Chapitre 1: Partie 3

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Bonne Lecture ~♡

Je lâchai ma première main quand brusquement je fus soulevée et tractée par dessus la clôture.

- Bordel, qu'est ce que tu fous, me cria-t-on à l'oreille. T'es dingue ?!

J'ouvris les yeux, couchée sur le goudron et agrippée à la chemise de... 

Sean...

Ses fins yeux bleus grands ouverts me fixaient comme si j'étais une échappée d'asile, ce qui aurait pu être tout à fait vrai... Il m'aida à m'asseoir en continuant de transpercer du regard et sans vraiment comprendre comment, je sentis une larme couler sur ma joue. Une larme qui se transforma en gros sanglot.

- Tu veux pas me laisser en paix ?! couinai-je. Ca te sert à quoi de me retenir à chaque fois ? Tu es le premier à être heureux lorsque je ne suis pas dans tes pattes ! Alors lâche-moi la grappe, laisse-moi tranquille et dégage avec nos parents, lui hurlai-je dessus en tentant de m'échapper de son emprise, mais il me retenait si fermement que mes efforts furent vains.

- C'est ça que tu veux ? me questionna-t-il simplement. En finir ? Ouais, on a des parents de merde, et regarde où ça m'a porté, je suis un pauvre con, je me drogue, je bois et le pire dans tout ça c'est que je vais rater mes exams parce que je suis pas assez futé pour le collège. Expliqua-t-il d'un calme étrange, mais toi c'est différent, la solitude t'a permis d'en arriver là, t'as le potentiel de pouvoir réussir ta vie et ne plus vivre comme un boulet pour nos parents.

- Oh, et en soi c'est une fin ? Devenir la parfaite petite diplômée ? Si la vie ressemble à ça, juste à faire des études, trouver un boulot, un parti et pondre des enfants, non merci, tranchai-je le fuyant du regard. Maintenant lâche-moi, s'il-te-plait.

- Pour que tu retentes ? Quand je t'ai trouvée sur ton lit, jeudi matin, que j'ai compris que tu n'étais pas simplement en train de dormir, j'ai flippé. Je t'ai tourné et tu étais aussi blanche qu'un macchabée, tu respirais à peine. J'ai appelé une ambulance et j'ai fini par voir la plaquette de médocs. J'ai jamais autant balisé, puis dans l'ambulance, je me suis rappelé du dernier truc que je t'ai dit, continua-t-il en m'aidant à me lever et me lâchant. Ma petite sœur a failli se tuer et la dernière chose que je lui avais dit avait certainement contribué à sa tentative.

J'essuyai mes larmes, levai les yeux vers lui. Je ne l'avais jamais vu ainsi, les yeux brillants, une moue totalement désemparée.

Il était...

Triste ?

- Ne fais plus jamais ça, je t'en prie, même si c'est dur avance et ne donne plus une si petite valeur à ta personne, acheva-t-il dans une drôle de grimace.

Inconsciemment, ce jour-là m'a permis de comprendre. De comprendre que plus jamais je ne commettrais l'erreur d'être en position de faiblesse. J'allais prendre de la distance et ne plus me gorger de tout ce poison qui me rend si malade. Ne plus donner la possibilité à mon entourage de pouvoir me rendre triste à en mourir.

Mais je ne me doutais pas encore de ce qui allait m'arriver.

C'est ainsi qu'une semaine plus tard, après avoir subis les dialyses nécessaires à mon bon rétablissement qui me semblaient, soit disant passant, absolument désagréables que je pus finalement rentrer à la maison. Je n'avais eu aucun contact avec mes parents avant ce jour-là, et Sean s''était débrouillé pour me dispenser d'un nouveau sermon, ce qui était terriblement étrange venant de lui.

Mon père vint me chercher à la sortie de l'hôpital sans aucun mot, pour rentrer à la maison. J'eus à peine droit à un bref "au revoir" tout en étant déposée comme un colis amazon sur le pas de la porte, mais n'y prête pas attention, me contentant de m'en aller jusqu'à ma chambre après avoir glissé les clefs dans la serrure et vérifié que le champs était libre. Aucune trace ni de ma mère, ni de mon frère. 

Une fois dans mon antre, je pose mes bagages, agrippe mon portable sur la table de chevet en constatant que tout est rangé comme dans l'une de ces chambres témoins d'Ikea et branche mon portable à la prise derrière la table pour l'allumer. 

Je m'attends à être totalement secouée de notifications, mais rien, mon portable s'allume et aucune vibration... Enfin sauf une invitation à jouer à CandyCrush sur facebook, mais tout sauf cela rien, pas de sms, pas de mails, pas de chats instantanés...

Rien.

Je vais dans mes contacts, cherche Britt et m'empresse de l'appeler, elle ne décroche absolument pas. Bon dieu, que se passe-t-il ? Est-ce que le Monde m'a totalement oublié ? C'était ce que je souhaitais pourtant, en l'instant je ne ressens qu'un drôle de vide étrange dans mon coeur.

J'éteins mon portable.

Je devais reprendre les cours dans deux jours, je passai donc ce petit week-end à rattraper mon retard, ma mère avait eut le bon sens de les récupérer et quand le jour tant redouté arriva, je dus me contraindre à retourner en enfer.

Je m'attendais à tout : des injures, aux moqueries, à l'ignorance, aux blagues déplacées, à la pitié, absolument tout, c'était la règle pourtant je ne cessais de m'imaginer de nouveaux scénarios, craignant le pire tout comme le meilleur. Je ne savais pas ce qui avait été dit et cela me terrorisait.

Passer d'abatteuse à abattue serait clairement terrible...

Le jour J, comme tout les jours j'arrive en avance, passe par mon casier, intact, et file dans ma classe de littérature. La salle est vide, inondée de lumière et pourtant je meurs d'envie que la journée s'achève. Je pose les yeux sur mon bureau...

Tagué...

« Vas crever sale p*** »

« Ta vie est tellement facile que tu ne t'amuses plus assez »

« Dégage de ce lycée »

Prise d'un accès de rage, je sors de la salle en courant en laissant mes affaires par terre.

Je fulmine. 

 Ils n'ont pas le droit...

DrownedOù les histoires vivent. Découvrez maintenant