personne ne me suivait et c'est sans aucune retenue que je m'effondrai contre la rampe. Je regardai le trafic, tentant de remettre de l'ordre dans ma respiration.

Je montai sur la barrière et passais de l'autre côté, face au vide.

J'inspire.

J'expire.

DrownedOù les histoires vivent. Découvrez maintenant