Bonne Lecture ~♡
Le bâtiment est relativement grand, il ressemble en quelque sorte à un restaurant d'autoroute, ne pus-je m'empêcher de constater. La structure est en bois et de toutes parts se trouvent des fenêtres affublées de rideaux. Je rentre en regardant mon portable, 11 heures 30 et 12 pourcents de batterie... On s'en contentera.
- Mademoiselle ? interroge une voix mélodieuse à côté de moi.
Je me tourne, une femme grande et svelte me sourit, une jolie image de marque en somme.
- Hum, soufflai-je prise de court, ma tante souhaitait que je la rejoigne ici...
Je réfléchis aux mots qui ont franchi mes lèvres, "tante", je suis bien trop vague.
- Ma tante s'appelle, tentai-je de récupérer avant que la jolie rousse anticipe.
- Agatha ? Elle m' a prévenue, ne t'en fais pas mon bouchon, je t'ai gardé une table, suis moi !
« Mon bouchon » ? Je rigole intérieurement, c'est bien la première fois que l'on m'appelle ainsi. Je la suis dans les rangées de tables impeccablement alignées et constate que les mêmes animaux sont cousus sur les rideaux, ce qui a le don d'étirer les commissures de mes lèvres.
Elle était vraiment belle, pensai-je alors qu'elle me montrait ma place, tout au fond à droite de la salle, pile en face de la cuisine et du bar. Son nuage de cheveux roux tombait harmonieusement sur ses épaules et ses petites tâches de rousseur semblaient faire ressortir la couleur de ses yeux. De beaux yeux noisettes.
- Je te donne la carte, prends ce qui te ferait plaisir ! me glissa-t-elle en m'éblouissant de nouveau de son sourire.
- Merci beaucoup, répondis-je désorientée par sa gentillesse. Vous vous appelez ? questionnai-je gênée.
- Je m'appelle Kate, je travaille pour ta tante depuis sept ans, expliqua-t-elle, et c'est la première fois que je rencontre un membre de sa famille ! Ça me fait tellement plaisir de savoir que vous allez pouvoir passer du temps ensemble, s'amusa-t-elle volubile. Agatha a une photo de toi dans son bureau, avec ton frère, Sean ?
- Exactement... affirmai-je retournée. Agatha vous a parlé de nous ?
- Disons plutôt que j'ai réussi à lui extirper quelques informations, elle ne parle jamais d'elle, rit Kate.
- Elle n'est pas très bavarde, je me trompe ?
- Pas énormément, mais elle est très à l'écoute et observatrice, décrit-elle en faisant de grands gestes des mains. Tout le monde te le dira ici, elle a aidé bon nombre de la communauté, s'exclame Kate comme redevable.
- Oui, elle m'a parlé de notre voisine hier, elle vous a aidée vous aussi ?
- Oui, je suis maman célibataire et je n'étais pas réellement prête, mais Agatha a agis comme une mère pour moi et m'a appris à en devenir une bonne pour mon fils Tobby !
J'écoute Kate, Agatha serait donc un bon samaritain ?
Étrangement l'idée ne me semble pas si folle, elle en aurait le profil... Son masque de fer serait en quelque sorte son bouclier...
- J'espère vraiment que tu seras bien ici, conclut Kate. En tout cas, n'hésite pas à venir me voir si tu en as l'envie !
Elle achève sa phrase et est interpellée au comptoir.
Je longe donc du regard la carte, les repas semblent copieux, quatre plats sont proposés dont un du jour. Je choisis le plus basique « steak frites » en me disant que c'est certainement le petit-déjeuner le plus déplacé que j'ai pris de ma vie.
Une fois mon choix fait, je pose la carte à plat et regarde autour de moi.
Il y a deux serveurs, me semble-t-il, l'homme d'une quarantaine d'années au comptoir et Kate, et je pense même apercevoir, dans la cuisine, ma tante.
La salle se remplit, un couple s'assied non loin de moi et je me surprends à les épier... Qu'est-ce que je les envie... Un soupir s'échappe d'entre mes lèvres.
- Vous avez choisi ? m'interpelle une voix relativement grave.
Je lève les yeux et il me faut un instant.
Un homme, ou plutôt un garçon de mon âge, est debout à ma droite. Il est relativement grand, remarquai-je en levant le visage pour l'observer. Certainement même plus que Tobias, que je pris pour objet de comparaison.
Ses cheveux sont bruns, courts, en bataille, il a des yeux très clairs, ni verts, ni bleus... Je n'arrive pas à définir la couleur.
- Ah, euh, commençai-je, en me reprenant rouge au possible, un steak frites, s'il vous plaît...
Je baisse les yeux, ça, c'est super embarrassant. Je ne l'avais pas vu...
- Le steak à point ?
- Saignant, renchéris-je en sortant mon portable de ma poche pour me donner une contenance.
- Je vous apporte ça dans un instant, dit-il en s'éloignant.
« Merci ». J'expire. WOW. C'était quoi à l'instant ?! Comment passer pour une tocarde partie numéro 2... Je ronchonne, me passe une main sur le visage, avant de me donner deux petites tapes sur la joue.
Je m'accoude à la table nappée de rouge, il est au comptoir. Il porte un t-shirt noir et un de ces pantalons vieillis, porté bas sur la taille. Il semble en forme. En forme ?! C'est quoi ce qualificatif... Disons, qu'il semble être musclé...
Mais pas musclé de façon esthétique, non pas que cela ne le soit, bien au contraire, mais son corps semble être taillé pour travailler. Comme habitué aux tâches physiques. Il porte de vieilles converses hautes, son lacet droit est détaché. Alors que je le détaille de haut en bas, il lève les yeux sur moi.
Ouah.
Je fais semblant de fixer le comptoir à deux doigts de lui, comme si j'étais soudainement menuisière professionnelle et comprends en sentant mon visage cramoisi que je ne suis pas du tout discrète.
J'essaye de regarder le couple à côté de moi, mais je ne lui trouve plus d'intérêt... Ou plutôt j'ai trouvé quelque chose, ou quelqu'un qui le monopolise. Et qui se présente à ma table avec mon assiette fumante.
- C'est prêt, lance-t-il en posant l'assiette.
Je le remercie en regardant le contenu de mon plat, histoire de jouer les désintéressés. Mais il reste là. Je regrette soudainement de ne pas avoir pris de maquillage dans ma valise, de ne pas avoir de t-shirt plus joli ou juste de ne pas m'être coiffée de façon plus féminine...
- Votre lacet est défait, énonçai-je pour faire distraction.
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Drowned
Teen FictionÀ Stuyvesant High School, dans l'Ouest de New York City, se développe une nouvelle génération d'adolescents. La plupart déjà blasés malgré leur jeune âge s'adonnent à des humiliations publiques et n'hésitent pas à lyncher pour se faire remarquer. Qu...