Chapitre 4: Partie 2

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Bonne Lecture ~♡

J'arrive à la maison monte dans ma chambre et m'assieds sur mon lit.

Après le mot « affligeante », nous avons cessé de discuter, marchant l'un à côté de l'autre dans un silence de mort. je n'étais pas étonnée du mot employé, je savais pertinemment quels étaient les mots qui me qualifiaient à ce jour.

Pourtant je crois que ce mot est en train de déclencher quelque chose en moi. Je fais pitié, c'est limpide et les choses ne peuvent pas continuer ainsi.

Mon plus grand chagrin est le fruit de ma cupidité effrénée, ce désir insensé de réussir à tout prix. Cette détresse morale et mon indigence intellectuelle ne m'auront poussée qu'à ma perte. J'en étais là, après deux tentatives de suicide vaines.

Je m'efforçais depuis mon retour de l'hôpital de ne pas penser à ce que j'avais fait, pourtant les faits étaient là : j'ai voulu fuir comme une lâche la dure réalité.

Souleymane Boel a dit un jour « la cupidité n'est autre qu'un dogme suicidaire lent qui conduira l'homme à toujours justifier l'injustifiable. »

Mes actes aussi perfides eurent-t-ils été, ont toujours été effectués pour mon bien être personnel, je n'avais en aucun cas voulu faire du mal. Bien que le seul but soit de me mettre en avant, pour cela j'avais pleinement pris part aux supplices d'un bon nombre de personnes de mon entourage.

Je n'avais reculé devant rien, mon égocentrisme me rendant totalement et purement aveugle. Mon égoïsme n'était plus l'amour de moi-même mais une passion désordonnée pour ma personne.

Essayais-je de compenser l'attention qu'on ne m'avait jamais portée ?

J'avais pendant toutes ces années, tenté vainement de leurrer mon entourage, tout autant que moi, les laissant penser que j'étais une personne incroyable, bien éduquée, spirituelle, pleine de valeurs et de bon sens. Quand ma seule qualité était ma capacité à me préserver de l'évidence, le jour où mes yeux se sont ouverts, je n'ai plus eu d'options.

Il fallait que je mette fin à ce calvaire, que j'arrête de faire souffrir des innocents pour mon bon plaisir. Mais je ne pouvais décemment pas me réduire à abandonner mes actes, j'avais bien trop peur du jugement que l'on me porterait. C'est totalement détruite par ma situation que j'avais décidé d'abandonner.

Mais quand est-ce arrivé ? A quel moment ai-je arrêté de vivre dans mes mensonges ?

Est-ce le jour ou j'ai lu le dégoût dans le regard de Tobias que j'ai ressenti mon propre dégoût remonter à la surface telle une marée incontrôlable ?

Non, cela remonte d'autant plus tôt, est-ce le jour où j'ai surpris cette discussion abominable entre mes parents ? Ou plutôt cette dispute...

Ma mère avouait avoir forcé mon père à l'épouser en tombant volontairement enceinte. Et quel plaisir douloureux fusse d'apprendre que mon géniteur avait accepté notre présence dans le seul espoir de garder sa femme sous son toit.

Sean et moi n'étions qu'un moyen de pression sur mon père. Non seulement ma solitude s'était accrue ce jour là, mais j'avais saisi que je n'étais importante aux yeux de personne.

En ce monde, je n'avais jamais aidé quiconque et personne n'avait jamais été assez proche de moi pour atteindre mon coeur. Le suicide était devenu la ressource de mon mal-être dont le ressort avait été rongé par la rouille.

J'étais perdue dans ma médiocrité, je me noyais tel un condamné, le boulet au pied ne pouvant se résoudre qu'à couler, entraînée vers le fond sans pouvoir lutter.

Bien que ma fuite misérable n'avait pas porté ses fruits, vivre était devenu pour moi une autre façon de mettre fin à mes jours : le seul inconvénient était que cela me prendrait énormément de temps.

Le temps était contre moi, je n'avais pas vu passer ces années à ficher en l'air ma dignité et maintenant que la seule chose que je voulais était la tranquillité, j'étais condamnée à payer tout mes péchés.

Je sortis de ma chambre pour me laver, dans la salle de bain le miroir refléta mon visage. Toutes ces personnes qui croyaient que je n'avais rien dans le ventre, que je me contentais de fuir la réalité, ne comprenaient pas qu'en réalité, c'était eux qui n'avaient rien dans le cœur.

Je me fixe un instant, ce visage d'ange me dégoûte.

Une larme coula sur ma joue, que pouvais-je faire...?

J'étais condamnée à lutter contre ma nature de monstre et à vouloir contrôler mon entourage...

- Non, criai-je en cognant du poing contre le miroir.

Je ne tiendrais pas, j'étais fichue... Que pouvais-je faire, chaque jour devenait plus dur à vivre, d'autant plus que maintenant je savais que je risquais beaucoup trop en allant au lycée...

Que ferais-je face à Stanislas...? Ou à Britt...?

Je m'effondre sur le sol glacé de la salle de bain, la main sur la poitrine... Je suffoque...

- Scarlett, t'es dans la salle de bain ? entendis-je murmurer après d'un coup tapés sur la porte.

Je n'arrive pas à prononcer quoique ce soit, les larmes dégoulinent sur mon visage, je tremble à ne plus m'arrêter et ma vue commence à se troubler. Un grésillement intenable hurle dans mes oreilles. 

La panique m'étouffe.

- Scarlett ! m'interpella-t-on d'une voix puissante, je rentre !

La porte que j'avais fermée, reçut un premier coup énorme, puis un second et je la vis s'ouvrir brusquement arrachant sur son passage un bout de l'encadrement. Sean apparut à ma vue, entre mes larmes, il était là, grand, essoufflé.

- Scarlett, s'alarme-t-il en se baissant précipitamment et m'attrapant par les épaules. Merde, qu'est- ce qui se passe ?! Tu es blessée ?! Tu as mal quelque part ?! Je... Putain, qu'est-ce que je dois faire?!

Il me détaille du regard, je sais qu'il est totalement terrorisé et entre deux respirations anarchiques, je murmure « tout va bien ».

- Mais non ça ne va pas, bordel, injure-t-il en me relevant tant bien que mal, dis-moi quoi faire...

- Sors-moi d'ici, suppliai-je en passant une main frissonnante sur mon visage.

Il me fixe un instant, puis ses yeux bleus finissent par se fermer le temps d'un soupir.

« Allons-y »

DrownedOù les histoires vivent. Découvrez maintenant