Bonne Lecture ~♡
Après notre altercation matinale nous n'avons plus parlé. Dans un silence qui en dit trop, nous nous sommes remis à travailler sur la voiture.
- Mon père nous a abandonné quand j'étais gosse, lança rapidement Alex en prenant un des outils à terre, il ne me manque pas étant donné que je ne l'ai jamais connu, mais en un sens j'aurais bien aimé savoir qui il était. Tu as tes deux parents, aussi cons soient-ils, tu sais au moins qui ils sont. Tu sais d'où tu viens.
- Mais pas où je vais, ajoutai-je en continuant de nettoyer les sièges. Tout ça ne me suffit pas Alex.
- Je pourrais te combler.
- Tu n'y arriverais pas et je finirais par t'en vouloir de m'avoir retenue ici.
- Donc tu ne me donnes pas la chance de te prouver quoi que ce soit? Tu mises juste sur des suppositions, constata-t-il avec amertume.
- Oui.
Nous nous taisons à nouveau, je suis vraiment à bout de nerf, je lui en veux tellement. Il arrive presque à me rentrer dans le crâne que je poursuis l'impossible.
- Et toi alors? interrogeai-je soudainement. Tu es prêt à laisser passer une fille que tu penses être capable de combler parce que tu as peur de te détacher de ta zone de confort. Tu sais aussi bien que moi que ta mère saurait se débrouiller seule, en plus de cela elle ne serait même pas réellement seule.
- Scarlett, ne parle pas de ce que tu ne connais pas. Tu ne sais pas à quel point j'ai lutté pour m'occuper d'elle, crâcha-t-il d'un ton ferme alors que je sortais de la voiture pour le voir.
Son visage est fermé, une ride s'est formée entre ses deux yeux, et sa main est serrée autour de l'objet métallique.
- Je m'en rends bien compte, et tu as réagi d'une manière exemplaire Alex, mais c'est passé maintenant, ton frère prend doucement le relais, tu peux enfin te détendre alors réfléchi au moins à l'idée d'enfin respirer.
- Ne dis pas de bêtises Scarlett, s'énerve-t-il d'un voix cassée.
- Alex, appelai-je en me rapprochant pour croiser son regard.
- Tais-toi, arrête, s'écria-t-il en reculant. Pars, fiche le camp.
Il grogne, me repousse et je sens que j'ai touché à un sujet réellement trop sensible. Il est rouge de colère, il peste, et se retourne finalement. Ses épaules sont courbées, son dos contracté et ses poings serrés.
- Je... Excuse-moi, vraiment... soufflai-je sentant qu'une drôle de sensation gagnait mon ventre, la peur. Je ne voulais pas te faire de mal, ajoutai-je en posant ma main sur son bras.
Il se retourne violemment et pousse ma main, et instinctivement je me protège de mes mains et ferme les yeux. Il y a un silence de mort, et j'entends une respiration secouée.
Quand je rouvre les yeux, son regard trahi une tristesse immense.
- Plus j'essaye de te retenir, plus tu me fuis... Tu en viens même à avoir peur de moi, je l'entends rire, d'un rire si ironique que mon cœur se fend. Je ne te frapperais jamais Scarlett, tu es trop précieuse à mes yeux... Mais je ne peux pas, je ne peux pas supporter que tu veuilles m'éloigne d'ici ou je me sens si bien... Et je peux encore moins supporter que tu partes d'ici parce que lorsque tu partiras, je sais que plus rien ne sera pareil... Nous devrions... Enfin... Voyons nous demain... Pars s'il te plait.
Son regard, sa voix, nous devenons des étrangers. Je ne le reconnais plus, je ne me reconnais plus.
Je marche à toute allure, il faut que je m'éloigne de lui avant de totalement ficher tout ce que nous avons en l'air. Je gâche tout, je rends tout le monde triste autour de moi, je suis une vraie incapable.
Mon portable vibre dans ma poche, "nous devons réellement parler" a écrit ma mère. C'est elle, elle a tout détruit, tout allait si bien... Et depuis qu'elle est là tout va de travers. Quoi que je fasse Alex ne cesse de s'éloigner, et ça me rend malade.
Je vais finir seule...?
J'expire qu'importe... Nous essayons l'un l'autre de nous changer, alors que nous savions dès le départ que notre relation était vouée à l'échec, l'échec pur et simple car dans tous les cas j'allais finir par partir et le laisser derrière moi.
Je dois éloigner ma mère d'ici, et j'irais parler à Alex demain, je ne peux certainement pas rester là dessus. Ça ne peut pas se finir ainsi.
J'envois un message à ma mère, une adresse, une heure, et je continue de marcher. Je marche jusqu'à l'heure prévue et finis enfin par la rejoindre. Elle est toujours aussi grande, toujours aussi sophistiquée, toujours autant synonyme de malheur.
Nous ne nous échangeons aucun mot et rentrons, c'est un petit restaurant très chaleureux, les meubles sont en bois et une odeur délicieuse vient taquiner mes narines. Je vois ma mère se braquer, cela doit la changer de ses restaurants de bobos étoilés. Un jeune homme habillé d'un jean délavé et d'un sweat vient à nous pour nous placer et je la vois le détailler du regard avec dédain...
Elle ne changera jamais, songeai-je en m'asseyant. Alors qu'elle agrippe le menu en attrapant son étui à lunette dans son sac sagement posé sur ses genoux, je me dépêche de prendre la parole.
- Je ne rentrerais pas, lançai-je de but en blanc en fixant sa monture transparente sur le bout de son nez.
- Scarlett arrête toi un instant, soupira-t-elle lasse en levant les yeux vers moi. Tu sais aussi bien que moi que si tu ne reviens pas maintenant ton père ne voudra plus jamais te voir chez lui.
- Oh, et toi alors? Il prend les décisions pour vous deux? demandai-je désabusée.
- Tu sais bien que ce n'est pas le cas.
- Et tu sais très bien que si tu ne me ramènes pas papa ne voudra même plus de toi? Je veux dire que tu risques de virer, toi, tes escarpins et tes amants, énumérai-je avec un sourire narquois.
- Ne dis pas de bêtises, souffla-t-elle en serrant ses doigts manucurés sur la carte.
- Je le répète une dernière fois, je ne poserais plus jamais un pied là-bas.
VOUS LISEZ
Drowned
Teen FictionÀ Stuyvesant High School, dans l'Ouest de New York City, se développe une nouvelle génération d'adolescents. La plupart déjà blasés malgré leur jeune âge s'adonnent à des humiliations publiques et n'hésitent pas à lyncher pour se faire remarquer. Qu...