Bonne Lecture ~♡
Pourquoi le fait de découvrir que mes craintes s'avèrent vraies, me rend aussi dingue...?
Je suis déjà à bout alors que le pire ne fait que commencer.
Résignée, je me dirige dans la loge et récupère de quoi nettoyer la table. Lorsque je retourne dans la salle de classe, mon humeur est au plus bas et le fait de devoir faire disparaître ces ignominies est vraiment rabaissant.
Je frotte autant que possible et une fois la moitié des horreurs effacées, je me rends compte que je ne suis pas seule.
Côté fenêtre, j'aperçois Tobias Martens. Il me fixe de ses grand yeux verts ombrés de longs cils bruns sur lesquels ses cheveux tombent et je sais soudainement qu'il est la depuis le début qu'il m'a vu pousser ma crise et frotter comme une acharnée.
La honte me consume, je détourne le regard et fais mine de me remettre à frictionner doucement comme si je n'avais jamais été enragée par tout cela. Je passe un coup, puis un autre et un larme tombe finalement sur le mot « sale ». Je m'empresse de m'essuyer le visage. Je ne pleurerais pas pour des abrutis.
S'ils veulent me pourrir qu'ils le fassent.
Dix minutes plus tard, leurs gribouillis volatilisés de ma table, je vais remettre le chiffon à sa place, puis me mets sagement à ma table sans jeter un regard à Tobias.
A-t-il lui aussi participé à tout cela ?
Les premiers élèves arrivent, la classe se remplit et personne ne baisse ne serait-ce qu'un œil sur moi. Britt rentre, c'est la première à réagir, un rictus ridiculement agressif déforme les traits de son visage.
- De retour ? me crache-t-elle un sourire colgate au visage.
Je ne prends pas la peine de répondre, j'imagine qu'elle a dû s'empresser de me ridiculiser lorsqu'elle a appris la nouvelle. Elle ne doit pas être totalement étrangère aux mots sur la table. Je détourne donc le regard et le fixe sur le tableau. J'entends le cliquetis de ses talons de marque sur le sol, en me disant qu'elle mériterait que je la traite de tous les noms.
Je ne sais pas vraiment pourquoi, mais bien que je sache depuis le début que Britt n'était avec moi que pour son image, il est difficile d'encaisser le fait qu'elle ose ouvertement me pourrir après tout ce que nous avons pu partager...
Le cours commence, j'entends des ricanements derrière moi. Dès que la torture s'achève, je récupère mes affaires et me rue à la sortie, comme si j'avais le diable aux trousses.
Sans crier gare quelqu'un me bouscule violemment et je n'ai pas le temps d'amorcer le moindre geste que je me retrouve à quatre pattes avec autour de moi la totalité de mes cahiers.
- Pouffiasse, j'entends alors que je tente de récupérer mes cahiers avant qu'ils ne soient tous piétinés.
Un pied écrase ma main, alors que j'essaie de récupérer le dernier bouquin, je sens une douleur vive qui me fait lever le visage vers le propriétaire de la botte en cuir.
Stan...
Stanislas est un de ces espèces de fils de bourges qui se la joue grand rebelle des bois... Il me harcèle depuis près de deux ans dans l'espoir de sortir avec moi, mais il est clair que je mérite mieux. J'imagine que ma situation est l'occasion rêvée de m'écraser un peu plus et cela même au sens littéral.
- Retire ton pied de ma main Stan, j'articule calmement malgré la désagréable sensation que me procure la pression insistante de sa chaussure.
- Lèche ma botte et peut-être que je la retirerais, ricana-t-il comme si ce fut la blague de l'année.
En le regardant droit dans les yeux, je pose les livres et attrape ma clef dans ma poche, avant de l'enfoncer dans sa chaussure aussi fortement que je le peux.
En un instant sa doc marteen se retira et je pus retirer ma main et le cahier avant de m'en aller comme s'il n'en était rien. Je suis totalement à cran en m'enfermant dans l'un des toilettes, assise sur la lunette, je regarde ma main lamentable.
- Tu sais pas quoi ? j'entends soudainement, Scarlett est de retour !
- Elle a osé remettre les pieds ici?! s'écria une seconde voix ahurie.
- Il faut croire, elle est tellement ridicule, j'espère qu'elle va bien se faire lyncher, ajoute bêtement la première voix euphorique.
- Et dire que j'étais jalouse d'elle, en fait elle est aussi droguée que son frère ! avoua-t-elle.
- C'est pas une richou pour rien, les overdoses, ça doit les connaître dans la famille ! rit-elle fière de sa blague.
Je choisis ce moment pour sortir, la tête haute, bien droite et leur souris de toutes mes dents dans le miroir en me lavant les mains avant de dire un « Comment vous avez deviné ? ». Une fois dehors, je dus prendre sur moi pour ne pas exploser, ainsi Britt leur avait dit que je me droguais ? Bon dieu, comment ai-je pu passer autant de temps avec une personne aussi répugnante ?
Je passai les cours suivants aussi stoïque que possible luttant contre la rage et les larmes et quand se fut la pause je pus enfin respirer. Je me dirigeai derrière le lycée et m'assis par terre.
Je souffle enfin. Ma faim me semble coupée à jamais et je suis désabusée. Qui aurait cru que moi, Scarlett, fut un jour la cible de lynchage public ? J'aurais ri si on me l'avait dit avant ma tentative.
Je fixe les nuages qui laissent timidement transparaître quelques rayons de lumière.
À quelques pas de moi, d'autres lycéens, que je n'ai jamais remarqués jusqu'à aujourd'hui, rigolent. Ils semblent paisibles et si bien ensemble et instantanément cette complicité me rend jalouse.
Dans mes pensées noires, j'aperçois du coin de l'œil Tobias, de nouveau. Il est là, grand, brun, le regard dans le vide, la clope au bec. Et il me fixe... Puis sourit.
Tobias Marteens sait sourire...
VOUS LISEZ
Drowned
Teen FictionÀ Stuyvesant High School, dans l'Ouest de New York City, se développe une nouvelle génération d'adolescents. La plupart déjà blasés malgré leur jeune âge s'adonnent à des humiliations publiques et n'hésitent pas à lyncher pour se faire remarquer. Qu...